Jean-Bernard Pinatel : « Para un jour, para toujours »<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Bernard Pinatel publie "L'esprit guerrier 62 ans en 100 histoires et 9 vies au service de la France et de ses entreprises" aux éditions Balland.
Jean-Bernard Pinatel publie "L'esprit guerrier 62 ans en 100 histoires et 9 vies au service de la France et de ses entreprises" aux éditions Balland.
©Balland Editions / Jean-Bernard Pinatel / DR / Capture d'écran

Bonnes feuiles

Jean-Bernard Pinatel publie "L'esprit guerrier 62 ans en 100 histoires et 9 vies au service de la France et de ses entreprises" aux éditions Balland. A travers ses mémoire, le Général Pinatel retrace plusieurs décisions politiques qui font partie de l'histoire de la France et de son environnement stratégique. Extrait 1/2.

Jean-Bernard Pinatel

Jean-Bernard Pinatel

Général (2S) et dirigeant d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d'intelligence économique.

Il est l'auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014. En mai 2017, il a publié le livre Histoire de l'Islam radical et de ceux qui s'en servent, (éditions Lavauzelle). 

Il anime aussi le blog : www.geopolitique-géostratégie.fr

Voir la bio »

À 18 ans, certains passent leur bac ou leur permis de conduire. Moi, je suis devenu para.

Pourquoi ? L’envie qui me taraudait était sans aucun doute liée à la volonté de me dépasser, de faire partie d’une élite. Le goût de la provocation vis-à-vis de mes parents que je trouvais trop bourgeois n’y était certes pas étranger. Je voulais aussi ressembler à ces hommes dont j’admirais éperdument le courage. À mes yeux, l’esprit para est d’abord celui d’un soldat d’élite qui se porte volontaire dans toutes les missions que les autres refusent ou exécuteraient mal par manque de détermination.

Je me suis inscrit à la préparation militaire para avec plusieurs camarades de corniche au lycée Hoche de Versailles. Déjà, dans cette préparation à Saint-Cyr, il y avait ceux qui voulaient sauter et les autres. J’ai fait le premier de mes quatre sauts nécessaires à l’obtention du brevet prémilitaire à Orléans en juin 1958. Ce jour-là, le soleil levant est magique. Le bruit des moteurs du Nordatlas lancés à plein régime pour décoller est assourdissant, l’air froid matinal entre par les deux portes restées ouvertes de l’avion et balaye la cabine. Je suis dans un état second dans lequel la peur et la fierté se mêlent; j’ai passé la porte sans hésiter. Parachute ouvert, la descente dure environ une minute. Notre instructeur nous annonce que pour l’atterrissage, il faut tractionner « en direction du soleil ». Mon casque trop grand pour moi est mal fixé. Il me tombe sur le nez, je m’efforce de le mettre en place mais les suspentes appuient dessus et le repousse vers l’avant. Tout en bataillant, je cherche en vain le soleil et soudain le sol est déjà là. Je fais un atterrissage brutal sans encombre car le vent est heureusement très faible en cette matinée de juin et j’ai tractionné dans le sens du vent, ce qui a eu pour effet d’accélérer ma vitesse latérale au lieu de la freiner. Tout cela est irréel! Ce premier saut me remplit de fierté et de joie.

À  Saint-Cyr, nous ne fûmes que 45 sur 375 élèves  à passer notre brevet militaire au cours d’un stage à l’ETAP car à l’époque, on n’y envoyait que les volontaires. Le petit nombre de volontaires s’explique par le fait que beaucoup craignaient de voyager en avion, un peu comme au XIXe  siècle quand bon nombre de gens faisaient davantage confiance à leur cheval qu’aux premières automobiles.

Le para est celui qui choisit des modes d’action non conventionnels  en acceptant une prise de risque supérieure aux autres forces : mise en place par parachutage, utilisation de la surprise dans le moment, le lieu, les itinéraires; rusticité totale dans le mode de vie mais innovation permanente dans les moyens par intégration des techniques les plus sophistiquées. Le colonel Merglen3 avait écrit dans un de ses nombreux livres  : La victoire dépend très souvent moins de la masse des effectifs et des armements que de la façon originale et audacieuse d’engager aux moments et aux lieux imprévus une force réduite mais de haute capacité tactique et technique.

La devise des SAS britanniques : « Who Dares Wins » (Qui ose, gagne) en est la parfaite illustration.

C’est aussi une volonté spirituelle de s’élever au-dessus de la masse moutonneuse et qui souvent par lâcheté se couche, se soumet au lieu de faire face et de servir des valeurs universelles en acceptant de sacrifier sa vie pour les défendre. C’était vrai face au totalitarisme soviétique, c’est encore plus vrai aujourd’hui face aux islamistes. La prière du Para de l’aspirant Zinrheld, résume bien cet esprit qui a guidé toute ma vie.

« Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,

Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos,

ni la tranquillité,

ni celle de l’âme, ni celle du corps.

Je ne vous demande pas la richesse,

Ni le succès, ni même la santé.

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement,

Que vous ne devez plus en avoir!

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste,

Donnez-moi, ce que l’on vous refuse.

Je veux l’insécurité et l’inquiétude.

Je veux la tourmente et la bagarre,

Et que vous me les donniez, mon Dieu,

Définitivement.

Que je sois sûr de les avoir toujours.

Car je n’aurai pas toujours le courage.

De vous les demander. »

Extrait du livre de Jean-Bernard Pinatel, "L'esprit guerrier: 62 ans en 100 histoires et 9 vies au service de la France et de ses entreprises", publié aux éditions Balland

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