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L’endettement et ses moteurs !
©Bernadett Szabo / Reuters

Le pourquoi du comment

De 1995 à 2018, la dette totale (privée et publique) est passée, au sein de l’OCDE, de 200 à 260 % du PIB. Son envolée a commencé avant la crise de 2008.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Durant les huit années précédant la crise, la dette augmente de 20 points de PIB. Cette hausse est imputable à la baisse tendancielle des gains de productivité. Les Etats ont continué à augmenter les dépenses publiques en prenant comme référence une progression de ces gains autour de 2 %, soit plus d’un point au-dessus de leur niveau actuel. La grande récession de 2008 se traduit par une explosion de la dette publique qui atteint 110 % du PIB en 2012 contre 70 % en 2007. Elle est l’occasion d’un grand transfert de dettes. Cette explosion s’accompagne, en effet, d’un dégonflement de la dette des ménages qui passe de 120 à 108 % du PIB de 2008 à 2012. La dette des entreprises augmente, en revanche, à partir de la crise de 2008 en passant de 70 à 80 % du PIB. Une grande substituabilité des dettes entre les différents agents économiques est constatée ces dernières années. Les États ont ainsi récupéré avec la crise une partie des dettes du secteur bancaire, expliquant la brusque augmentation de leur endettement. Le transfert au détriment des pouvoirs publics a été facilité par la mise en œuvre des politiques de rachats d’obligation d’État décidées par les banques centrales et par le maintien de taux historiquement bas. En outre, l’aversion croissante aux risques a poussé les investisseurs à privilégier les titres publics. Au sein de l’OCDE, les taux d’intérêt à 10 ans sur les emprunts d’État sont passés de 8 à moins de 2 %. Depuis la crise, à l’exception de l’Allemagne, les dettes publiques sont, dans les pays de l’OCDE, soit juste stabilisées, soit en hausse. 


La progression de l’endettement des Etats, au-delà de l’effet crise, est liée à celle des dépenses sociales. Du fait du vieillissement de la population, les dépenses publiques sont, de plus en plus, déconnectées de la croissance, des gains de productivité. Le vieillissement accroît les dépenses de retraite, de santé et de dépendance. Il pèse sur les recettes publiques car il s’accompagne d’une contraction ou d’une moindre progression de la population active. Le passif social des États a tendance à augmenter. Il se situe bien souvent à plus de 200 % du PIB, ce qui ne peut que provoquer à terme une augmentation substantielle de l’endettement. Les administrations publiques, du fait d’importants recrutements dans les années 80, sont confrontées au vieillissement de la population active. Cette problématique est un des points clefs de la future réforme des retraites. Avec le futur régime universel, l’uniformisation des taux de cotisation pourrait aboutir à sortir du champ budgétaire une partie des dépenses de retraite des agents publics.
Si aux Etats-Unis, l’endettement des ménages est en retrait, il en est différemment en Europe. Il est alimenté par l’augmentation des valeurs des différents actifs et en particulier de l’immobilier. Ce mouvement est favorisé par l’accroissement des liquidités. Au sein de l’OCDE, le prix des maisons a été ainsi multiplié par 2,5 depuis 1995. 


Les entreprises et les investisseurs sont enclins à s’endetter du fait des effets de levier. La forte croissance des indices boursiers qui ont battu record sur record ces quatre dernières années (à l’exception du CAC 40) confortent cette tendance. Les entreprises s’endettent de plus en plus aux Etats-Unis pour racheter les actions afin d’améliorer les revenus immédiats des actionnaires. 


Depuis 2012, l’endettement global est en hausse en raison d’une mauvaise appréciation de la croissance. Aux Etats-Unis, la mise en œuvre du plan fiscal par Donald Trump conduit à faire passer la croissance américaine au-dessus de sa croissance potentielle. Les agents économiques peuvent considérer que cette croissance est amenée à perdurer et peuvent donc s’endetter au-delà de raison. La progression de la dette est actuellement donc imputable à la politique expansionniste des banques centrales, au refus de lutter contre la hausse des prix de l’immobilier et par une surévaluation de la croissance. 


Changer d’emploi ou de métier, du souhait à l’obligation 


Selon une étude réalisée par l’INSEE, 13 % des personnes en emploi, âgées de 20 à 50 ans, souhaitaient, en 2015, changer de métier. Les motivations de ce souhait sont nombreuses : 


évolution jugée naturelle de la carrière professionnelle ;

aspiration à de meilleures conditions de travail ou de rémunération ;

recherche de conciliation entre vies familiale et professionnelle ;

reconversion après une période de chômage, d’inactivité ou après un déménagement.


La mobilité professionnelle prend des formes très variées. Elle peut se dérouler en interne au sein de l’entreprise ou en changeant d’employeur et conduire à rester ou non dans le même domaine professionnel. Elle peut se traduire par une promotion ou, inversement, un déclassement. Toujours selon la même enquête de l’INSEE, 22 % des personnes âgées de 20 à 50 ans en 2010, en emploi en 2010 et en 2015, ont changé de métier entre ces deux dates. 16 % ont opté pour un nouveau secteur d’activité. 

Les personnes amenées à changer de métiers ont des profils différents. Les jeunes, les femmes, les actifs en statut précaire sont les plus concernés par les changements de métier. 


Les jeunes en première ligne


De manière assez logique, les changements de métier sont plus fréquents chez les jeunes que chez les plus âgés. Les personnes âgées de 20 à 29 ans en 2010 ont changé de métier deux fois plus souvent, entre 2010 et 2015, que celles de 40 à 50 ans. Ce changement peut être souhaité ou subi en cas d’incapacité à trouver un emploi. Il peut s’inscrire dans le cadre d’un réajustement de la carrière. 


