JO de Tokyo : mais qu’est-ce qui fait vraiment un champion olympique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La médaillée d'or française Clarisse Agbegnenou célèbre lors de la cérémonie de remise des médailles du judo féminin des -63kg lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le 27 juillet 2021.
La médaillée d'or française Clarisse Agbegnenou célèbre lors de la cérémonie de remise des médailles du judo féminin des -63kg lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le 27 juillet 2021.
©FRANCK FIFE / AFP

Chemin vers la réussite

Force mentale ou capacité physique exceptionnelle, qu’est-ce qui différencie vraiment le commun des mortels des médaillés d’or ?

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard est un médecin du sport français. 

Il a exercé à l'Institut national des sports de 1974 à 1979 et suivi en tant que médecin la plupart des grandes épreuves cyclistes, notamment le Tour de France à trois reprises de 1973 à 1975 où il était en charge des contrôles anti-dopage.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages de médecine du sport dont six sur le dopage sportif. Il est l'auteur du livre : Tour de France : tous dopé ? (Editions Hugo doc, 2011) ainsi que de "Dopage dans le football, la loi du silence", éd. Gawsewitch, 2010, "33 vainqueurs du Tour de France face au dopage", éd. Hugo-Sport, 2011, "Histoires extraordinaires des géants de la route", éd. Hugo-Sport, 2012, "Les Grandes Premières du Tour de France", éd. Hugo-Sport, 2013

 

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Atlantico : De quoi sont vraiment faits les champions olympiques ? Entre le physique et le mental, qu'est-ce qui joue le plus ?

Jean-Pierre de Mondenard : Dans les premières étapes d'une compétition, le physique, la technique, la tactique et l'ensemble des qualités propres à un sportif sont mobilisées. Arrivé en finale, on se retrouve avec des sportifs de haut-niveau qui ont à peu près tous les mêmes valeurs physiologiques. A partir de là, c'est donc le mental qui fait la différence.

Plusieurs sportifs se sont exprimés sur le sujet. Pour l'international de rugby Serge Blanco, "les qualités sportives comptent pour 60% mais 40% doivent correspondre à des qualités mentales ou morales". C'est parmi les sportifs que j'ai écouté s'exprimer sur le sujet celui qui donne la plus petite proportion au mental - c'est peut-être lié à son sport, le rugby, qui est une sorte de combat physique permanent. Maurice Rousseau, entraîneur de Michel Jazy (l'athlète français star des années 60) estime que "pour un athlète de haut-niveau, les qualités athlétiques comptent pour 40% et la force psychologique pour 60%". Le footballeur international Jérémy Toulalan dit aussi jouer "au mental" :  "Je pensais que c'était 60% de la performance, maintenant je pense que c'est 70% à 80%." L'entraîneur de Mike Tyson raconte que pour lui la boxe était à 90% psychologique. 

Enfin, pour le médecin de l'équipe américaine aux JO de 1984, Edmund Burke, "l'entrainement c'est 90% de physique et 10% de mental, la course c'est 90% de mental et 10% de physique".

Je me souviens qu'à l'époque où le Belge Eddy Merckx dominait le cyclisme, les meilleurs coureurs français avaient environ les mêmes résultats aux tests d’effort (oxygénation musculaire et puissance). Pourtant c'était toujours le même qui gagnait... le Cannibale (surnom de Merckx).

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Comment le mental influe-t-il sur le physique ?

Si l'on est sûr de soi et de ses performances, tous les mécanismes sont boostés : réflexes, temps de réaction, circuits neuro-musculaires... Le mental permet aussi d'aller plus loin que les autres dans la contrainte. On pense notamment au cyclisme où c'est souvent celui qui résiste le plus longtemps dans la douleur qui l'emporte. C'est faux de dire que les champions "dépassent" leurs limites. Si on dépasse ses limites, on explose. Il faut plutôt dire que les champions explorent les limites de leur corps.

Quelles qualités met-on derrière le "mental" ? 

Le mental, c'est avant tout la confiance en soi. Plusieurs éléments la déterminent : les performances à l'entraînement, la forme du moment, le fait d'avoir déjà rencontré son adversaire et de l'avoir battu, l'entourage, la préparation mentale, etc. Aujourd'hui, beaucoup de sportifs englobent leur préparateur mental dans leur réussite. De plus en plus, les sportifs de haut-niveau ont un staff individuel, plus personnalisé que celui de l'équipe.

Le mental, c'est aussi avoir une présence et un comportement qui impressionnent l'adversaire. Montrer à l’autre qu’on est le meilleur. Dans le livre "Le système Manaudou", la nageuse Laure Manaudou raconte : "Dans la chambre d'appel, je regardais fixement mes adversaires et déjà j'avais gagné. C’est normal de vouloir faire peur. Je veux gagner et je le montre."

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