Le quatre-quarts : et les adhérents LR mirent un terme au rêve asphyxiant de l’unité de l’UMP<!-- --> | Atlantico.fr
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Les résultats du premier tour du Congrès des Républicains permettent de tirer des enseignements de la ligne du parti et sur l'avenir de la droite.
Les résultats du premier tour du Congrès des Républicains permettent de tirer des enseignements de la ligne du parti et sur l'avenir de la droite.
©JULIEN DE ROSA / AFP

RPR, UDF : revenez !

Au regard des résultats très partagés du premier tour du congrès LR, le projet d’une droite centrée sur une seule sensibilité a du plomb dans l’aile.

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Les adhérents LR ont recréé... l'UDF ! 

Le résultat global du premier tour du Congrès Républicain est impressionnant par sa configuration. Quatre candidats entre 20 et 25% ! Les adhérents LR ont réinventé l'UDF. Eric Zemmour a la nostalgie du RPR. Eric Ciotti se réfère à Sarkozy 2007. En réalité, il apparaît bien que les adhérents LR ont fait un autre choix, celui de faire revivre l'UDF, cette confédération de partis qui rassemblait, dans les années 1980, Philippe de Villiers et François Bayrou, Gérard Longuet et Pierre Méhaignerie, Charles Millon et Simone Veil. Ou, si l'on préfère, de faire revivre le RPR et l'UDF, la tradition gaulliste et la tradition chrétienne-démocrate. Il est important de comprendre cela car c'est la seule manière d'emmener pour un candidat LR d'emmener sa famille politique à la victoire. 

Dur, dur d'être de droite ! 

Il est évident qu'il existe un décalage entre beaucoup de notables du parti et la base électorale, qui est plus à droite. Si Valérie Pécresse gagnait le vote des adhérents, elle aurait le devoir de faire toute leur place aux idées d'Eric Ciotti. Et même, au-delà de cela, elle ne peut pas négliger le fait que Barnier plus Bertrand, cela représente 46% des suffrages. En réalité, les électeurs du Congrès ont envoyé un message simple: aucun des trois prétendants donnés comme possibles vainqueurs n'avaient la carrure d'un chef. Nous vous avons donc mis, tous au niveau de... Ciotti, cet homme politique que l'on snobe, que l'on sous-estime. Ou plutôt nous avons décidé de le mettre à votre niveau. A présent, unissez-vous, faites équipe. 
ça commence moyennement, bien entendu, puisque Michel Barnier et Xavier Bertrand se sont précipités pour soutenir Valérie Pécresse. Comme s'ils n'avaient pas entendu le message de l'électorat: la droite LR qui vote reste fidèle au parti, à condition qu'il ne soit pas macronien ! Eric Ciotti, c'est l'homme qui n'a pas eu peur de dire qu'il voterait Zemmour contre Macron ! Et qui a raconté ne pas avoir voté Macron au second tour en 2017! Personne, d'ailleurs, ne lui a demandé s'il s'était abstenu ou bien si... Ciel, quel abîme s'ouvre sous nos pas ! 

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Etant donné que la campagne n'a duré que quelques heures, il est probable que Valérie Pécresse l'emporte samedi 4 décembre. Mais il n'est pas exclu que le rapport de forces soit plus serré que ce qu'on pourrait penser entre les deux candidats. Sur le papier, il est actuellement de 26 pour Ciotti contre 74 pour Pécresse. Mais il se pourrait bien que la course finisse à 40 contre 60. Il n'est pas du tout certain, en effet, que les consignes de vote soient suivies, en particulier par les électeurs de Michel Barnier. 
Dans tous les cas, que le vainqueur soit Valérie Pécresse ou Eric Ciotti, il se doit d'être un chef d'équipe. Il ne faudra pas commettre à nouveau la bévue de 2017, refuser de travailler ensemble. C'est d'autant plus important qu'il y a une belle carte à jouer, de ce point de vue, face à un Emmanuel macron très esseulé, qui raffole de "l'exercice solitaire du pouvoir". Mais il faut aller plus loin dans l'analyse du vote. La raison pour laquelle un Xavier Bertrand a perdu et une Valérie Pécresse a sauvé sa tête de justesse, à 1200 voix devant Michel Barnier, est la même: les électeurs LR attendent quelque chose, en plus d'une droite décomplexée: ils veulent que leur candidat fasse enfin ce qu'il a dit. On ne le croyait pas pour Xavier Bertrand; on en doute un peu pour Valérie Pécresse. On le pensait pour Michel Barnier mais les jeunes LR n'ont pas eu la certitude qu'il aurait l'énergie pour gouverner! Et on en crédite Eric Ciotti. 
Car renoncer à la "culture RPR", c'est cela aussi: renoncer au très cynique "les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent" de Jacques Chirac relayé par Charles Pasqua. Cette culture dont l'UMP n'a pas su se dépêtrer lorsque les cadres du parti et les ministres ont consciemment, "pour garder le Président de ses propres démons", ralenti voire bloqué la politique de contrôle de l'immigration de Nicolas Sarkozy. La France en général ne supporte plus les hommes politiques qui ne font pas ce qu'ils disent. Elle déteste au fond d'elle-même Emmanuel Macron qui, en plus, ne dit pas ce qu'il fait. Et de ce point de vue, LR est à l'unisson de la France. On y a poussé Ciotti parce qu'on est convaincu de sa disposition à respecter ses engagements. et si Valérie Pécresse devait gagner, il faudrait qu'elle commence, de ce point de vue, par "faire du Ciotti", par désapprendre le chiraquisme.  

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