L’Ozempic, nouvelle arme pour lutter contre le gain de poids lié à la ménopause ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'antidiabétique "Ozempic" produit par le laboratoire danois "Novo Nordisk"
L'antidiabétique "Ozempic" produit par le laboratoire danois "Novo Nordisk"
© AFP / JOEL SAGET

Perte de poids

L'Ozempic est devenu très populaire pour ses propriétés coupe-faim. Un succès qui inquiète les autorités de santé

Jean-Yves Le Goff

Jean-Yves Le Goff

Le docteur Jean-Yves Le Goff est chirurgien digestif laparoscopique, pionnier mondial de la chirurgie laparoscopique et bariatrique, ancien chef de clinique-assistant et ancien interne des hôpitaux de Paris. Fondateur et Ancien Responsable de l’unité de chirurgie cœlioscopique à l’hôpital Bichat (1988-1997) Spécialiste de la chirurgie de l’obésité (legofftechnique), il exerce depuis 1997 à la Clinique du Trocadéro (Paris 16ème) et à l’Hôpital Privé de Seine Saint-Denis (Le Blanc Mesnil) depuis 2009. 

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Atlantico : L'Ozempic est un médicament qui fait l'objet de nombreux articles dans la presse internationale, notamment dans le New York Times qui l'a récemment présenté comme une nouvelle arme contre le gain de poids lié à la ménopause. Alors, est-ce réellement efficace ? S'agit-il d'un produit miracle ou d'une arnaque ?

Jean-Yves Le Goff : Non, ce n'est pas un produit miracle, même s'il a des effets significatifs. Le principal défi réside dans la nécessité de suivre un traitement par injections hebdomadaires mais lorsque le traitement est interrompu, les individus reprennent du poids. C'est l'un des inconvénients majeurs de cette approche, accompagné d'un risque non négligeable d'effets secondaires digestifs tels que nausées, diarrhées, voire vomissements, ainsi que des complications plus graves comme la pancréatite, y compris la pancréatite aiguë parfois mortelle, bien que rare.

Ce médicament est initialement destiné au traitement du diabète de type 2 et son utilisation détournée pour la ménopause constitue une pratique discutable. En France et dans d’autres pays européens, des diabétiques ont été mis en attente pour recevoir ce traitement, bien qu'il y ait une indication spécifique pour eux. Il s'agit donc d'un détournement inapproprié de l'option thérapeutique.

En ce qui concerne l'efficacité pour la ménopause, cela semble être une approche quelque peu limitée puisque les complications digestives sont fréquentes. Plusieurs études indiquent qu'un traitement hormonal (Bio identique) de la ménopause pourrait être plus bénéfique. Ce traitement hormonal, orienté vers des approches plus naturelles et biologiques, agit de manière plus significative sur la perte de poids, les résultats cardiovasculaires, l'ostéoporose , les insomnies  , sueurs nocturnes  , libido et les différentes immunités. Il est considéré comme un traitement de fond, contribuant à l'augmentation de la longévité tout en favorisant la perte de poids de manière plus globale par rapport aux médicaments.

Enfin, il est important de noter que le marketing massif autour de ce médicament, produit au Danemark, peut influencer les perceptions. Le Danemark semble être fortement lié à cette industrie, avec des projets de construction d'usines, notamment en France près d'Orléans. En résumé, l'Ozempic présente des risques tels que la reprise de poids à l'arrêt du traitement, des troubles digestifs parfois graves et des complications cardiovasculaires, et son utilisation pour la ménopause pourrait être remise en question au profit d'approches plus globales (sport, psychologiques , nutritionnelles )et biologiques.

L’Ozempic est donc un médicament dont l’usage a été détourné ?

En effet, l'Ozempic est normalement destiné au traitement du diabète de type 2. À tel point qu'il y a eu des situations où des patients diabétiques de type 2 n'ont pas pu bénéficier du traitement qui leur était indiqué en raison d'une pénurie de molécules en stock. Cela souligne la nécessité de recommandations spécifiques, car ce médicament n'est pas universellement applicable, son utilisation comportant des risques.

Comme je l'ai souligné précédemment, il y a des professionnels de santé qui le prescrivent comme un moyen de perdre du poids, similaire à l'épisode du Mediator. Il y a dix ans, un médicament du groupe Abbott avait également été utilisé pour lutter contre la perte de poids, mais il a été abandonné en raison de complications graves telles que des pancréatites aiguës et des problèmes cardiovasculaires. Prescrire ce type de médicament perturbe le métabolisme sanguin, et le fait que le traitement ne soit pas remboursé est une considération importante. Bien que les laboratoires danois fassent un marketing intensif, je n'ai pas prescrit ce médicament, en particulier aux non-diabétiques, car je pense que les risques sont trop élevés et que son utilisation n'est pas justifiée.

Concernant la ménopause, je recommande plutôt un traitement hormonal à l'Européenne (Bio identique) une approche qui a été reconnue par les Américains en 2021, en alignement avec les positions françaises. Malgré certaines critiques non fondées à ce sujet, il est maintenant évident que ce traitement hormonal n'augmente pas le risque de cancers variés (au contraire). Cette approche est plus efficace pour traiter les problèmes cardiovasculaires, l'ostéoporose et d'autres problèmes liés à la ménopause, tout en étant plus sûre que des médicaments tels que l'Ozempic.

Vous avez établi un parallèle intéressant entre l'Ozempic et le Mediator. Pourriez-vous expliquer si cela pourrait déclencher un scandale sanitaire similaire ?

En effet, il y a des similitudes inquiétantes entre l'Ozempic et le Mediator. Les deux ont été détournés de leur usage initial, le Mediator n'étant pas destiné à favoriser la perte de poids. Les complications liées à ces médicaments sont devenues apparentes au fil du temps, avec un nombre croissant de patients et, logiquement, une augmentation mathématique des complications. Un facteur critique ici est le temps, car les études menées sur des périodes allant d'un an à quelques  années peuvent ne pas refléter la totalité des risques. Nous avons vu cela avec un médicament du groupe Abbott, également utilisé pour traiter la perte de poids, qui a été abandonné en raison de complications graves. À long terme, ces complications peuvent être nombreuses.

Quels conseils donneriez-vous à une personne se voyant prescrire de l'Ozempic ?

Personnellement, je conseillerais à ces personnes de se tourner vers un traitement hormonal Bio identique .En dehors de la ménopause, il est important que les gens intègrent des habitudes saines telles que l'exercice physique régulier, la gestion psychologique des épisodes de fringale et surtout de la vie, et la consultation de nutritionnistes pour des régimes équilibrés, naturels sur le long terme.

Pour ceux dont l'indice de masse corporelle se situe entre 30 et 35 et au dessus de 35, avec des facteurs de comorbidité tels que le diabète, la pré-diabète, l'hypertension ,l'apnée du sommeil ,problèmes articulaires,  cardio vasculaires , métaboliques une approche chirurgicale conservatrice , non mutilante (Legofftechnique) globale pourrait être envisagée.

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