Inondations en Grande-Bretagne ou tornades aux Etats-Unis : le monde face à plus de catastrophes naturelles, vrai ou faux ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'état d'urgence a été décrété en Californie à cause des feux de forêts.
L'état d'urgence a été décrété en Californie à cause des feux de forêts.
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Destruction massive

Les inondations ont fait rage dans le nord de l'Angleterre ce week-end. La ville de York s'est notamment retrouvée engloutie par les eaux. A des milliers de kilomètres, aux Etats-Unis, tornades et tempêtes ont fait plus de 40 morts dans l'état du Texas. Les catastrophes naturelles semblent être de plus en plus récurrentes.

Frédéric Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : Le nord de l'Angleterre a subi d'importantes inondations ce week-end. Aux Etats-Unis ce sont les alentours de Dallas qui ont été ravagés par des tempêtes et des tornades. Encore une fois, les catastrophes naturelles paraissent plus fréquentes. Est-ce une réalité ou d'autres facteurs permettent d'expliquer une telle perception ? 

Frédéric Decker : Il n'y a rien de tellement nouveau en cet hiver 2015. Les catastrophes naturelles existent depuis la nuit des temps. 

Le fait est que, de nos jours, l'information va toujours plus loin et toujours plus vite. Où que nous soyons dans le monde, nous savons en quelques minutes si une tornade a frappé Moore, en Oklahoma ou si un typhon dévaste les Philippines. A cela s'ajoutent les technologies de pointe accessibles à une grande partie de la population. Le moindre phénomène météo sortant quelque peu de l'ordinaire, par exemple une tornade dans un champ, se retrouve rapidement sur la Toile après avoir été filmé ou photographié avec un simple téléphone. Le même phénomène, seulement 15 ou 20 ans plus tôt, serait passé totalement inaperçu.

La population mondiale toujours grandissante fait que l'être humain est toutefois de plus en plus exposé aux phénomènes violents, car plus de monde = plus de victimes potentielles, notamment dans certaines zones à risques. Du coup, les bilans humains paraissent parfois très lourds comparés aux événements plus anciens. Mais n'oublions pas que des catastrophes très anciennes comme Pompéi ou autres détruisaient et tuaient tout autant voire plus qu'aujourd'hui.

Quelles sont les zones géographiques les plus touchées ? Quel rôle vient jouer l'augmentation rapide de la population mondiale ? 

De nombreuses régions du monde sont exposées à de multiples risques. Les Etats-Unis, par exemple, sont à la fois exposés à de violents tremblements de terre (Californie), au volcanisme avec le Yellowstone, aux tornades (Grandes Plaines), aux cyclones (côtes Est et Ouest), aux incendies de forêts, Californie et sud du pays, aux inondations, canicules, vagues de froid... Si la France n'est pas sujette aux cyclones et aux volcans, les risques "américains" apparaissent aussi parfois chez nous.

L'Asie du Sud-est est aussi très exposée aux risques naturels, qu'il s'agisse des typhons, nombreux et violents ces dernières années, des tremblements de terre et tsunamis parfois associés comme en 2004 et 2011, aux inondations sous la mousson humide d'été... Les exemples sont très nombreux sur Terre, la liste serait longue...

L'augmentation de la population mondiale expose davantage l'être humain à tous ces risques naturels, surtout lorsqu'il est installé, par exemple, sur une faille sismique comme en Californie, ou au ras de l'eau comme au Bangladesh. On le sait, la Californie craint et attend son "big bang", c'est-à-dire un puissant séisme pouvant détruire une grande partie des infrastructures. Au Bangladesh, état très bas juste au-dessus du niveau de la mer, des puissants cyclones ont déjà largement inondé et tué. Le bilan humain d'un tremblement de terre tel que celui de 1906 en Californie ou d'un cyclone tel que celui de 1970 pourrait donc être beaucoup plus important puisque le nombre d'habitants à "explosé" depuis.

Quel rôle joue le réchauffement climatique sur ces phénomènes  ?

Des études ont été réalisées concernant les phénomènes climatiques violents, tels que les tempêtes, orages, cyclones, tornades etc... Malgré le réchauffement déjà mesuré, on ne constate pas de hausse du nombre de ces phénomènes, mais simplement des variations interannuelles et géographiques.

Les typhons ont été anormalement fréquents par exemple ces dernières années dans le nord-ouest du Pacifique, alors qu'au contraire les cyclones (même phénomènes) se sont raréfiés dans l'Atlantique. Aux Etats-Unis, 2012, 2013 et 2014 ont connu moins de tornades qu'habituellement, après une année 2011 pourtant record.

En revanche, si le nombre de phénomènes violents semble stable, on peut s'interroger sur la puissance des cyclones et autres, pouvant être appelée à augmenter. En effet, plus l'air est chaud et plus il peut contenir de vapeur d'eau et donc d'énergie. Les "supers typhons" ont d'ailleurs été nombreux ces dernières années avec un record de vent près des Philippines en 2014 (plus de 380 km/h !). Et bien que moins nombreuses ces dernières années, les tornades continuent de ravager les Grandes Plaines étasuniennes, comme celle de Moore en 2013.

Est il possible d'en anticiper l'évolution ? Faut-il s'attendre à une intensification de ces phénomènes au cours des prochaines années ?

Il n'y a pas de réponse affirmative, uniquement des théories loin d'être certaines. On l'a encore vu récemment, les prévisions du GIEC en termes de réchauffement climatique et de phénomènes violents connaissent des échecs, avec le ralentissement du réchauffement des années 2000, pas du tout anticipé. Le climat terrestre est complexe. A priori, comme je l'indiquais précédemment, on peut craindre une intensification des phénomènes violents si le réchauffement se poursuit, avec toujours plus de chaleur, de vapeur d'eau et donc d'énergie potentielle. Mais il n'y aura probablement pas plus de tempêtes, d'orages ou de tornades qu'hier ou aujourd'hui en nombre.

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