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"Il y a encore une rigidité structurelle dans le marché de l’emploi espagnol qui va être longue à corriger."
"Il y a encore une rigidité structurelle dans le marché de l’emploi espagnol qui va être longue à corriger."
©Reuters

Rayon de soleil

L'Espagne connait pour le troisième mois consécutif une baisse de son nombre de chômeurs. En mai, elle annonce 98 000 chômeurs de moins.

Daniela  Ordonez

Daniela Ordonez

Daniela Ordonez est en charge du suivi des finances publiques et de la problématique de la dette publique en zone euro, des pays d'Amérique latine et d'Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce).

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Atlantico : Le Service public de l'emploi (SPE), l'équivalent de Pôle emploi en Espagne, a annoncé une baisse de 1,97% du nombre de chômeurs dans le pays en mai, et ce pour le troisième mois consécutif. Comment peut-on expliquer cette baisse ? Faut-il l'attribuer à la politique menée par le gouvernement espagnol ? Ou à des facteurs plus conjoncturels ?

Daniela Ordonez : Cette baisse peut être imputée en partie à la saisonnalité, l’arrivée de l’été amène des emplois saisonniers. La question est de savoir de quels emplois il s’agit, s’ils vont perdurer une fois l’été terminé. On peut supposer également que les réformes du marché du travail effectuées par le gouvernement espagnol au cours des dernières années, commencent à faire leurs effets. Ces réformes avaient pour but de flexibiliser davantage le marché du travail : d’un côté pour licencier plus facilement lorsque l’économie est au plus mal ; mais aussi pour faciliter la création de l’emploi lorsque l’économie repart.

Il faut pondérer ces chiffres, et ne pas les surestimer, il s’agit essentiellement d’emplois saisonniers. Le nombre de CDI est au plus bas en Espagne. Même si la situation tend à s’améliorer, le chemin de lutte contre le chômage est encore long.

Cette baisse du chômage, peut-elle se pérenniser ? Pour quelles raisons ?

Un pays à 25% de taux de chômage n’est pas viable ni socialement ni politiquement. Le marché du travail espagnol est très dégradé comme l’est son activité. Il y a tout un changement dans l’appareil productif qui complique les déplacements de la main-d’œuvre d’un secteur à un autre. Par exemple, avant la crise, le secteur de la construction employait beaucoup de personnes, aujourd’hui ces personnes ne peuvent pas se retourner vers d’autres secteurs de façon aussi simple. Il y a encore une rigidité structurelle dans le marché de l’emploi espagnol qui va être longue à corriger. Mais des réformes positives sont en cours.

Une franche réduction du taux de chômage pourrait ne pas avoir lieu avant l’année prochaine, car la situation est encore fragile. Cette année la récession va perdurer.  Au mieux le taux de chômage pourra stagner.

Ce rayon de soleil dans l'économie espagnole peut-il mettre le pays sur des rails menant à la fin de la récession, comme le prédit l'économiste Edward Hugh qui a posté sur Facebook que "la deuxième grande récession en Espagne pourrait se rapprocher de la fin" ? Pourquoi ?

Les ajustements sont progressifs, il semblerait que le point bas a été atteint. La récession va cesser de s’approfondir, avec un retour de la croissance à partir de l’année prochaine en Espagne. La situation commence à s’améliorer, mais il faut tempérer car le retour de la croissance sera lent.

Ce qui est certain c’est que la consolidation budgétaire doit se poursuivre. La question est : à quel rythme ? La Commission européenne a assoupli les objectifs budgétaires exigés à l’Espagne en termes de réduction du déficit public. De ce fait, l’effet récessif de l’austérité sera moins important à partir de cette année. Mais, le gouvernement espagnol ne doit pas dévier de ce but de consolidation budgétaire s’il veut avoir une économie équilibrée pour permettre une croissance soutenable à terme. Il faut mettre en place des politiques de soutien à l’emploi, de qualification de la main-d’œuvre, pour aider la mobilité intersectorielle de la main d’œuvre, ainsi que viser des politiques de compétitivité pour renforcer le tissu industriel de l’Espagne.

Propos recueillis par Manon Hombourger

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