La vie de famille, une contrainte ou pas à la mobilité professionnelle


Les femmes sont amenées à changer plus souvent d’activité (écart de 6 points avec les hommes). Plus fréquemment employées à temps partiel et en CDD, elles doivent souvent passer d’un métier à un autre. Par ailleurs, elles peuvent être contraintes de s’adapter aux évolutions de carrière de leur conjoint. 


Vivre en couple réduit la probabilité de changer de métier (-8 points) par rapport aux célibataires. La présence d’enfants a un effet différencié selon le sexe du parent. Avoir au moins un enfant diminue la probabilité de changer de métier des hommes. Pour les femmes, la probabilité de changer de métier n’est pas significativement modifiée au premier ou au deuxième enfant, mais elle augmente à partir du troisième. Les femmes adaptent leur vie professionnelle en fonction des contraintes familiales. Elles peuvent renoncer à un emploi trop chronophage ou soumis à des horaires incompatibles avec la gestion des enfants. 


Les moins diplômés, aussi mobiles que les diplômés


Les moins diplômés ont plus de problèmes techniques pour changer de métier mais sont confrontés à une plus grande précarité professionnelle, ils sont amenés à évoluer plus fréquemment que les autres actifs. A contrario, quand ils obtiennent un poste stable, ils peuvent être enclins à ne pas en changer. Les diplômés ont moins de problèmes d’insertion mais peuvent changer plus facilement d’horizon professionnel. De ce fait, il n’est pas étonnant que la mobilité soit la même entre diplômés et non diplômés. 

Les titulaires de CDD sont plus mobiles


Fort logiquement, le changement de métiers est plus fréquent pour les emplois les moins stables et les contrats de travail précaires (intérim, CDD). Du fait d’une sécurité professionnelle plus forte, les fonctionnaires changent quatre fois moins souvent de métier que ceux qui n’ont pas de contrat à durée indéterminée (CDI). 


Les Parisiens plus mobiles que les provinciaux 


Du fait du plus grand nombre de postes disponibles, la probabilité de changer de métier est plus forte en région parisienne que dans le reste de la France métropolitaine. La densité de moyens de transports publics facilite également les changements professionnels.


Les immigrés changent fréquemment de métier


Les immigrés originaires d’un pays non européen sont plus souvent confrontés à la nécessité de changer de métier (+11 points par rapport à la moyenne de la population active non immigrée). Souvent employés en contrats à durée déterminée et sur des postes ingrats, ils sont contraints de changer plus souvent que la moyenne d’emploi.


Bâtiment, restauration, des secteurs à forte mobilité 


Les métiers soumis à concours ou à accès réglementé donnent lieu à une forte mobilité. C’est le cas notamment des emplois au sein de l’administration, des notaires et des professions de santé. Les changements de métier sont les plus rares dans les domaines de l’éducation et de la formation (5 % des cas), de la santé, de l’action sociale, culturelle et sportive (9 %) et, dans le domaine de l’administration publique, des professions juridiques et de l’armée ou de la police (19 %). Ces métiers font également partie des domaines professionnels qui connaissent le moins de passage par le non-emploi : 5 % environ des personnes qui travaillent dans les domaines de l’éducation-formation et de l’administration publique, des professions juridiques et de l’armée ou de la police ont connu une période de non-emploi entre 2010 et 2015. En revanche, dans le bâtiment, dans l’hôtellerie et la restauration, les changements sont beaucoup plus fréquents. Dans ce dernier secteur, 86 % des personnes ayant changé de métier travaillent pour une autre entreprise. La fréquence de passage par le non-emploi est importante. 


Dans le domaine de l’agriculture, de la marine et de la pêche, le changement de métier est relativement plus rare (12 %), et ce malgré des conditions de travail souvent pénibles Ancrés à un territoire, ces métiers se distinguent aussi par la plus faible mobilité résidentielle (18 % des personnes ont déménagé dans les cinq ans) et la rareté des formations ou des promotions. Les métiers de coiffeur et d’esthéticien ne comptent que 9 % de changements de métier. Le statut d’indépendant concourt à la stabilisation de l’activité professionnelle. Dans les deux métiers précédents, plus de la moitié des actifs ont ce statut. 


Plus étonnant, les professionnels des arts et du spectacle sont 84 % à rester, sur une période de 5 ans, au sein du même métier. Deux sur dix sont indépendants et trois sur dix sont salariés sans contrat à durée indéterminée. Le statut protecteur des intermittents du spectacle explique la forte stabilité. Cette dernière n’est pas sans lien avec le fait que de nombreux professionnels du spectacle ont opté pour ce métier par passion et par choix. 


Dans le secteur de la banque et de l’assurance, le changement de métier s’effectue souvent en interne. 62 % des personnes ayant changé de métier ont le même employeur que cinq ans auparavant. Ce secteur est celui qui connaît le plus fort taux de promotion interne.


Le changement est gagnant


Selon l’INSEE, la mobilité est deux fois plus souvent ascendante que descendante. Quatre personnes sur dix appartiennent à un groupe social plus élevé que cinq ans auparavant quand deux sur dix enregistrent une dégradation de leur situation. Par ailleurs, les personnes qui changent de métier perçoivent davantage une amélioration de leurs conditions de travail au cours des cinq ans que les autres (50 % contre 24 %). 

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