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Une membre du personnel soignant prépare une dose de vaccin contre la Covid-19.
Une membre du personnel soignant prépare une dose de vaccin contre la Covid-19.
©Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP

Campagne vaccinale

La Haute autorité de Santé a rendu son avis, mardi 24 août, sur la campagne de rappel vaccinal contre la Covid-19. Elle débutera en septembre, avec l’injection d’une troisième dose. 18 millions de personnes sont concernées (les personnes de plus de 65 ans et les personnes présentant des comorbidités augmentant le risque de formes graves et de décès).

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Il va s’accumuler avec le temps (et la baisse progressive de l’immunité) des preuves que la 3ème dose augmente significativement l’immunité. Les fabricants, des experts, et les politiques les utiliseront comme argument.

A terme, ils auront probablement raison, mais à quel terme ? Et faut-il sur ce genre de question avoir raison trop tôt, plus tôt que les autres ? Ce n’est pas sûr.

Voyons pourquoi.

Aujourd’hui, le taux d’anticorps baisse avec le temps, et semble-t-il le risque d’infection augmente plus ou moins proportionnellement, mais pas celui d’infections graves, du moins en population générale (ni même chez les personnes âgées).

Il n’y a donc pas encore de preuves scientifiques décisives pour recommander la 3ème dose en population générale. Cette 3ème dose est déjà plus acceptable chez les plus de 80 ans, et bien sûr nécessaire en cas d’immunodéficit prouvé.

En revanche si 1/3 de la planète a reçu au moins une dose (5 milliards de doses ont été délivrées en 9 mois), seuls 1,4% des populations des pays pauvres est vaccinée. Cette 3ème dose va anéantir toute chance de vacciner rapidement le reste de la planète, est-ce lucide ?

Les dirigeants politiques se débattent avec la pandémie, et dans les pays riches, ils auront l’impression de “faire quelque chose” pour leur peuple avec cette 3ème dose, et espéreront éviter de nouveaux confinements, mais sans, bien sûr, aucune preuve à ce sujet.

Les fabricants seront ravis de revendre une 3ème dose (puis une 4ème) à des pays solvables plutôt que d’avoir à les donner à prix coûtant au Burkina Faso, au Cambodge ou à la Bolivie.

Des experts, sachant qu’à terme l’avenir leur donnera raison, et voulant l’immunité la plus rutilante possible, chercheront à faire grimper les anticorps des cohortes dont ils ont la charge. Et cela fonctionnera.

Y aura-t-il des voix suffisamment fortes pour soutenir le moratoire de la 3ème dose ?

3ème dose sans fondement scientifique actuel solide, relevant d’une vision court-termiste sur le plan global, ne réglant pas les problèmes plus complexes que nous devons d’abord affronter ?

D’abord, vaccinons toute la population éligible partout dans le monde à commencer par chez soi.

D’abord, maintenons le niveau le plus bas de transmission communautaire.

D’abord, sécurisons les écoles, les transports, tous les lieux clos.

D’abord, contrôlons nos frontières.

Pour retrouver le Thread du Professeur Antoine Flahault, cliquez ICI

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