Du rififi au FN
Le maire (FN) d’Hayange peut-il encore tenir longtemps ?
Après le rejet des comptes de campagne du maire FN de la ville d'Hayange en Moselle, place au règlement de compte en interne. Dans le viseur, deux adjoints soupçonnés d’avoir soutenu Marie Da Silva, ex-première adjointe à l’origine des ennuis du maire, Fabien Engelmann.
Gilles Gaetner
Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).
Sale temps pour Fabien Engelmann. Il est en bisbille avec son personnel municipal, fait l’objet d’un rejet de ses comptes de campagne et doit affronter la rébellion de deux de ses adjoints. Ce lundi 27 octobre, ils seront - en principe - démis de leurs fonctions.
Le maire (FN) d’Hayange, Fabien Engelmann va t-il pouvoir rester l’édile de la ville alors qu’il est élu depuis sept mois à peine ? La question est désormais posée, même si du côté du PS et des autres forces d’opposition, on reste plutôt discret. Il est clair que le rejet des comptes de campagne de Fabien Engelmann par la Commission nationale des comptes de campagne est du plus mauvais effet. Même si c’est à cause d’une somme relativement minime - 1575 euros - que ce rejet a eu lieu.
La loi est ainsi faite : un oubli de comptabiliser une partie des dépenses, et la sanction tombe. Mais Engelmann, qui affirme n’avoir commis aucune fraude, bénéficie d’un sursis. Sauf que le Tribunal administratif de Strasbourg, désormais saisi du dossier, devrait statuer d’ici à la fin de l’année sur le sort du maire d’Hayange. Il aura le choix entre deux solutions : soit décider qu’il est inéligible (la période peut aller jusqu’à 3ans) et le déclarer démissionnaire d’office ; soit organiser de nouvelles élections municipales.
Dans cette hypothèse, la liste FN élue à l’issue d’une quadrangulaire en mars dernier serait dans une position délicate pour reconquérir la ville. Le PS, dans un climat actuel guère favorable à François Hollande, éprouverait toutes les peines de monde à gagner la partie. Voilà qui pourrait faire les affaires de Thierry Rohr, un professionnel de l’immobilier, leader d’ « Hayange Autrement », liste qui se veut apolitique, et qui compte actuellement cinq élus. Elle était arrivée en deuxième position avec 28,3% des suffrages derrière Engelmann qui en avait récolté plus de 34%. Malgré la décision de la Commission nationale des comptes de campagne - en attendant une éventuelle information judiciaire pour abus de confiance à la suite d’une plainte de son, ex-première adjointe, Marie Da Silva - le maire reste d’un optimisme étonnant. La preuve, ce lundi 27 octobre, à partir de 18 heures 30, dans le grand salon de l’hôtel de vile, le maire d’Hayange, sûr de sa bonne étoile, lors d’un conseil municipal qui promet d’être agité, demandera que deux adjoints de son camp, soupçonnés d’avoir soutenu Marie Da Silva, Emmanuelle Springmann, chargé du développement économique et Patrice Hainy, chargé des Sports, se voient retirer leur délégation. Ce dernier devrait être remplacé par Pascal Grün, conseiller municipal délégué à la Culture et vie associative, chauffeur de taxi de profession, qui offre la particularité qui fait sourire plus d’un : lors des séances du conseil municipal, il porte souvent des lunettes de soleil.
Ainsi, donc, après Marie Da Silva, ex-première adjointe à l’origine des ennuis d’Engelmann, c’est désormais un trio de frondeurs du Front national qui se trouve dans le collimateur du maire. Demain, à qui le tour, se demande-t-on en ville ? A l’intérieur de la mairie qui vient d’hériter d’une nouvelle directrice générale des services d’un caractère, dit-on, peu affable, règnerait une atmosphère pas très conviviale. Témoin, la plainte déposée, selon France -Bleue Lorraine Nord par l’UNSA Territoriaux d’Hayange contre le maire pour « entrave syndicale », « harcèlement » et « diffamation. » Ce dernier aurait en effet promis de mieux traiter les agents municipaux s’ils quittaient l’UNSA pour adhérer à un autre syndicat. Avec la CGT dont jadis Engelmann fut membre, les relations ne sont guère meilleures, un délégué du syndicat du personnel territorial l’accusant de surveiller les comptes Facebook des employés municipaux.
C’est peu de dire qu’Engelmann n’est pas parvenu à être l’enchanteur que l’on attendait à Hayange après des lustres de gouvernance socialiste. Outre ses goûts hasardeux en matière artistique - rappelons-nous des wagons de la mine repeints en bleu blanc rouge et du gros œuf en pierre peinturluré en bleu - le maire a pris une décision très controversée : la mise à disposition gratuite, depuis le 13 octobre, à l’intention des seniors d’une navette pour leur permettre d’aller faire leurs courses en centre ville. Au grand dam des commerces de quartier de la commune qui se trouvent délaissés et des entreprises de transport ou taxis qui voient leur activité réduite. Sale temps donc pour Fabien Engelmann qui, de surcroît, s’il était condamné, devrait quitter le Front National. C’est en tout cas ce qu’a dit la présidente Marine Le Pen…
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