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L'islam au feu rouge : imams incertains et halal certifié
©Reuters

Bonnes feuilles

"Alors que la course planétaire entre la barbarie et les Lumières bat son plein, l’islam de France stationne au feu rouge. La faute à l’irresponsabilité des responsables du culte musulman. La faute à la paresse bienveillante des pouvoirs publics." Extrait de "L'islam au feu rouge", de Camille Desmoulins, publié aux éditions du Cerf (1/2).

Camille  Desmoulins

Camille Desmoulins

est un pseudonyme, l'auteur souhaitant rester anonyme.

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Il en va de même pour cette question essentielle qui s’apparente néanmoins à un serpent de mer et qui n’est autre que la formation des imams. Jamais les différentes composantes du CFCM n’ont réussi à s’accorder sur des principes, des critères et un programme communs, encore moins sur la fondation d’une école aux enseignements partagés, voire de plusieurs écoles se reconnaissant mutuellement. Jusqu’à la délivrance d’un certificat d’exercer qui serait propre à l’autorité cultuelle, comme cela se fait pour les rabbins consistoriaux, n’a pu faire consensus.

C’est que la pratique la plus priseé est celle des imams importés et rémunérés par les pays dits d’« origine », Maroc, Alge´ rie, Turquie. On en dénombre plusieurs centaines qui ont été ainsi réquisitionnés pour subvenir à un système dont le résultat patent est qu’il déresponsabilise les associations gestionnaires des lieux de culte. Car si l’imam est payé par d’autres, à quoi bon s’interroger sur la prise en charge de son salaire par les fidèles ? Et si les fidèles laissent faire, à quoi bon questionner leur manque d’autonomie ?

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Ce système, l’Etat ne fait pas que le tolérer, il l’encourage en renouvelant incessamment les conventions qui le lient auxdits « pays d’origine » de crainte de les froisser. Néanmoins, ces conventions concourent au marasme, en ce qu’elles représentent à leur tour un frein majeur à tout projet d’école dédiée. Car si les principales mosquées de l’Hexagone gardent la possibilité de se fournir gratuitement en imams formeés ou supposés tels, à quoi bon vouloir les inciter à financer leur formation ?

L’exemple de la déresponsabilisation et de la facilité vient là encore du sommet, c’est-à-dire des lieux de culte musulman les plus riches de France. La grande mosquée de Paris, la grande mosquée d’Evry-Courcouronnes se font payer volontiers leurs imams par les Etats algérien ou marocain. Leurs dirigeants s’en arrangent d’autant mieux que leur pouvoir s’en trouve consolidé, au moins à court terme. Ce qui n’empêche pas les mêmes de se lamenter quant à l’absence d’alternative dans laquelle les plongerait l’inexistence d’un statut propre de l’imam.

Or, ce statut existe. Il est le même statut que celui dont jouissent tous les autres ministres de tous les autres cultes. On accède à ce statut sans difficulté dès lors que la personne désignée prêtre, pasteur, rabbin, ou... imam est régulièrement affiliée, par son employeur, au régime de protection sociale et de retraite approprié, à savoir la Caisse d’assurance vieillesse invalidité et maladie des cultes ou CAVIMAC. Mais encore faut-il que les rémunérations soient déclarées et que les associations qui embauchent acceptent de verser leur part de cotisations patronales.

On en aura déduit qu’un tel statut de l’imam est incompatible avec la rémunération de la main à la main. Non sans observer que les rares imams inscrits à cette caisse sont ceux de La Réunion où, loin de toute influence étrangère, vit un islam de France qui s’épanouit autour de la mosquée de Saint-Denis inaugurée en 1901.

Quant aux rentes du halal ou du pèlerinage, il est inutile même de les évoquer. Les intérêts financiers sont tels que la simple suggestion d’utiliser une partie des bénéfices afférents pour financer l’organisation du culte ne manque pas de provoquer des réactions d’une rare violence. Les grandes mosquées de Paris, Lyon, Evry peuvent ainsi, sans crainte, perpétuer le monopole de la désignation des sacrificateurs halal que leur confère la réglementation et poursuivre l’exportation dans les pays du Golfe de produits divers, du poulet à l’eau minérale (sic), en vertu du label certifié qui leur est incidemment octroyé .

Hormis les aumôneries, le seul dossier qui ait avancé est celui des carrés musulmans dans les cimetières. Ils se multiplient d’autant plus facilement que le développement de la crémation libère des emprises foncires tandis que de nombreuses concessions anciennes arrivent à leur terme. Au coeur de ses murailles arborées, le cimetière parisien de Thiais contient ainsi le plus grand carré musulman d’Europe occidentale, dont les sections sont distribuées par nuances confessionnelles : ici les sunnites, là les chiites, plus loin les divers mouvements du souscontinent indien, etc. Force est encore de noter que ce dossier a avancé non pas à cause de l’insistance du CFCM, mais grâce au volontarisme des maires.

Extrait de "L'islam au feu rouge", de Camille Desmoulins, publié aux éditions du Cerf, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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