Les mêmes ont passé sous silence le fait que l'Union soviétique de Staline s'était alliée avec l'Allemagne nazie et qu'elle le serait restée si Hitler n'avait pas décidé d'attaquer son allié. Même chose pour l'aide considérable apportée par l'Amérique à la Russie. Le débarquement des Alliés qui ont libéré la France a même fini très tôt par leur être reproché et le slogan "US Go Home" a couvert les murs. Cela a joué à fond l'illusion qui fait croire que les ennemis de nos ennemis sont nos amis auxquels nous devons toute notre reconnaissance. Les Américains appelaient "Staline Uncle Joe".
Qu’en est-il réellement dans les faits ?
Dans les faits, s'il est incontestable que l'URSS a payé le prix le plus élevé, elle a été très fortement aidée et soulagée par les débarquements des Alliés.
C'est un fait aussi que l'URSS n'a pas fait la guerre au nazisme : Staline a baptisé sa réaction à l'invasion allemande du nom de "Grande guerre patriotique".
Et c'est un fait qu'elle a profité de l'attitude des Alliés qui jouaient la carte d'une bonne alliance amicale avec un semblable pour étendre son empire totalitaire sur l'Europe de l'Est

Comment le Kremlin exploite-t-il encore ce narratif aujourd’hui ? À quelle fin ?

Comme le montre l'ouvrage de Pierre Rigoulot et de Florence Grandsenne "Quand Poutine se prend pour Staline" (Buchet-Chastel), le Kremlin identifie son agressivité contre l'Ukraine et l'Occident à la défense de la patrie sous la direction de Staline, ce qui le conduit à nazifier ceux qu'il agresse. Il est bon de rappeler que Staline et Hitler étaient deux monstres totalitaires et donc des frères ennemis. Nous avons profité de leur affrontement mais cela ne blanchit pas notre allié/ennemi. Aujourd'hui, la référence à la lutte contre le nazisme est essentiellement destinée à la population en lui faisant croire que l’occident prépare une invasion comme celle de 1941.

Cette référence à la grande guerre patriotique justifie l’enrôlement de toutes les composantes de la patrie assiégée, dont le clergé orthodoxe.

Il ne reste alors aucune trace des idéaux marxistes auxquels tant d’occidentaux ont cru. Nous n’avons donc aucune raison de traiter la Russie de Poutine avec reconnaissance pour le passé, car elle n’a jamais été anti nazie, ni amitié pour le présent car elle soutient les pires ennemis de nos démocraties libérales.