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Journée mondiale de l’orgasme : les Françaises bonnes dernières dans la course au plaisir
©Theiggsta / Flickr

Au bonheur des dames

À l'occasion de la "Journée Mondiale de l'Orgasme" organisée ce lundi 21 décembre, le site de webcam CAM4.fr a commandé à l’Ifop la première grande enquête internationale portant sur les freins et les sources du plaisir féminin.

 Ifop

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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François Kraus

François Kraus

François Kraus est Directeur des études politiques au département Opinion de l'Ifop.

 

 

 

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Dans quel pays occidental les femmes ont-elles le plus de difficultés à jouir ? Dans quel pays recense-t-on le plus de femmes qui simulent régulièrement un orgasme? Y a-t-il entre les pays des différences notables dans les pratiques ou les positions sexuelles les plus à même de les faire jouir ? 

À l'occasion de la « Journée Mondiale de l'Orgasme » organisée ce lundi 21 décembre, le site de webcam CAM4.fr a commandé à l’Ifop la première grande enquête internationale portant sur les freins et les sources du plaisir féminin. Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 8 000 femmes vivant dans les principaux pays d’Europe (France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas) et d’Amérique du Nord (États-Unis, Canada), ce sondage constitue une enquête de référence sur un sujet peu abordé dans les études internationales sur la sexualité alors même qu’il s’agit d’une des grandes questions de la sexologie depuis les travaux pionniers d’Alfred Kinsey. Il faut dire que la vision épidémiologique qui a imprégné les enquêtes de sexualité depuis l'explosion du sida n’a pas favorisé les travaux permettant d’évaluer l’efficacité des pratiques sexuelles sous l’angle de l’accès au plaisir et à l’orgasme.

Si elle confirme les enseignements de la dernière étude réalisée sur le sujet auprès des Françaises (cf. étude Ifop/Cam4 – Décembre 2014), cette enquête internationale met surtout en lumière le fait que c'est en France que les difficultés à atteindre l’orgasme affectent le plus de femmes.

Les 5 chiffres clés de l’enquête :

  • 49% des Françaises admettent avoir « assez régulièrement » des difficultés à atteindre l’orgasme, soit le niveau le plus élevé de tous les pays investigués dans le cadre de l’enquête.
  • 37% des Françaises ont joui « au moins une fois par semaine » ces trois derniers mois, soit la plus faible proportion observée dans les pays interrogés en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
  • 52% des Françaises déclarent avoir « souvent » joui avec un partenaire au cours de leur vie, soit un taux très en deçà de celui mesuré dans les autres pays occidentaux.
  • 31% des Françaises simulent « assez régulièrement » l’orgasme avec leur partenaire, soit le niveau le plus élevé observé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.

Une Française sur deux admet avoir régulièrement des difficultés pour jouir…

Les Françaises occupent la première place du podium pour ce qui est du nombre de femmes ayant des difficultés à obtenir un orgasme : 

  • En effet, la moitié des Françaises (49%) actives sexuellement au cours des douze derniers mois admettent avoir « assez régulièrement » des difficultés pour jouir, soit le taux le plus élevé des huit pays investigués dans le cadre de l’enquête.
  • A titre de comparaison, la proportion de femmes ayant régulièrement des difficultés à atteindre l’orgasme est à peine de 28% aux Pays-Bas et d’environ 40% en Espagne (40%), au Royaume-Uni (41%) et en Allemagne (42%). 

Sur ce plan, les difficultés des Françaises les rapprochent donc plutôt de leurs voisines italiennes (46%) et de leurs cousines canadiennes (46%), en particulier francophones, qui sont les seules à en être affectées dans les mêmes proportions (50%, contre 45% chez les anglophones).

A peine plus d’une Française sur trois a au moins un orgasme par semaine

Les Françaises se situent aussi en bas de tableau en ce qui concerne la fréquence d’orgasme et ceci qu’elles soient ou non en couple actuellement :

  • Que ce soit avec ou sans partenaire, les Françaises sont à peine plus d’un tiers (37%) à avoir joui « au moins une fois par semaine » ces trois derniers mois, soit la plus faible proportion observée dans les pays interrogés en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
  • A l’exception du Canada, c'est d’ailleurs en France que la part de la population féminine n'ayant jamais eu d'orgasme est la plus élevée : 8%, soit presque deux fois plus que dans les pays germaniques (3% en Allemagne et au Pays-Bas) ou les pays latins (5% en Italie et en Espagne).

  • En ce qui concerne l’absence totale d’orgasme au cours de la vie, les Françaises se situent finalement à un niveau plus proche des pays à dominante anglo-saxonne tels que le Canada (10%), le Royaume-Uni (8%) et, dans une moindre mesure, les États-Unis (6%). 

