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Insécurité et prisons : la France en pleine descente aux enfers
©Reuters

Déchéance de nation

Évasions, trafics, magistrats submergés, chiffres de la criminalité : ces faits qui prouvent que la politique judiciaire et carcérale du gouvernement pose de gros problèmes.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Le "parti de l'ordre", section parisienne, en frémissait d'une joie mauvaise : le nouveau préfet de police, ma chère - Attila croisé pitbull ! Tour de vis... Fini le bazar. Et là, patatras. Début juin, en vue même de l'Elysée, à l'angle de ces Champs-Elysées soi-disant surveillés comme le lait sur le feu, deux malfrats attaquent une horlogerie (déjà braquée trois fois...) et raflent, croit-on, 200 000 euros de montres de luxe. Toujours en fuite à ce jour, les braqueurs low-tech (marteaux, etc.), au "look de gentlemen-farmers" n'avaient sans doute pas été avertis de la férocité du préfet de police, ni du "message de fermeté" du réjouissant sous-ministre Laurent Nunez.

Train-train, donc, dans le secteur le plus surveillé de Paris où Audemars-Piguet, Cartier, Chopard, Girard-Perregaux, Vacheron-Constantin et tant d'autres bijoutiers haut-de-gamme sont régulièrement ciblés ; nombre de passants étant, nuit et jour et en pleine rue, dépouillés de leurs montres de luxe.

Un symptôme entre autres de l'inexpérience-inappétence de la présidence Macron dans le domaine régalien - sinistré et dérivant depuis désormais deux ans. Mais ce n'est encore pas le pire, clairement situé désormais dans l'azimut de la justice. Là, la catastrophe est patente, Mme Belloubet menaçant désormais, à sa façon vacillante et confuse, de faire pire que calamity-Taubira. Qu'on en juge :

     • Les experts le savent : le nombre des évasions de prison est un sérieux test de la solidité et du sérieux d'un Etat-nation ; l'explosion du nombre des évadés étant d'usage un symptôme du désordre d'un pays - développé ou pas. Or fin mai, la France de Macron-Belloubet compte, en une seule semaine, presque autant d'évasions que dans tout 2018. Parmi les évadés, l'assassin Yassine A., toujours en fuite. "Le risque zéro n'existe pas" gémit la Chancellerie, qui encourage le bon peuple à "relativiser".

     • Les prisons encore. Quand ils ne s'évadent pas, les prisonniers se la coulent douce. Voici peu, certains ont d'ailleurs publié une vidéo-documentaire sur la bonne vie à la prison de Beauvais. Là, des détenus hilares exhibent de gros paquets de haschisch, des smartphones dernier cri et des liasses de billets de banque. Obtenus comment ? En mode pédagogue, le prisonnier -cinéaste filme aussi les jets de colis dans la prison.

     • Les magistrats. Submergés, harassés, voire au bord de la crise de nerfs ; contraints de jongler avec des normes et obligations (France, Europe) toujours plus tatillonnes, ils en viennent à rater des procédures pourtant élémentaires. Récemment à Poitiers, suite à un grave accident routier (un mort, un blessé grave), des magistrats débordés ont ainsi oublié de prévenir, puis de convoquer au procès, certaines parties civiles.

     • Pire que tout, l'ignorance des réalités en matière de traitement du crime. Chacun sait qu'à présent, la Grande-Bretagne vit une crise criminelle sévère : homicides, explosion du nombre des attaques à l'arme blanche par de jeunes gangsters, etc. Dans ce noir tableau, le rayonnant contraste de l'Ecosse. Là, à l'inverse du reste du Royaume-Uni, le crime violent s'effondre de - 35 % dans la décennie 2009-2018 (crimes non-sexuels, - 43%). D'abord dans la région de Glasgow, les violences avec armes et le nombre des jeunes malfaiteurs s'effondrent. Pourquoi ce réel et vaste succès ?

     - Une prévention intelligente d'abord, ciblant les jeunes ("No knives, better lives"),

     - Surtout, une durable politique de courtes peines de prison ferme (six mois) visant les porteurs d'armes blanches récidivistes. Deux fois arrêté avec un poignard ? Fini de rire - six mois pour juger entre quatre murs de l'effectivité de la sanction. On vient à Glasgow du monde entier étudier ce succès judiciaire.

Pas de Paris : pendant ce temps-là, Mme Belloubet supprime de notre panoplie judiciaire ces efficaces courtes peines ciblées. Cherchez l'erreur.

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