Journée mondiale du Sida : 70% des cas supposés aux États-Unis ne sont pas sous contrôle. Et en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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70% des personnes infectées aux États-Unis ne seraient pas sous contrôle médical.
70% des personnes infectées aux États-Unis ne seraient pas sous contrôle médical.
©Reuters

Se protéger et se dépister

Cette présente journée mondiale de lutte contre le Sida veut sensibiliser le grand public sur l'extension de la pandémie sur tous les continents, inciter chacun à se protéger et se faire dépister. Une démarche plus que jamais indispensable : une étude de la CDC (Centers for Disease Control and Prevention) indique en effet que 70% des personnes infectées aux États-Unis ne seraient pas sous contrôle médical.

Christopher Payan

Christopher Payan

Christopher Payan est virologue au CHU de Brest et professeur à la faculté de médecine de l'université de Bretagne Occidentale (Brest).

Il est l'un des auteurs de Mini manuel de microbiologie (Editions Dunod)

Voir la bio »

Atlantico : Selon une étude conduite par la CDC (Centers for Disease Control and Prevention), sur les 1,2 million de personnes vivant avec le VIH aux États-Unis en 2011, moins de trois sur dix seraient sous contrôle. 20% des cas supposés n'auraient jamais été diagnostiqués, et environ 66% des diagnostiqués ne seraient pas pris en charge. 70% des personnes infectées aux Etats-Unis ne seraient en ce sens pas sous contrôle. Qu'en est-il en France ?

Christopher Payan :En France, il est estimé environ 150 000 sujets vivant avec le VIH, un peu moins de 30 000 ne connaissent pas leur statut. Il y aurait un peu plus de 5 millions de tests de dépistage par an, 77% seraient faits en ville sur prescription des généralistes.

Il y a 8 fois plus de tests rapides réalisés en 2013 avec 32 000 tests réalisés pour faciliter l'accès au dépistage. Ces tests sont autorisés depuis 2 ans en France et aux Etats-Unis. Ainsi, près de 6400 nouveaux cas ont été identifiés en 2012 dans le cadre des maladies à déclaration obligatoire auprès de l'InVS (institut de veille sanitaire), mais cela représente environ 1200 sujets de moins dépistés positifs par rapport à 2003 sur près de 4,8 millions de sujets dépistés.

Près de 70% ont un taux de CD4<500/mm3 soit dans les indications du traitements. Près de 90% des sujets traités sont indétectables et donc contrôlés.

Comment expliquer cette différence entre France et Etats-Unis ? Les procédures de dépistages et la prise en charge des malades sont-elles plus systématiques en France ?

Il est probable que l'organisation en France favorise le dépistage, incitation du dépistage en médecine de ville, dans les associations de toxicomanes, les centres de dépistage anonyme et gratuit...

Elle est aussi favoriser par les actions dans chaque régions françaises des COREVIH, les coordinations regionales de lutte contre le VIH et au niveau national par l'ANRS depuis plus de 20 ans.

Sur l'aspect traitement et contrôle de l'évolution de la maladie, où en est-on ?

Les traitements depuis la mise en place des trithérapies en 1996 sont de plus en plus efficaces (près de 90% indétectables), sont toujours mieux tolérés et plus simples à prendre (combinaison de molécules en une prise) ce qui en améliore l'observance et donc l'efficacité.

Combien de nouvelles contaminations recense-t-on chaque année en France ? Quels sont les principaux bassins géographiques concernés ?

Plus de 6 000 nouveaux cas par an selon les données MDO InVS 2013. L'IDF concentre près de la moitié des cas.

Le facteur sociologique est-il déterminant ? Ou s'agit-il plus simplement des bassins géographiques surpeuplés ?  

Les populations les plus concernés sont les HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) (42%) en hausse depuis 2011 et les migrants (15%) mais en baisse depuis 2005, les toxicomanes ne représentent que 1% des cas dépistés.

Les populations à risque se retrouvent plus en IDF, il est important de renforcer le dépistage dans ces populations dont certaines sont marginalisées et en dehors des circuits de soins. C'est l'objectifs des journées de sensibilisation.

La clé pour le contrôle et le développement du VIH, c'est le dépistage précoce et la mise sous traitement des patients pour éviter la transmission du virus. En ce sens, faut-il tout axer sur les procédures systématiques et récurrentes de dépistage des populations les plus exposées, celles aussi n'ayant pas accès aux soins ?

Oui, un dépistage précoce et facilité pour les populations à risque (accès au dépistage par les tests rapides d'orientation diagnostic TROD ou POCT chez les anglo-saxon (point-of-care testing).

En ce jour mondial de lutte contre le sida, quelles autres pistes méritent d'être encore explorées ? Celle d'un vaccin unique ?

Non, le dépistage et l'accès au traitement reste la priorité. Il convient aussi de rappeler les messages de prévention, d'autres IST sont en recrudescence (syphilis, gonococcie...).

Pour le vaccin, on en parle depuis 20 ans, les progrès restent limités de par la forte diversité génétique du VIH qui échappe continuellement aux défenses immunitaires, cependant il reste un espoir qui réside chez les patients non-progresseurs (<1%), qui tolère le virus sans dégradation du système immunitaire, des pistes sont explorées dans ce sens aujourd'hui.

Propos recueillis par Franck Michel / sur Twitter

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