 La sexualité de couple : une source de frustration particulièrement forte pour les Françaises

Si elles ont généralement une sexualité plus épanouie que les célibataires, les Françaises en couple semblent souffrir plus qu’ailleurs d’une certaine frustration lors de leurs ébats :

  • C'est en France que la proportion de femmes ayant « souvent » joui avec un partenaire au cours de leur vie est la plus faible : 52%, soit un taux très en deçà de celui mesuré par exemple chez leurs voisines latines (69% en Italie, 67% en Espagne) ou américaines (ex : 64% aux États-Unis).

  • Moins de la moitié des Françaises actuellement en couple (46%) jouissent au moins une fois par semaine, soit à peu près autant que les Allemandes (45%) et les Britanniques (46%) mais nettement moins que les Néerlandaises (58%) ou les habitantes des pays du Sud de l’Europe ou du Nord de l’Amérique. 

A peine sept Françaises sur dix ont eu un orgasme au cours de leur dernier rapport sexuel

Cette particularité des Françaises apparaît également lorsqu’on les interroge plus spécifiquement sur leur activité sexuelle récente :

  • En effet, une Française sur quatre (25%) n’a pas eu un orgasme au cours de son dernier rapport, soit le taux d’échec le plus élevé de tous les pays investigués après le Canada (26%). À titre de comparaison, ce taux n’est que de 13% chez les Néerlandaises et de 18% chez les Espagnoles.
  • La proportion de leurs partenaires – très massivement de sexe masculin – à ne pas avoir joui à cette occasion est, elle, beaucoup plus marginale (6% en moyenne en France) mais elle n’en reste pas moins à un niveau record par rapport aux autres pays européens.

La franchise dans le couple : un point faible des Françaises

Sur ces questions, les Françaises semblent faire preuve de beaucoup moins de franchise à l’égard de leurs partenaires que les Américaines ou les autres Européennes :

  • En effet, près d'une Française sur trois (31%) admet simuler « assez régulièrement » un orgasme avec son partenaire actuel, soit le niveau le plus élevé observé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
  • Toutefois, lorsqu’on leur demande si elles ont déjà simulé au moins une fois avec leur partenaire actuel, les Françaises (56%) partagent la tête du peloton avec les Américaines (57%), devant les Allemandes (54%) et les Britanniques (50%).
  • À noter que sur ce point, les Françaises se distinguent nettement de leurs voisines latines chez lesquelles on compte le moins de femmes ayant déjà simulé un orgasme au cours de leur vie : au total, 62% des femmes ont déjà simulé en France, contre 51% en Espagne et 52% en Italie. 

 En France plus qu’ailleurs, la sexualité de couple semble encore trop « phallocentrée »

Une des pistes d’explication tient peut-être au fait qu’en France plus qu’ailleurs, les pratiques sexuelles les plus fréquentes ne sont pas celles qui favorisent le plus une réaction orgasmique féminine. C'est particulièrement net pour la pénétration vaginale stricto sensu :

  • En effet, c'est en France que la pénétration vaginale est la plus fréquente : 82% des Françaises la pratiquent « souvent », soit une proportion beaucoup plus forte que dans les pays anglo-saxons (60% au Royaume-Uni, 64% au Canada, 70% aux États-Unis) mais aussi dans les pays de culture latine (72% en Italie, 74% en Espagne) ou germanique (74% en Allemagne, 73% en Hollande).
  • Or, à l’exception des Allemandes, c'est parmi les Françaises que l’on compte le moins de femmes qui jouissent aisément de la sorte : seules 26% des Françaises déclarent jouir « très facilement » grâce à une pénétration vaginale au sens strict, soit nettement moins que ce que l’on observe par exemple chez les Italiennes (33%) ou les Américaines (34%). 

A l’inverse, des activités sexuelles plutôt efficaces comme la masturbation ou la double stimulation (clitoridienne et vaginale) semblent y être pratiquées moins régulièrement que dans les autres pays étudiés.

  • En effet, c'est en France que la pénétration vaginale accompagnée d’une stimulation clitoridienne est pratiquée la moins fréquemment – seule une Française sur trois (34%) déclare la pratiquer « souvent » – alors même qu’il s’agit pour elles de la pratique leur permettant d’atteindre le plus facilement l’orgasme : 77% y parviennent « assez facilement ».
  • De même, après l’Italie (44%), c'est en France que la pratique de la masturbation semble la moins fréquente : 54% des Françaises s’y adonnent « assez régulièrement », contre près des trois quarts des Néerlandaises (73%), six Espagnoles sur dix (60%) et à peu près autant d’Américaines (58%) et de Canadiennes (59%). 

