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Le jugement de Salomon de François Hollande sur l'affaire Leonarda
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Non-choix

Si Leonarda "veut poursuivre sa scolarité en France, un accueil lui sera réservé, mais à elle seule", a déclaré François Hollande samedi. Une solution qui ne satisfait personne sur l'échiquier politique.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Existait-il une bonne solution dans ce qui est devenu l’affaire Leonarda ? Apparemment non, à écouter et lire les réactions violentes que provoque la déclaration de François Hollande. Le président de la République a rendu un véritable jugement de Salomon après avoir pris connaissance du rapport d’enquête sur les conditions d’expulsion de la famille Djibrani. François Hollande n’a pas choisi entre « autorité et humanité ». Il a tenté de concilier les deux : non au retour de la famille, oui à celui de Leonarda, qui était scolarisée en France et qui a été interpellée dans le cadre d’une sortie scolaire, ce qui est contraire à la loi. Une solution bancale, mais peut-être François Hollande considère-t-il qu’il n’y a de toute façon que des coups à prendre, et qu’il vaut mieux dans ces conditions, qu’ils viennent de tous les côtés, afin que les attaques se neutralisent .

- En effet, imaginons que François Hollande ait pris le contre-pied du rapport administratif et autorisé le retour en France de toute la famille Djibrani ; il aurait attisé le courroux des deux tiers des Français, hostiles au retour de cette famille ; mais surtout cette décision aurait désavoué les services du ministre de l’Intérieur. Et Manuel Valls, le ministre le plus populaire du gouvernement en aurait tiré les conséquences, si l’on en croit les confidences rapportées de son déplacement aux Antilles. Autrement dit, cela aurait provoqué une crise politique et affaibli encore davantage l’exécutif. Enfin, le retour de toute la famille Djibrani annihilerait toute la politique d’expulsion lorsque les recours sont épuisés, que le gouvernement applique à l’instar de ses prédécesseurs.

- A l’inverse, si François Hollande n’avait pas fait un geste d’apaisement et s’il avait refusé le retour de Leonarda (qui pourrait être hébergée dans une famille d’accueil), scolarisée dans notre pays avant son expulsion, les protestations des associations humanitaires, de la gauche, voire des lycéens pourraient encore monter d’un cran. Avoir les lycéens dans la rue est toujours très stressant pour un gouvernement, car un incident peut survenir à tout moment, entraînant des conséquences imprévisibles. Or, les congés de la Toussaint débutent, et tous les lycéens ne partent pas en vacances !

François Hollande n’a donc obtenu aucun satisfecit. De la « cruauté abjecte » évoquée par le Parti de gauche qui se scandalise à l’idée que l’on veuille séparer la jeune fille de sa famille, au « manque gravissime d’autorité et de clarté dans l’action de l’Etat », pointé par le numéro deux du Front national, Florian Philippot, et la critique contre une « indécision caricaturale » de François Fillon, ou contre « une décision malheureusement de nature à amplifier l’absence de confiance des citoyens à l’endroit de nos institutions et de la République » (Jean-Louis Borloo), les tirs croisés sont nourris, et d’autant plus aisés que la politique de l’immigration n’a pas été clairement définie par François Hollande et que cette question divise la gauche entre partisans de fermeté et ceux qui prônent une application plus souple du droit d’asile.

S’il laisse dire qu’il soutient Manuel Valls, partisan de fermeté, il ne désavoue pas publiquement ceux qui tiennent le discours de la « générosité ». Alors, après le déluge de réactions, la fièvre provoquée par l’affaire Leonarda va-t-elle retomber ? Ce n’est pas évident quand on a pu voir la jeune fille et son père tempêter en direct sur les chaînes d’information depuis le Kosovo, et affirmer qu’ils rentreront en France ensemble. Va-t-il y avoir une mise en scène de leur départ vers leur « retour » ? Encore une question : qui va se charger de trouver la famille d’accueil de Leonarda, si elle accepter de rentrer seule pour continuer ses études en France ? Questions sans réponse pour l’instant.

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