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Le petit déjeuner, repas le plus important de la journée ? Comment le mythe s’est construit sur la base d’études (très) controversées
©Reuters

Un petit café ?

Comme dans beaucoup d'autres domaines, les études nutritionnelles ne sont pas toujours très rigoureuses.

Le petit déjeuner est-il le repas le plus important de la journée ? Si vous avez le malheur de regarder la télévision, il ne vous aura pas échappé que les études qui cherchent à le prouver ne sont pas pour déplaire à Nesquik, Nestlé et compagnie, qui le rappellent à longueur de publicités.

Passons sur le fait que Kellogg's ait financé une étude très citée dont les résultats prouvent que le fait de manger des céréales le matin vous rend plus mince. Passons également sur celle financée par Quaker Oats qui montre que ce sont plutôt les flocons d'avoine qui contribuent à votre sveltesse éternelle – et luttent même contre votre cholestérol : deux avantages pour le prix d'un !

Dans le champ de la nutrition et la diététique, un article du New York Times rappelle que les études se suivent et se contredisent. L'un des effets du petit déjeuner, généralement avancé, est qu'il contribue à réduire l'obésité. Quand on se penche sur les travaux scientifiques, on trouve pourtant des conclusions confuses. L'un d'entre eux, publié en 1992, a rassemblé deux groupes : le premier, composé d'individus qui sautent le petit-déjeuner, devait le prendre chaque jour ; le second, composé d'individus qui prennent un petit déjeuner, devait le sauter chaque jour. Résultat des courses : les deux groupes ont perdu du poids. Une autre, publiée en 2014 et qui est au centre d'un nombre de conflits d'intérêts à peine croyable, a suivi la même procédure et conclu que ni l'un ni l'autre groupe n'a perdu de poids. Autrement dit, on ne sait pas grand-chose.

Une méta-analyse qui remonte à 2010 avait trouvé des malhonnêtetés méthodologiques dans la majorité des études. Par exemple, le groupe testé est trop petit ; il manque de diversité ; l'expérience se déroule sur un temps trop court ; une corrélation est assimilée à une causalité.

Il semble que le champ de la nutrition souffre du biais de publication : en d'autres termes, les revues scientifiques tendent à publier des études aux résultats très tranchés, tandis que celles dont les conclusions sont relativement nuancées restent longtemps dans les tiroirs.

Or, la réalité n'a rien du lit de Procuste. En effet, les enfants ont des besoins caloriques différents de ceux des adolescents et des adultes ; de même, ceux qui travaillent assis devant un ordinateur et ceux dont le métier est plus manuel. "Zapper le petit déjeuner malgré la faim et le décaler en attendant qu'elle vienne sont deux choses différentes", ajoute L'Express.

"Les diététiciens déconseillent d'ailleurs de se forcer à manger le matin si l'on n'en ressent pas le besoin. L'idéal étant de s'interroger sur son repas du soir (si je n'ai pas faim, c'est peut-être parce que j'ai trop forcé la veille) ou d'attendre un peu que l'appétit arrive", poursuit le magazine.

Autrement dit, ne mangez pas parce que c'est l'heure. Mangez parce que votre corps a besoin d'énergie.

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