Enfin, il semble qu’en France certaines pratiques comme les caresses du sexe féminin avec la main ou avec la bouche procurent moins facilement d’orgasme que dans les autres pays – notamment les pays anglo-saxons – alors même qu’elles y sont effectuées assez régulièrement.

  • Ainsi, le cunnilingus est très fréquemment pratiqué en France – 39% des Françaises se font « souvent » lécher le sexe, soit la proportion la plus importante après les Américaines (40%) – alors même que c'est dans ce pays que cette caresse est la moins efficace : « seules » 29% des Françaises jouissent aisément de la sorte, soit le taux le plus faible de tous les pays étudiés. 

LES PRATIQUES PERMETTANT D’ATTEINDRE L’ORGASME LE PLUS FACILEMENT

 Un plus grand penchant des Françaises pour des positions où la femme est passive

L'observation des positions sexuelles les plus pratiquées par les Françaises montre aussi qu’elles adoptent moins souvent que la moyenne des positions leur permettant de jouir le plus facilement dans le cadre d’une pénétration vaginale :

  • En effet, lorsqu’on étudie le « TOP 3 » des positions les plus pratiquées, on remarque qu’une position comme l’andromaque, où la femme est active, est pratiquée moins régulièrement par les Françaises (64%) que par l’ensemble des femmes des différents pays étudiés (68%).
  • À l’inverse, les positions où l’homme est actif sont sensiblement plus pratiquées en France qu’ailleurs : 94% pour le missionnaire (contre 93% en moyenne) et 71% pour la levrette (contre 69% en moyenne). 

Or, ces différences avec les pratiques observées dans les principaux pays d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord ne sont pas sont conséquences sur le plaisir des Françaises dans la mesure où c'est souvent les positions les moins pratiquées qui sont pour elles les plus jouissives :

  • C'est très net lorsqu’on compare la pratique régulière de l’andromaque (64%) avec celle de la levrette (71%), sachant que l’écart entre les deux positions s’avère beaucoup plus important en France (7 points) que celui observé en moyenne dans les différents pays (environ 2 points).
  • Or, la proportion de femmes parvenant facilement à l’orgasme lors d’une levrette (56%) est, en France comme ailleurs (57%) plus faible que la part de la population féminine jouissant aisément dans la position de l’andromaque (58% en France, 63% en moyenne).

LES POSITIONS PERMETTANT D’ATTEINDRE L’ORGASME LE PLUS FACILEMENT

De manière plus générale, les Françaises semblent apprécier un peu moins ces différentes positions que les femmes des autres pays occidentaux, à l’exception notable de la cuillère, dont l’impact positif est sensiblement supérieur en France (48%) à la moyenne de tous les pays étudiés (45%). 

François Kraus : Si les Françaises souffrent de plus de difficultés à jouir que les autres femmes occidentales, ce n'est pas seulement en raison de certaines leurs particularités : les taux élevés d’activité, de célibat ou de consommation de médicaments observés dans la population féminine hexagonale ne créant pas les conditions physiques ou psychologiques les plus favorables à un épanouissement sexuel (ex : fatigue, stress, situation sentimentale instable, baisse de la libido…).

Au regard des résultats de l’étude, leur singularité tient également au fait que les Françaises pratiquent moins souvent les techniques permettant en général aux femmes de jouir plus facilement comme la masturbation ou la double stimulation (clitoridienne et vaginale). En effet, en France plus qu’ailleurs, l’accès des femmes à l’orgasme semble freiné par une sexualité de couple encore trop « phallocentrée » : les pratiques sexuelles réalisées le fréquemment (ex : pénétration vaginale) n’étant pas celles qui favorisent le plus l’orgasme féminin. Certes, ce décalage entre leur prévalence et leur efficience s’observe dans l’ensemble des pays occidentaux mais il s’avère particulièrement important en France.

Fiche technique 

Etude Ifop pour CAM4 menée du 3 au 12 novembre 2015 par questionnaire auto-administré en ligne auprès d’un échantillon de femmes âgées de 18 à 69 ans, extrait d’un échantillon représentatif de la population féminine de 18 ans et plus résidant dans les pays suivants :

Dans chaque pays, l’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon dont la représentativité a été assurée par la méthode des quotas (âge, profession de la personne interrogée, état matrimonial légal) après stratification par région. Les données assurant la représentativité des résultats sont issues des données fournies par : - The European Union Labour Force Survey (EU LFS 2011) pour les pays européens 

- The Current Population Survey (CPS 2015) pour les États-Unis 

- The Census (Census 2011) pour le Canada 

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