La conversation pourtant utile que personne n'a envie d'avoir : comment préparer ce que souhaitent vos parents face au vieillissement <!-- --> | Atlantico.fr
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La question de la vieillesse n'est pas toujours simple à aborder
La question de la vieillesse n'est pas toujours simple à aborder
©DR

Famille

Le vieillissement de la population et le changement des structures sociales ont favorisé la création de nombreux centres de soins pour les personnes âgées. Mais si les structures sont présentes et le problème posé, il est encore difficile de parler de la vieillesse en famille, et pourtant c’est une nécessité.

Agnès Saraux

Agnès Saraux

Agnès Saraux est gériatre dans un hôpital parisien. Elle est l'auteur de Mes parents vieillissent (Christine Bonneton, 2004).

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Atlantico: A partir de quel âge faut-il commencer à parler de la vieillesse avec ses parents? 

Agnès Saraux: C'est bien d'en parler très en amont pour évoquer le projet de vie des dernières années mais il évolue souvent avec le vieillissement et la maladie.
Le problème principal est que la plupart des personnes âgées ne se rend pas compte ou ne veut pas voir les difficultés qui apparaissent avec le vieillissement. Ainsi la personne qui  risque de chuter continue malgré tout de monter sur l'escabeau pour remplacer l'ampoule du plafonnier sans imaginer qu'elle risque de retomber. Une autre personne qui commence à perdre la mémoire met en place des stratégies pour le masquer à son entourage.Et c'est ainsi que les familles découvrent soudainement leur parent en grandes difficultés. C'est la fameuse situation dite de "crise" où des mesures doivent être prises en urgence. L'équilibre fragile vient tout à coup de se rompre. D'où l'intérêt pour les enfants d'apprendre à reconnaître les signes d'alerte afin d'organiser un bilan de santé le plus tôt possible ou d'introduire progressivement des aides.

Qui, des parents ou des enfants, doit aborder le sujet et de quelle manière pour que le stress et les conflits familiaux soient évités ?

C'est normalement le rôle de l'âgé d'aborder le sujet. Il peut l'être aussi par un enfant mais sans insistance si le parent ne le souhaite pas. 
Quand les difficultés apparaissent et que le parent ne les évoque pas spontanément,  les enfants doivent être là pour l'aider à en prendre conscience afin de l'amener à  mettre des mesures en place. Le point de vue du parent est souvent différent de celui des enfants et peut alors être source de conflit. Les enfants doivent accepter de laisser le temps à leurs parents de changer leurs habitudes auxquelles ils sont tant attachés. Les décisions sont souvent des compromis entre les deux partis. Rien ne sert de forcer ses parents à une décision à laquelle ils n'adhèrent pas, à moins que leur fonctions cognitives ne soient très altérées. 

Quels signes indiquent qu’un adulte est en train de vieillir et nécessite une prise en charge médicale ou une assistance quotidienne ?

Des habitudes qui changent. On repère des modifications dans le quotidien : réduction des activités, confinement au domicile, courrier accumulé, réfrigérateur vide,  tenue de la maison approximative, négligence vestimentaire, mauvaise observance des médicaments...
Un comportement inhabituel : désintérêt nouveau, repli sur soi, perte d'objets, erreur dans les dates, oubli des rendez-vous, agressivité soudaine, idées de persécution ou de vol envers l'entourage proche....
Des difficultés pour se déplacer et la survenue de chutes à répétition. Tous ces signes indiquent une perte d'autonomie progressive qui nécessite une attention plus aiguë.

Le poids financier est souvent un obstacle dans la prise en charge d’une personne âgée : peut-on envisager de prendre chez soi un de ses parents ? Est-ce une bonne idée, tant du point de vue du coût que de la charge émotionnelle ?

Ce peut être le choix d'un enfant mais ce n'est en aucun cas une obligation. Accueillir un parent chez soi peut rompre l'équilibre de sa propre famille, d'autant plus si elle n'adhère pas complètement à ce choix. Qu'un fils ou une fille accueille un parent chez lui peut compliquer les relations avec ses autres frères et soeurs s'il y en a. Ces derniers peuvent se sentir tenus à l'écart. 
L'accueil d'une personne âgée par l'un de ses enfants n'est possible que s'il y existe un équilibre entre l'accueillant et l'accueilli. Chacun doit y trouver son compte. L'accueillant le plaisir d'une relation privilégiée avec son parent, l'accueilli, la satisfaction d'être soutenu et rassuré par son enfant. 
Le coût est moins élevé que celui de laisser son parent seul à domicile avec des aides ou de le placer en institution. Cependant, il est fortement conseillé d'envisager des aides au domicile de l'accueillant pour que la sommes des tâches ne devienne pas trop lourde. Certains actes telle que la toilette relèvent plus d'un professionnel. Ce n'est pas le rôle d'un enfant de faire la toilette de son père ou de sa mère. Il existe des déductions d'impôts possibles. Si le parent bénéficie d'une carte d'invalidité, il est possible de le rattacher au foyer fiscal de l'enfant accueillant.

Comment préparer sa propre vieillesse à temps ?

Le temps de la vieillesse devrait être préparé tout au long de notre vie à travers une bonne hygiène de vie mais aussi en menant une réflexion sur la vieillesse et son acceptation. Puis en avançant en âge : en préparant la mise à la retraite, en réalisant un suivi médical régulier, en continuant à mener une bonne hygiène de vie, en adaptant si possible le lieu de vie  aux difficultés pouvant apparaître avec le vieillissement (déménagement si nécessaire), en évoquant avec la famille ses souhaits en cas de maladie et/ou de perte d'autonomie...

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