L’offensive Bruno Le Maire sur l’Education fait grincer les dents à l’UMP<!-- --> | Atlantico.fr
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Le député de l'Eure Bruno Le Maire a devancé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sur le sujet de la réforme des collèges.
Le député de l'Eure Bruno Le Maire a devancé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sur le sujet de la réforme des collèges.
©Reuters

Preum's

Il s'y est pris très tôt et ça ne plait pas à tout le monde à l'UMP. La semaine dernière, le député de l'Eure Bruno Le Maire a rassemblé 248 parlementaires de droite et du centre pour envoyer une lettre à François Hollande demandant le retrait du projet de la réforme du collège.

Carole  Barjon

Carole Barjon

Carole Barjon est rédactrice en chef adjointe à la rubrique politique, chargée de l’Elysée et de la droite au Nouvel Observateur.

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Atlantico : Est-ce une bonne opération réalisée par Bruno Le Maire ? Pourquoi fait-elle grincer des dents le clan Sarkozy et Juppé ?

Carole Barjon :Je pense que Bruno Le Maire a incontestablement marqué des points. Il a été le premier à réagir, sur un sujet qui intéresse beaucoup les Français. Aujourd’hui, avec le niveau du chômage que l’on connaît, les parents sont très inquiets. Bruno Lemaire a bien senti le terrain. Il est normalien et il s’intéresse naturellement à ce sujet. Il a non seulement été le premier, mais il a fait des propositions, assez précises, ce qui prouve qu’il pense le sujet de manière approfondie.

On n’a pas exactement le même sentiment quand on regarde de plus près les réactions de Sarkozy ou Juppé. Le premier est intervenu assez vite, mais après Le Maire, et sur un terrain plus politique, moins technique. Sarkozy n’est pas entré dans le détail comme l’a fait Bruno Le Maire. Quant à Juppé, il a réagi tard. Je pense d’ailleurs que la prudence, ou le manque de réactivité de la part d’Alain Juppé s’explique aussi par sa volonté d’évaluer d’abord l’ampleur de la mobilisation des professeurs hier, avant d’adopter une position définitive. C’est sans doute pour cette raison qu’il ne s’est exprimé qu’hier. Par ailleurs, il ne rentre pas vraiment dans le cœur du dossier de cette réforme du collège. Il annonce qu’il travaille beaucoup sur le sujet de l’Education, et qu’il publiera ses propositions à la rentrée prochaine.

Le Maire a ainsi pris un avantage sur cette question pour le moment. D’où un certain agacement des autres. Le Maire, sur ce dossier-là, joue le chef de file de l’opposition. Ce qui est davantage le rôle du chef de file de l’opposition.

La capacité de mobilisation de Bruno Le Maire auprès des élus et des électeurs de droite a-t-elle surpris Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ? Est-ce qu'ils s'y attendaient ? 

C’est difficile à dire. Je crois que l’Education est un sujet que Nicolas Sarkozy a mal traité. Et ceci, depuis assez longtemps. Dans sa première campagne présidentielle, en 2007, le sujet était très présent. Mais c’est un dossier dont il s’est par la suite peu occupé, qui ne semblait pas vraiment l’intéresser. Plusieurs erreurs ont été commises pendant son quinquennat, ou tout simplement des oublis comme la formation des enseignants. Il est certain que sur cette question, il a du retard, qu’il devra absolument combler avant la primaire de 2016.

Quel est le gain politique de Bruno Le Maire grâce à cette opération ?

C’est difficilement quantifiable. Je pense qu’il aura marqué des points auprès du monde intellectuel, des catégories socio-professionnelles supérieures (CSP+), de l’élite. Sans doute moins auprès des catégories populaires. Il a adopté une position très élitiste.

Ses propositions, avancées dans Libération, reviennent à rétablir une orientation professionnelle dès la classe de sixième. Ce n’est pas du tout "l’élitisme pour tous", comme le proposait François Bayrou, par exemple. Le Maire pense manifestement, tout en affirmant vouloir revaloriser les filières manuelles, techniques et l’apprentissage, qu’il faut orienter un certain nombre d’élèves assez tôt dans la scolarité. Il sera intéressant de savoir comment réagiront les milieux défavorisés à ces mesures. Il sera tout aussi intéressant d’analyser en profondeur l’impact de ses prises de position sur l’électorat catholique et plus largement de l’électorat conservateur traditionnel. Car, la direction de l’enseignement catholique, malgré quelques réserves,  a approuvé la réforme du collège. Elle se prononce donc dans un sens inverse de celui défendu par l’ancien ministre de l’Agriculture et futur candidat à la primaire UMP. Or, Bruno Le Maire puise une bonne partie de ses soutiens dans cet électorat traditionnel. Ce peut-être l’une des limites de sa "guerre éclair".

Comment Sarkozy et Juppé peuvent-ils rattraper le coup ?

Je pense que rien n’est encore acquis. Il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Il reste plus d’un an avant la primaire. Chaque candidat a le temps d’étudier le dossier plus à fond et d’affiner ses propositions. La réaction de l’opinion a été très forte à cause du cumul de deux éléments : la réforme du collège, et celle du contenu des programmes par ailleurs. Maintenant que les problèmes sont bien identifiés, chacun va avoir à cœur d’y travailler. Attendons donc de voir ce que donneront les programmes des uns et des autres.

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