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La moralisation pour tous, sauf pour La République en Marche ? Les éléments commencent à s'accumuler...
©REUTERS/Benoit Tessier

Circulez

Et désormais une enquête sur des emplois fictifs au Parlement qui concerneraient Marielle de Sarnez. La moralisation de la vie politique, premier chantier du candidat Macron ?

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Atlantico : L'affaire Richard Ferrand, les indemnités de frais de mandat à des fins personnelles pour le député Alain Tourret, les accusations d’emploi fictif au modem… Comment expliquer que ce nouveau gouvernement subisse autant d'accusations alors qu'Emmanuel Macron faisait de la moralisation de la vie politique le fer de lance de sa campagne présidentielle ? 

Éric VerhaeghePeut-être parce qu'il est difficile de faire du neuf avec des gens anciens. Tourret est tout de même maire de sa commune depuis plus de 35 ans. Ne parlons pas de l'ancienneté de Bayrou, ni des sinuosités de Ferrand. On voit bien que tous ces anciens ont des réflexes, des habitudes, des références, qui ne sont pas celles du renouvellement de la vie politique. On n'est d'ailleurs probablement pas au bout de ce qui va apparaître au grand jour. Toute la question est de savoir si les Français vont en prendre leur parti, comme avec Jacques Chirac et son entourage, ou pas. Rétrospectivement, on peut analyser l'ère Chirac comme celle du "retournement" massif de l'opinion qui a commencé à assimiler la classe politique à la filouterie, même si elle a paru s'y accoutumer. On peut donc penser qu'il faut toujours se méfier de l'eau qui dort. Rien n'exclut qu'Emmanuel Macron ne vive une situation de rejet complique même si, en apparence, la "maison est tenue". 

Dans quelle mesure Emmanuel Macron risque-t-il de démontrer que la moralisation c’est bon pour les autres ? 

S'agissant de Macron, il existe tout de même un sujet structurel qui pourrait un jour revenir en boomerang, ce sont les questions que sa gestion patrimoniale a soulevées, et qu'une forme d'intimidation insidieuse a étouffé dans l'oeuf. Mais enfin, Emmanuel Macron a quand même empoché plusieurs millions d'euros lorsqu'il était chez Rotschild et ces millions ont disparu. Pour l'instant, les Français ont accepté de fermer les yeux sur ce dossier délicat en faisant le crédit au jeune candidat des explications qu'il a données. Mais à forcer de donner des coups de canif dans la confiance des Français (avec l'affaire Ferrand par exemple), rien n'exclut que la situation se retourne et Emmanuel Macron aurait intérêt à y prêter attention. Dans la durée, l'opinion publique pourrait arriver à la conclusion que l'équipe du Président comme le Président lui-même ont une relation opaque à l'argent, très différente de la moralisation annoncée. 

Quelles sont les risques encourus pour les élections législatives de voir apparaître autant d'affaire dans ce nouveau gouvernement ? 

Il sont encore difficiles à mesurer selon moi. Pour l'instant, on voit mal quelle est "l'élasticité" de l'opinion publique à ces questions. Il faut dire que les médias parisiens retransmettent en boucle une sorte de discours très favorable au Président, où ses moindres faits et gestes sont commentés de façon quasi-épique. Tout cela recouvre le débat public d'une épaisse couche de brouillard qu'on a du mal à percer. Par prudence, il me paraît donc difficile de tirer des conclusions hâtives de cette situation. Néanmoins, je pense que le Président serait bien inspiré de se poser la question. On n'interprétera pas différemment la position d'Edouard Philippe, qui a appelé les électeurs à jouer les juges de paix dans ce dossier. Certains pourraient y voir la marque d'une duplicité. D'une certaine façon, une défaite d'En Marche aux législatives ne serait pas forcément une mauvaise affaire pour lui ou pour les Républicains. Rien n'exclut donc une surprise le 11 mai. 

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