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"La liberté ne va enfin plus de soi, en France, lorsqu’on la concède à des minorités bruyantes, décidées à renverser la tyrannie de la majorité, qui fonde le contrat social", écrit Quentin Hoster.
"La liberté ne va enfin plus de soi, en France, lorsqu’on la concède à des minorités bruyantes, décidées à renverser la tyrannie de la majorité, qui fonde le contrat social", écrit Quentin Hoster.
©YOHAN BONNET / AFP

Liberté chérie

Le plus grand danger qui pèse sur la liberté émane donc de nous-même. De notre renoncement à la faire vivre, par l’inconscience des enjeux et la tutellisation consentie de nos vies à la puissance publique, jugée seule capable de nous protéger.

Quentin Hoster

Quentin Hoster

Rédacteur en chef de Valeurs Actuelles Régions, Quentin Hoster couvre notamment l’actualité politique de la région PACA. Il collabore également à L’Essentiel, nouveau média d’informations locales.

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La liberté. Quel combat semble aujourd’hui moins utile à mener que celui qui paraît depuis longtemps gagné, au pays des droits de l’homme ? Quoi de plus contre-intuitif à défendre, à l’heure des droits (sociaux) si souvent revendiqués, et des devoirs (civiques) si promptement oubliés ? 

La liberté est d’abord étouffée par un besoin grandissant de protection, que l’on présente à tort comme son antipode. Véritable antidote à la prospérité, le protectionnisme n’a jamais eu aussi bonne presse, en France, de la traditionnelle gauche marxisante à la supposée droite libérale, qui s’est dernièrement opposée au CETA, le traité de libre-échange avec le Canada. Il est vraisemblable que la guerre en Ukraine, la poudrière Proche-orientale, les appétits chinois couplés au recul du gendarme américain, qui concourent à l’alignement de la quasi-totalité de l’offre politique sur un discours protectionniste, aient accru sa popularité auprès des Français, déjà établie à 60% en 2020, au sortir de la crise sanitaire. 

Le plus grand danger qui pèse sur la liberté émane donc de nous-même. De notre renoncement à la faire vivre, par l’inconscience des enjeux et la tutellisation consentie de nos vies à la puissance publique, jugée seule capable de nous protéger. Or, l’Etat, qui a patiemment installé l’idée que nous ne serions pas capable de notre propre bien, est devenu lui-même incapable de l’assurer. L’aversion à la prise de risque, qui conditionne pourtant l’aguerrissement des individus, préalable à leur liberté, a fait du principe de précaution un dogme inébranlable, constitutionnalisé. En son nom, l’Etat investit tous les aspects de la vie des citoyens, “pour la bonne cause”. Du catéchisme du “manger 5 fruits et légumes par jour” à “j’éteins, je décale”, jusqu’aux taux de prélèvements stratosphériques, en passant par l’inflation normative et législative hors de contrôle: un continuum de déresponsabilisation dépossède les Français de leur esprit critique, du fruit de leur travail ou de leur capacité d’entreprendre, donc de leur liberté, au profit d’une égalité bien souvent factice. Car ce sont souvent les détenteurs des plus gros capitaux (sociaux, économiques, culturels), qui trouvent le mieux leur chemin dans la jungle administrative qui découle de ce système. Le maquis est si dense que même ses architectes multiplient les lois d’exception et dérogations pour détricoter, amender, corriger, les règles souvent maximalistes et contradictoires superposées. La bureaucratie ainsi générée, qui entrave la liberté d’agir et d’innover, tant dans le privé que dans le public, prend alors le pouvoir sur les politiques, donc sur le peuple. Elle dépossède les élus locaux de leurs choix d’organisation, là où le principe de subsidiarité, qui stipule de régler un problème par soi-même avant de faire appel à l’échelon supérieur, permettrait plus d’efficacité. Elle dépossède les élus de la souveraineté populaire dont ils sont les dépositaires, au profit du bon-vouloir des hauts fonctionnaires, dont les objectifs souvent diffèrent.

