La cour constitutionnelle de Karlsruhe se prononce sur le mécanisme européen de stabilité : pour tout comprendre de la position allemande<!-- --> | Atlantico.fr
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Angela Merkel.
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Urgence allemande

La cour de Karlsruhe va rendre son verdict sur la légalité du Mécanisme européen de stabilité. Une décision qui fait débat en Allemagne.

Henrik Uterwedde

Henrik Uterwedde

Henrik Uterwedde est politologue et directeur adjoint de l'Institut Franco-Allemand de Ludwigsburg.

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Atlantico : La cour de Karlsruhe doit rendre demain son verdict sur la légalité du Mécanisme européen de stabilité, ce dispositif ayant déjà été pré-validé en 2012. Bien qu'un jugement positif soit à attendre, de nombreuses réticences se sont fait entendre outre-Rhin. Comment s'expliquent-elles alors que l'adoption du mécanisme est perçue par beaucoup comme urgente actuellement ?

Henrik Uterwedde : Les réticences viennent de la part d’un courant eurosceptique qui estime, à tort, que les mécanismes européens ouvrent la voie à des dérapages incontrôlés de l’endettement public, à un cercle vicieux qui obligerait l’Allemagne à payer toujours plus pour des pays défaillants. Il s’agit pourtant d’une minorité, la grande majorité soutient la politique du gouvernement qui consent à des efforts via les mécanismes européens, à condition qu’il y ait des conditions strictes et des contreparties sous forme d’engagements fermes de la part des pays bénéficiaires pour réduire leur endettement structurel.

La pré-validation du MES en 2012 s'était faite à la condition que toute décision d'intervention passe par le Bundestag (chambre-basse du Parlement allemand), un impératif qui sera logiquement confirmé aujourd'hui. Une telle méfiance ne risque t-elle pas d'alimenter une forme de "germano-scepticisme" ?

Non, je ne le crois pas. La réserve d’un vote préalable du Bundestag sera seulement nécessaire avant l’engagement de ressources dépassant les 190 milliards (part actuelle de l’Allemagne dans le MES) n’est pas nouveau et va de soi dans une démocratie parlementaire – après tout il s’agit de l’argent des citoyens-contribuables. Si l’on veut changer cela il faudra alors changer les traités et instaurer des éléments fédéraux, notamment des mécanismes de décision et de contrôle parlementaire réellement européens.

L'absence de réformes structurelles en France et dans les pays du Sud peut-elle expliquer par ailleurs la prudence des Allemands à l'heure actuelle ?

Évidemment. Je préfère le dire de manière plus positive : L’engagement clair et ferme des pays en difficultés à engager des réformes structurelles serait un signe de confiance, un gage de volonté de prendre ses responsabilités, qui faciliterait aux responsables allemands d’être plus ouverts. A l’échelle européenne, la solidarité et la responsabilité doivent aller de pair. Cela dit, ne confondons pas la nature de la contrainte : les réformes structurelles en France, annoncées par le gouvernement, ne répondent pas à une demande "allemande" mais sont dans l’intérêt propre de la France pour retrouver sa dynamique économique !

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