La politique monétaire américaine est-elle autre chose qu’un populisme ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis 1790, le taux d'intérêt long terme moyen des bons du Trésor américain est d'environ 5%.
Depuis 1790, le taux d'intérêt long terme moyen des bons du Trésor américain est d'environ 5%.
©Reuters

Les dessous de l'économie

Les politiques de taux bas tant vantées (et largement appliquées) par les banques centrales préparent des lendemains économiques difficiles.

Rédaction Agora

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Dernièrement, je suis tombé sur un graphique saisissant, établi par Bianco Research LLC, représentant les taux d'intérêt long terme américains sur 222 années, de 1790 à 2012.

Source Publications Agora

Étonnant, n'est-ce pas ? Je pourrais écrire des pages entières sur ce graphique. Mais l'idée principale ici est que, depuis 1790, le taux d'intérêt long terme moyen des bons du Trésor américain est d'environ 5%. Si l'on se penche sur toute l'histoire des Etats-Unis, les taux d'intérêt ne sont pratiquement jamais descendus en dessous de 3%, sauf pendant l'effort national de la Seconde guerre mondiale. Gardez ces 5% à l'esprit !

Les taux historiquement faibles actuels

Quels sont les taux d'intérêt actuels des T-Bonds US ? Selon le Trésor américain, ils se situent bien en dessous de 3%.

Les taux historiques des obligations américaines se situent en moyenne à 5% au cours des 222 dernières années. Pourtant, en ce moment même, selon le Trésor américain, les obligations court terme ne rapportent pratiquement rien. Les obligations à moyen terme (entre un et cinq ans !) rapportent moins de 1%. Et les obligations entre sept et 30 ans rapportent entre 1,05% et 2,80%.

Nous sommes là bien en dessous de la moyenne historique de 5%. Les rendements obligataires sont tout ce qu'il y a de plus bas. Que se passera-t-il si à l'avenir on assiste à un léger retour des taux du Trésor US à la moyenne historique ? Que se passera-t-il si les taux d'intérêt actuels quasi-nuls se mettent à monter ?

On savonne la planche pour le Néant

Que nous apprennent ces taux d'intérêt très bas, cette anomalie historique ? Cela me rappelle les mots du grand économiste autrichien Ludwig von Mises. Il écrivait : "l'opinion publique veut toujours de l'argent facile, c'est-à-dire des taux d'intérêt faibles".

Clairement, nous avons une politique gouvernementale de l'argent facile et de populisme monétaire. Le gouvernement américain -- et on peut en dire autant de l'Europe ou du Japon -- souhaite que les taux d'intérêt faibles masquent le véritable coût des niveaux, effroyables et irresponsables, d'endettement et de dépenses au niveau fédéral. Les taux d'intérêt bas ne servent qu'à savonner une planche de financement qui ne mène nulle part.

Les bons du Trésor US offrant aujourd'hui des taux d'intérêt ultra-faibles, ils induisent un niveau à l'agonie pour les taux d'intérêt dans le reste de la société. Pourquoi s'embêter à épargner ? Se pourrait-il que la monnaie américaine soit "bon marché" en termes d'intérêts parce que sur le long terme elle ne vaut plus autant qu'avant ? Voyez-vous le problème que cela pose ?

Je me souviens de mes cours d'économie à Harvard. Mon professeur, le regretté Otto Eckstein (qui avait travaillé pour les présidents Kennedy et Johnson), nous apprenait que l'argent bon marché détruit le capital. C'est là un point essentiel. Si l'on ne comprenait pas cela, on n'avait rien compris au cours.

Autrement dit, nous vivons dans un monde avec des capitaux ultra-présents. Le capital nécessite de l'épargne et de l'investissement. Toutefois, des taux d'intérêt faibles ébranlent la volonté et la capacité des gens à épargner et à investir. A bien des égards, les taux d'intérêt faibles sont donc -- sur une longue période de temps -- fortement destructeurs de capital.

Ludwig von Mises (à nouveau lui) a déclaré : "certes, les gouvernements peuvent réduire les taux d'intérêt sur le court terme. Ils peuvent émettre encore plus de papier monnaie. Ils peuvent ouvrir le chemin à l'expansion du crédit par les banques. Ils peuvent ainsi créer un boom artificiel et l'apparence de la prospérité. Mais un tel boom ne peut que s'effondrer tôt ou tard et entraîner une crise".

Tôt ou tard ? Je penche plutôt pour tôt.

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