Le baromètre CCI du moral des chefs d’entreprise marque un recul de l’optimisme en février 2024<!-- --> | Atlantico.fr
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Des salariés dans le quartier d'affaires de La Défense.
Des salariés dans le quartier d'affaires de La Défense.
©MIGUEL MEDINA / AFP

Atlantico Business

L'observatoire des entreprises, géré par les chambres de commerce, s’est donc un peu assombri au mois de février. Alors que le mois de janvier était resté bien orienté, le mois de février se termine avec un petit moral plus bas, dû d'ailleurs à des raisons politiques et économiques qui pèsent sur l'Europe toute entière.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le moral des chefs d’entreprise n’est pas tombé dans les chaussettes, mais il s’effrite un peu. Alors que l'année 2023 s’était terminée sur des résultats qui gommaient toutes les difficultés liées au Covid puis à l'inflation post-Covid, le mois de janvier 2024 avait plutôt bien démarré l'année, puisque l'indicateur avait atteint le niveau 87 sur l’échelle de l’optimisme. Et le président des chambres de commerce de France, Alain DI CRESCENZO, ne pouvait que s’en réjouir lors de la présentation des vœux et du plan stratégique pour 2024.

En cette fin de février, le moral des troupes économiques est plus fragile. L'indicateur d’optimisme a un peu fléchi, il a perdu 1 point à 86, et on sent que les perspectives macroéconomiques sur l'Europe donnent quelques soucis. Cela dit, si on plonge dans le détail de l'étude menée par Opinion Way, on constate :

1.Que 73% des dirigeants d’entreprises restent confiants dans les perspectives de leur entreprise pour les 12 prochains mois, soit une hausse de 4 points depuis janvier.

2.Que 12% des entreprises ont du mal à payer leurs factures, mais cet indicateur affiche une baisse de 3 points en un mois. Donc, il y aurait un peu mieux, sans doute lié au ralentissement de la croissance.

3.Et c’est plus inquiétant : 71% des dirigeants indiquent qu’ils seront touchés par la hausse des prix de l’électricité, 41% s’attendant même à être fortement impactés.

4.Comme lors des deux dernières mesures en 2022 et 2023, un peu moins d’un tiers des chefs d’entreprises comptant un salarié ou plus déclarent avoir contracté un prêt garanti par l’État (29% ce mois-ci). À noter que parmi les entreprises ayant souscrit un PGE, 9% ont demandé un report de l’échéance de leur emprunt. 16% des chefs d’entreprise ne sont pas au fait de cette possibilité.

Les résultats du mois de février ne sont pas surprenants. Les prévisions économiques pour 2024 mettent l'ensemble de l'Europe à l'index de la croissance, notamment parce qu'il faut digérer les poussées inflationnistes, mais surtout parce que l'Allemagne est entrée en récession. L’Allemagne se retrouve coincée parce que ses approvisionnements en énergie sont beaucoup plus chers qu’avant. Son modèle était fondé sur la livraison du gaz russe. Une fois les robinets coupés à cause de la Guerre, l’Allemagne s'est retrouvée dans une position très délicate. Ajoutons à cela la panne de croissance en Chine qui l'a impactée directement puisque l'Allemagne est un très gros exportateur de produits industriels et notamment d'automobiles. Les difficultés allemandes pèsent sur l'Europe toute entière.

Paradoxalement, les entreprises françaises s’en sortent plutôt mieux, même si l’Allemagne reste notre premier client et fournisseur. Le problème français reste le poids de ses dépenses publiques. Dès que la croissance ralentit, on se retrouve en décalage par rapport aux prévisions, avec des recettes fiscales en baisse qu'il faut bien compenser par un rabotage des dépenses publiques. Ce qu’a annoncé le ministre de l'économie sur la nécessité de faire 10 milliards d’économies. Tous les ministères et toute la sphère publique seront touchés.

Cela étant, les entreprises elles-mêmes qui craignaient un accroissement des prélèvements obligatoires sont plutôt soulagées. Ce qui explique d’ailleurs la confiance très forte qu’elles conservent dans leur capacité à affronter les orages, s'il y en a.

Les chambres de commerce sont évidemment très attentives à cet environnement, parce qu’elles sont partenaires des entreprises. 122 chambres occupent l'hexagone et accompagnent les entreprises par leurs actions de formation, leurs opérations de services, auprès des porteurs de projets notamment et le développement et la gestion de nombreuses infrastructures. Elles sont donc très sensibles au moral des dirigeants… D’autant que les CCI et le président Alain DI CRESCENZO le savent, la conjoncture économique va manquer d’air, le climat politique va se durcir... il va donc falloir amortir dans l'année une situation sociale compliquée. L’inflation est passée, certes, mais les bas de bilan vont souffrir avec un risque de défaillances. À plus court terme, les chefs d’entreprises, comme beaucoup de responsables, attendent les Jeux Olympiques qui offriront une occasion exceptionnelle de présenter au monde entier les capacités de la France. En termes d’attractivité auprès des clients comme des investisseurs, les Jeux Olympiques offrent une occasion historique.

Interrogé en janvier par les CCI, le panel d’entreprises se montrait très optimiste sur les effets des JO. En clair, 1 dirigeant sur 7 considère que son entreprise est concernée par l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été, à Paris et ailleurs en France (14%). La majorité des chefs d’entreprise s’attend à des bénéfices pour l’économie française (57%) et le rayonnement international du pays (58%). Les impacts positifs attendus pour son territoire sont plus limités (27%) mais dépassent nettement les impacts négatifs (8%).

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