L’étrange affaire des morts mystérieuses de médecins nord-coréens à l’étranger

Lorsque l'on parle de la Corée du Nord, la frontière entre la réalité et la légende est souvent floue. Surtout lorsque la mort est au bout du chemin. En témoignent les dernières purges exécutées par le dictateur Kim Jong-un dans son propre camp. En janvier 2014, le rumeur prétendait qu'il avait fait dévorer vivant son oncle par une meute de 120 chiens... Si l'oncle en question a bien été exécuté, point de canidés dans cette histoire. De la même façon, les médias asiatiques ont soutenu que le ministre de la Défense, condamné à mort, avait été abattu à grands coups de canons anti-aériens... Encore une belle légende.

Alors, lorsque les autorités cambodgiennes découvrent que deux médecins nord-coréens sont morts d'une crise cardiaque au même endroit, au même moment... forcément, ça interpelle. L'histoire se passe à Phnom Penh, la capitale cambodgienne. Selon un journal local, An Hyong Chan, 56 ans et Rimun Chol, 50 ans, tous les deux médecins et originaires de la Corée du Nord sont vraisemblablement sortis faire la fête, le 3 janvier dernier. Ils ont consommés ''de nombreux coktails'' avant de retourner à leur adresse où les attendaient leurs femmes et pas moins de 14 autres de leur concitoyens, dont ignore l'identité et les fonctions.

Selon le rapport de police, les deux femmes, elles-aussi médecins, constatent que leurs maris sont mal en point: 40 degrés de fièvre et un pouls particulièrement faible... ''Nous avons alors essayé de les sauver en injectant des médicaments et du sérum pour endiguer l'intoxication, mais une heure après, ils ont fait un arrêt cardiaque et sont morts'' a expliqué l'une d'elle à la police. Plus étrange encore, l'une des deux victimes a des marques de griffures sur le ventre et le torse. Mais l'affaire va rapidement être refermée par les autorités cambodgiennes, qui se satisfont très bien de l'explication des femmes : l'homme se serait mutilé lui même, à cause de la douleur intense qu'il a ressenti. L'ambassade nord-coréenne approuve. L'affaire est désormais close et les zones d'ombres sont nombreuses sur le sort des ces deux ressortissants.

Ce n'est pas la première fois que des médecins Nord-coréens font parler d'eux. En juin dernier, deux d'entre eux ont été arrêtés en Libye pour contrebande. Comme de nombreux autres confrères de ce pays en autarcie, ils s'adonnaient à des trafics douteux d'or et de matériel médical, au profit du dictateur Kim Jong-un. Et comme l'explique le magazine tunisien Al- Maghreb, le pays n'hésite pas à envoyer ses citoyens dans le monde pour s'assurer des revenus, souvent illégaux mais bien juteux. Deux expatriés ont ainsi été arrêtés au Mozambique en mai dernier pour trafic illégale de cornes de rhinocéros tandis qu'un diplomate a été interpellé dans un aéroport du Bangladesh avec 27 kilos d'or...

Selon un récent rapport de l'ONU, environ 50 000 Nord-coréens travaillent dans le monde entier et reverseraient 2/3 de leur salaire au régime de Pyongyang. Les revenus sont estimés entre 1,2 et 2,3 milliards de dollars par an. En revanche, difficile de savoir si la mort des médecins de Phnom Penh a un quelconque rapport avec les activités troubles du régime. Mais avec la Corée du Nord, tout est possible.