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Une citoyenne s'apprête à voter avec sa carte électorale. La culture woke s'est invitée dans le cadre de la campagne présidentielle.
Une citoyenne s'apprête à voter avec sa carte électorale. La culture woke s'est invitée dans le cadre de la campagne présidentielle.
©Fred TANNEAU / AFP

Woke

Le néo-révisionnisme est-il un cadre, une cause ou un moyen ?

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu

Jean-Pierre Marongiu est écrivain, conférencier, ingénieur, expert en Management et Directeur général et fondateur du thinktank GRES : Groupe de Réflexions sur les Enjeux Sociétaux.Perpetuel voyageur professionnel, il a parcouru la planète avant de devenir entrepreneur au Qatar où il a été injustement emprisonné près de 6 ans, sans procès. Il a publié plusieurs romans et témoignages dont : Le Châtiment des Elites, Qaptif, InQarcéré, Même à terre, restez debout ! Aujourd'hui conférencier et analyste societal, il met son expérience géopolitique au service d'une approche libérale-souverainiste de la démocratie.

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Être woke, comprendre être un éveillé, c'est être conscient des injustices et du système d'oppression qui pèsent sur les minorités. Mais c’est aussi réécrire l’histoire et punir les actes honteux du passé.

Les concepts de “woke” et de “cancel culture” sont apparus avec intensité dans le débat public ces derniers mois.

Une œuvre supposément artistique et résolument posthume de Christo vient de hanter la place de l’étoile, il s’agit de draper l’Arc de Triomphe afin d’en changer les perspectives. Au-delà de la démarche artistique, on peut s’interroger sur la symbolique de l’acte dans un contexte exacerbé par la proximité d’une élection présidentielle de tous les dangers.

Cachez cet arc passéiste que nos yeux ne sauraient voir, effacez cet orgueil ancien d’une grande armée défilant dans Paris. 

Quand on ferme une maison pour une longue durée, parfois pour toujours, on recouvre le mobilier de draps comme on recouvre les défunts d’un linceul. L’acte de dissimuler aux regards des Parisiens un monument symbolisant une France glorieuse, souveraine et victorieuse est-il dénué de tout symbolisme éveillé ?

L’histoire agit sur les idéologues comme une épée à double tranchant maniant la repentance de taille et la culpabilité d’estoc. Le progressisme totalitaire s’est saisi de cette arme pour pratiquer des coupes dans les livres d’histoire. C’est en modifiant le passé, plus ou moins officiel, que les woke tendent à défigurer le présent pour bâtir un futur qui leur convient. En d’autres temps, on qualifierait cela de révisionnisme.

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« Quand vous vous méprisez, il y a au moins une personne en vous que vous admirez : celle qui vous méprise. » Nietzsche

Nous assistons à la version sadomasochiste d’un érotisme malsain d’une passion entre l’indigne et de l’indigné, entre le bourreau et le martyr.

L’un se détestant et se flagellant à tout propos, demandant pardon pour des actes qu’il n’a pas commis auprès de gens qui ne les ont pas subis. Et l’autre revisitant l’histoire, déboulonnant les statues, renommant des rues, changeant la couleur de peau des reines et des rois, humiliant et effaçant de la mémoire collective les héros du passé.

Culpabiliser, se mortifier, embrasser les pieds d’un passant au teint sombre c’est faire une bonne action, mettre un genou à terre sur les stades est un acte de contrition comme jadis les pèlerins devant les reliques d’un saint martyrisé.

L’Esprit saint médiatique, véritable ambassadeur des  minorités opprimées par l’Histoire, traque sur les réseaux sociaux les humiliations, oppressions et dominations. Entre le bourreau et le supplicié, c’est une osmose parfaite. Dans cette relation sadomasochiste,le pénitent qui ne peut jouir par l’auto-humiliation et le jeune éveillé paranoïaque entretiennent un accouplement contre nature jusqu’à l’orgasme destructeur.

La haine de soi et la volonté de soumission sont devenues des professions de foi pour les élites dominantes. C’est la loi du plus faible qui tyrannise une majorité indifférente et silencieuse.

La démocratie est morte remplacée par la dictature des minorités.

Tout y passe, on supprime des mots dans la constitution, on renomme des romans, on créolise et on dégenre les affiches publicitaires, l’industrie télévisuelle impose une représentation de la société homosexuelle, ethnique et féministe quasi majoritaire…

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Dès son élection, Emmanuel Macron a choisi son camp, la contrition et la négation d’une culture française. Il s’en est suivi une logorrhée de repentance sur ce qui constitue l’identité française : son histoire.  Au nom de la France, il a demandé pardon à l’Algérie, à l’Afrique tout entière, aux Harkis, aux salariés qu’il qualifiait d’illettrés, au Rwanda. Il s’est excusé pour la colonisation, pour l’esclavage, pour l’hymne albanais, pour les listes d’attente à la vaccination…pour tout et pour rien tant qu’il s’agit de s’auto-flageller. Quand il n’est pas question de pardon, il signe des reconnaissances de dette, à la Polynésie, au personnel soignant…ou reconnaît des erreurs fondamentales à l’égard des gilets jaunes.

C’est la gauche progressiste, maîtresse dominatrice des médias qui tient le fouet et le marteau de la démolition identitaire. La droite modérée joue les bourgeois de Calais offrant, dénudée et la corde au cou, les clés d’une société en déliquescence. Les souverainistes en rebelles maudits s’accrochent aux lambeaux d’une république agonisante en promettant que ça ira…

L’élection présidentielle dans sept mois livrera son verdict populaire, d’ici là, nous assisterons à des duels à fleurets non mouchetés qui ne cesseront pas au premier sang versé. Il ne sera pas question de choisir un homme providentiel, il y a long feu que ceux-ci ont disparu, mais un mode de vie.

Choisirons-nous un multiculturalisme libéral totalitaire et autocratique ou un souverainisme nationaliste et traditionaliste ?

Il y a cinq ans, le traditionnel clivage politique droite gauche avait fait place à une opposition des systèmes : libéral ou souverainiste. Désormais, c’est un affrontement idéologique et sociétal qui va être l’objet d’une bataille électorale dont les candidats ne sont que des porte-drapeaux. Car c’est bien de courants d’influence internationaux dont il est question et non plus d’hommes et de leurs visions.

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Pour l’Esprit saint progressiste, l’Histoire n’est plus un héritage parfois tragique que les individus et la communauté nationale doivent endosser pour en éviter une nouvelle occurrence, mais une insulte faite par le passé au présent qui doit disparaître.

Pour autant, l’Histoire n’appartient pas au passé, elle vit en nous, elle est ce que nous sommes. C’est un héritage sans testament, écrivait René Char. Un héritage qui exige le souvenir et non l’amnésie, le souvenir et non le pardon, les cicatrices n’ayant de signification que par la mémoire du passé.

À l’horizon de mai 2022, un nouveau soleil sociétal va se lever, brûlera-t-il l’identité française ou au contraire la fera-t-il resplendir ?

« L’incertitude est le pire de tous les maux jusqu’au moment où la réalité vient nous faire regretter l’incertitude. »Alphonse Karr

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