Dans sa prise de pouvoir liberticide, l’Etat profond peut aussi compter sur le soutien d’un Etat de droit dévoyé, plus soucieux des droits de ceux qui menacent la liberté que de ceux qu’il est supposé protéger. Des tribunaux nationaux aux cours suprêmes supranationales, l’esprit de la Loi est constamment asséché pour n’en garder qu’une lettre exonérant les criminels et délinquants de leur juste paiement envers la société. La jurisprudence est trop abondante pour être citée, mais n’en gardons que deux exemples emblématiques. Quatre condamnés sur 10 à de la prison ferme ne passent jamais derrière les barreaux, d’après l’Institut pour la Justice. Ce qui renvoie non seulement à l’inquiétante politisation d’une magistrature devant être impartiale, mais aussi à la grave pénurie de places de prison, alimentée par le rejet dogmatique de l’enfermement. Or, ne pas restreindre la liberté des uns, c’est, toujours, nuire à la sécurité, donc à la liberté des autres. L’introduction permise, au nom même de la liberté, de principes qui entendent la détruire, est pour elle une menace sourde, mais majeure. Citons encore, dans la même veine, l’exemple du ressortissant ouzbèke islamiste, expulsé puis rapatrié aux frais du contribuable français, en raison des mauvais traitements qu’il était susceptible de subir dans son pays d’origine. Ici, la Cour européenne des droits de l’Homme vient consolider le gouvernement des juges, incarné en France par le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat, dont le noyautage idéologique et la faiblesse des raisonnements juridiques ne sont plus à démontrer. 

Tant de domaines de la vie de la Nation paient encore leur manque de liberté. 

Liberté de produire, par la surtransposition nationale de normes européennes les plus draconiennes au monde, ce qui grève la compétitivité agricole et industrielle par des distorsions de concurrence faussant les règles du libre-échange.

Liberté de conscience, par l’effondrement du système éducatif largement dû à sa rigide verticalité, dont la liberticide carte scolaire, qui assigne à résidence les familles, est emblématique.

Liberté de se mouvoir, par la chasse aux voitures (malus, ZFE) ou l’instauration prochaine de QR codes pour accéder à des pans entiers de la capitale pendant les JO.

Liberté de se loger, par la raréfaction de l’offre immobilière accessible, conséquente à la prolifération de réglementations iniques (loi SRU, ZAN, DPE…).

Liberté d’expression, par l’inquiétante irruption du pouvoir politique dans le contrôle des opinions, épaulé, là encore, par les commissaires idéologiques (RSF, Arcom, LFI) et juridiques de “l’Etat de droit” (Conseil d’Etat). 

Liberté d’entreprendre, par la poigne de l’Etat qui a supplanté la “main invisible” pour réguler le marché, nous rétrogradant à la 62ème place de l’index de la liberté économique, cette année. 

Liberté tout court, demain, lorsque le pays en banqueroute sera dépecé par ses créanciers ?

La litanie pourrait s’égrener aussi, du front de l’Est jusqu’à la mer de Chine, tant ces menaces extérieures questionnent aussi notre liberté intérieure.

Liberté économique, par l’obstruction de nos débouchés commerciaux (menaces sur la production de semi-conducteurs à Taïwan). Le blé Russe, premier concurrent du blé Français en Afrique, contribue par ailleurs à y saper notre influence géopolitique, donc notre liberté à y entreprendre, parfois à y vivre en sécurité. 

Liberté politique, par l’entrisme islamiste (Iran, Qatar…) et la désinformation (Russie), pilotés par ces régimes illibéraux. 

Liberté, donc souveraineté énergétique, par la dépendance au gaz russe, quoique amoindrie, chez nous, grâce au nucléaire civil. 

Liberté, finalement, à vivre en paix, donc en prospérité, quand notre faiblesse externe nous met, en interne, à la merci des puissances dont les intérêts divergent des nôtres. 

La liberté ne va enfin plus de soi, en France, lorsqu’on la concède à des minorités bruyantes, décidées à renverser la tyrannie de la majorité, qui fonde le contrat social. Les jeunes, en particulier, acceptent bien souvent de l’effacer devant l’urgence d’intérêts jugés supérieurs à leurs intérêts personnels. Hier enfermés par le Covid, nous devrions aujourd’hui décroitre, quand bien même “l’enfermisme” et le malthusianisme n’ont jamais démontré leur efficacité. Tant de crimes sont commis contre la liberté en son nom. En France, elle est pourtant le principal combat à mener, en ce début de siècle.

Son principal adversaire reste l’Etat jacobin, qui a fait la France mais qui est en train de la défaire. La tutelle, qui est son principe, ne nuit pas seulement à la performance publique, il enferme les Français dans un assistanat mental, qui fait considérer l’Etat, leur bourreau, comme leur sauveur. En ce sens, puisqu’il est le principal frein des libertés dont il est le garant, le problème, autant que la solution, viendra de lui. A ceux qui prétendent le diriger de nous emmener vers une nouvelle Libération. 

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