L'école catholique Monseigneur Cuminal d'Amiens plie bagages : les habitants de la HLM voisine y déversaient leurs ordures<!-- --> | Atlantico.fr
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Le quartier d'Etouvie, à Amiens.
Le quartier d'Etouvie, à Amiens.
©RICHARD SANTIAGO / AFP

Une défaite

Le match entre les deux était par trop inégal.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il nous faut convoquer ici le droit du sol. On ignore quand cette école a été construite. Avant la barre d'immeuble qui la jouxte ? Après ? Dans la première hypothèse, cet établissement confessionnel est chez lui. Dans la seconde, il est chez eux.

Dans ce cas, les autorités ecclésiastiques du diocèse d’Amiens ont été bien imprudentes d'installer une école arborant la croix dans un quartier sensible où la vue de ce symbole offense les vrais croyants. Peut-être même y ont-ils vu une provocation...

En bas de la barre HLM, il y a des poubelles. Leur présence est parfaitement superflue. En effet, les habitants de cet immeuble préfèrent – par paresse, pour chasser l'intrus catholique ? - jeter leurs déchets par les fenêtres. Ils tombent pile dans la cour de l'école transformée ainsi en dépotoir. Les photos sont parlantes. Ordures en tout genre, bouteilles, mégots, des vieux frigos...

Tout cela est accompagné banalement de rodéos sauvages et de trafics de drogue. Alertée à plusieurs reprises, la ville d'Amiens a déclaré forfait. En effet, la législation en vigueur interdit aux caméras de vidéosurveillance de filmer des fenêtres, ce qui aurait permis d'identifier ceux qui jettent leurs déchets.

Sachant le combat perdu, ou étant dans l'incapacité de le mener, l'école Monseigneur Cuminal a décidé de fermer ses portes. Dans la barre d'immeuble, on exulte. Une victoire contre le catholicisme, c'est toujours bon à prendre. Il y a ainsi des quartiers d’Amiens où une école catholique n'est pas chez elle. Des quartiers où les tenants d'une autre religion sont chez eux. Et ils ont choisi pour vaincre une arme bien plus originale et plus efficace que le sabre : les ordures...

Ce triste épisode amène à se poser une question importante : quand donc est-on chez soi ? La langue allemand a un mot, Heimat, pour le dire. Heimat, c'est la vraie patrie, la ville ou le village où l'on a grandi, la maison qu'on habite.

Le poète Heinrich Heine en a donné une belle définition. Le Heimat, a-t-il écrit, c'est une maison avec un toit de chaume. Devant la porte de la maison, une jatte de beurre frais et un récipient rempli de lait.

Devant la maison, un grand jardin avec des arbres. A leurs branches, écrit encore Heine, sont accrochés « les corps de mes ennemis ». En effet, la préservation du Heimat a un prix. Merci, bien sûr, de n'y voir qu'une parabole. Nous ne souhaitons pendre personne. Pour notre part, nous nous contenterions de voir les habitants de la HLM contraints par une décision de justice de passer un certain nombre d'heures dans le dépotoir qu'ils ont créé.

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