La dépression saisonnière, ça n’est pas que l’hiver<!-- --> | Atlantico.fr
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Des équipes de médecins ont donc cherché les causes de cette baisse de moral, qui ne peuvent pas être attribuées à la lumière. Ces troubles peuvent être liés aux pollens et à l’immunité, à l'humidité, à la chaleur.
Des équipes de médecins ont donc cherché les causes de cette baisse de moral, qui ne peuvent pas être attribuées à la lumière. Ces troubles peuvent être liés aux pollens et à l’immunité, à l'humidité, à la chaleur.
©Flick/Alex E. Proimos

Été en vue

La dépression qui arrive en été peut en étonner plus d'un.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Le trouble affectif saisonnier est un « mal » que certaines personnes ressentent, spécialement en hiver, comment décrire ce phénomène et à quoi est-il dû ?

Christophe de Jaeger : Les syndromes dépressifs saisonniers, sont des troubles dépressifs liés à notre environnement et aux changements de saison. Le plus connu et le mieux étudié est la dépression hivernale, dont les symptômes ont été directement liés au manque de luminosité, tant en termes de durée que d'intensité. Ce lien s'explique par la mélatonine, une hormone sécrétée par la glande pinéale située à la base du cerveau. En présence de lumière, sa sécrétion est inhibée, tandis qu'en l'absence de lumière, notamment la nuit, elle est stimulée. Ce mécanisme est donc d'ordre neurosensoriel, car il dépend de l'exposition de la rétine à la lumière. Pendant l'hiver, les variations de luminosité sont moins prononcées, ce qui entraîne une diminution de la sécrétion de mélatonine. Or, la mélatonine provient de la sérotonine, un neurotransmetteur déjà impliqué dans les processus dépressifs. Face à ce constat, de nombreux médecins ont rapidement proposé des traitements pour la dépression saisonnière, tels que la luminothérapie (exposition à des lumières intenses) et la prise de mélatonine, qui permet indirectement d'augmenter les niveaux de sérotonine. Ces approches sont bien maîtrisées et bien connues depuis longtemps.

On entend beaucoup parler de ce trouble au sujet de l’hiver, qu’en est-il pour les autres saisons ?

Je suis honnêtement surpris, c'est la première fois que j'entends parler de ce syndrome de dépression saisonnière lié au printemps et à l'été. Bien que cela ait été décrit il y a quelques années, c'est encore assez nouveau pour moi, et c'est paradoxal par rapport au syndrome dépressif hivernal avec son fort lien à la lumière. Généralement, l'arrivée du printemps et de l'été, avec leurs journées lumineuses, nous fait nous sentir psychiquement mieux. Nous sommes plus positifs, plus énergiques, et je pense que la plupart des gens ressentent cela également. Cependant, il faut savoir que certaines personnes peuvent éprouver une baisse de moral paradoxale pendant cette période, ce qui est assez troublant. Des équipes de médecins ont donc cherché les causes de cette baisse de moral, qui ne peuvent pas être attribuées à la lumière. Ces troubles peuvent être liés aux pollens et à l’immunité, à l'humidité, à la chaleur. Dans ces cas, le simple fait de prendre une douche froide ou de rafraîchir certaines parties du corps peut temporairement les soulager. Il est important de prendre conscience de l'existence de ces dépressions saisonnières, y compris paradoxale, au printemps et en été. Il ne faut pas les négliger et ne pas nécessairement recourir à un traitement antidépresseur. Il s'agit simplement de reconnaître ces symptômes et de mettre en place quelques astuces qui peuvent aider les gens au fil des années.

Sachant tout cela, est-il possible d’anticiper les saisons et les problèmes associés pour y pallier le mieux et éviter de sentir cette « dépression saisonnière » ?

Le point important est de savoir reconnaitre ces périodes saisonnières de dépression. Elles surviennent au même moment chez les mêmes personnes. Ce sont des personnes sensibles au variations climatiques. Au fil des années, ces individus vont reconnaître leurs symptômes, en discuter probablement avec leur médecin, et préciser le diagnostic de syndrome dépressif saisonnier. À ce stade, ils vont chercher tous les éléments qui peuvent prévenir l'apparition de ce syndrome. Par exemple, ils peuvent se tourner vers l'exposition à la lumière. Évidemment, tout le monde ne peut pas partir pendant trois mois à Tahiti ou aux Bahamas à l'automne, donc ceux qui sont sensibles devront peut-être envisager la luminothérapie. Certains savent d'emblée qu'ils n'ont pas le choix et devront prendre de la mélatonine, tandis que d'autres réaliseront rapidement que s'ils sont sensibles en été ou en période de pollens, ils pourront prendre des antiallergiques ou se rendre dans des régions où la concentration de pollens est minimale. Vous voyez, il existe de nombreux petits trucs, qui varient énormément d'une personne à l'autre. Mais encore une fois, ce qui est intéressant, c'est de considérer une baisse d'énergie, un coup de mou ou une baisse de moral comme étant liés aux conditions climatiques, et non à un dysfonctionnement interne de votre cerveau avec de fortes variations de neurotransmetteurs. Il ne s'agit pas d'une maladie dépressive, mais simplement de la conséquence de nos réactions naturelles face aux changements climatiques. Il est important de souligner que ces changements climatiques, en raison des perturbations que nous vivons, pourraient toucher de plus en plus de personnes de manière de plus en plus significative.

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