Inégalités : Oxfam, agitateur de désinformation<!-- --> | Atlantico.fr
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Comme c'est devenu une tradition, Oxfam a publié un rapport au début du Forum économique mondial de Davos, se plaignant de "l'inégalité croissante et extrême".
Comme c'est devenu une tradition, Oxfam a publié un rapport au début du Forum économique mondial de Davos, se plaignant de "l'inégalité croissante et extrême".
©Andy Buchanan / AFP

Une réalité parallèle

Oxfam se plaint de l'accroissement des inégalités. Il n'y a qu'un seul problème : les chiffres ne s'additionnent pas.

Pieter Cleppe

Pieter Cleppe

Pieter Cleppe est le rédacteur en chef de BrusselsReport.eu, un magazine en ligne consacré à la politique européenne. Il est sur Twitter @pietercleppe.

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Comme c'est devenu une tradition, Oxfam a publié un rapport au début du Forum économique mondial de Davos, se plaignant de "l'inégalité croissante et extrême". Le rapport indique que "les cinq hommes les plus riches du monde ont vu leur fortune plus que doubler depuis 2020, alors que dans le même temps, cinq milliards de personnes se sont appauvries".

Il n'y a qu'un seul problème : ces chiffres ne correspondent pas à la réalité. Le chercheur suédois Johan Norberg a expliqué que le "Global Wealth Report" d'UBS, qui est "la principale source des calculs de richesse d'Oxfam", révèle que "pour le monde dans son ensemble, ces changements annuels se sont à peu près annulés, laissant l'inégalité de la richesse mondiale au niveau qui prévalait lorsque la pandémie a commencé". Norberg ajoute que "pour la plupart des indicateurs d'inégalité, il s'agit du niveau le plus bas enregistré au cours de ce siècle".

Ne considérer que les cinq personnes qui ont le mieux réussi au cours d'une période donnée donnera toujours l'impression qu'Oxfam veut créer. Ce faisant, l'ONG, obsédée par l'indice dit de Gini, une méthode de comparaison des inégalités inventée par un fasciste italien, ignore les 24 riches qui ont disparu de la liste Forbes après avoir perdu 43 milliards de dollars en un an.

Norberg ajoute que le coefficient de Gini a baissé depuis 2000, passant de 92 à 88, et que la part de la richesse mondiale détenue par les 1 % les plus riches a également diminué, passant de 49 à 44,5 %. Daniel Waldenström, coauteur du rapport sur la richesse mondiale, observe que "l'inégalité de la richesse mondiale a diminué selon toutes les mesures standard". Depuis 1900, la part des 1 % les plus riches dans la richesse mondiale a diminué dans tous les pays européens, passant de 50 à 70 % à l'époque à 20 à 23 % en 2017. Il n'y a qu'aux États-Unis, et dans une moindre mesure en Grande-Bretagne, que l'on peut observer une tendance à une nouvelle concentration de la richesse ; mais même là, c'est dans une bien moindre mesure que dans les années 1900-1950.

Au XXe siècle, l'Union soviétique, avec sa classe de fidèles du régime communiste qui possédaient toutes sortes de privilèges, n'était nulle part aussi inégalitaire. En revanche, le capitalisme mondial entraîne une baisse des inégalités. Si l'inégalité était le résultat de l'octroi par les gouvernements de privilèges spéciaux à un groupe de personnes favorisées, il serait évidemment juste de protester contre cette situation. Ce faisant, on pourrait dénoncer la politique monétaire expansionniste menée en Occident au cours des 40 dernières années. En effet, plus le capital est important, moins il est risqué de se protéger de l'inflation en achetant des biens durables, tels que l'immobilier, les actions ou l'or. Or, ce n'est manifestement pas ce que fait Oxfam. Dans ses communications, Oxfam se concentre sur le fondement de notre niveau de vie actuel : le système capitaliste. Il ignore les aspects socialistes de notre système, comme le financement monétaire expansionniste, qui est censé financer l'État-providence social-démocrate.

Désinformation

Ce n'est pas la première fois qu'Oxfam fait de la désinformation. En novembre, au début de la conférence annuelle de l'ONU sur le climat COP28, Oxfam a lancé une nouvelle attaque contre les "super-riches" dans un rapport les présentant comme des "ultra-pollueurs". L'ONG ajoute, en critiquant les "super-riches" dans des termes virulents, qu'ils "pillent et polluent la planète jusqu'à la détruire, étouffant l'humanité avec des chaleurs extrêmes, des inondations et des sécheresses".

Dans ce rapport, Oxfam affirme également que les 1 % les plus riches de la population mondiale "ont produit autant de pollution au carbone en 2019 que les cinq milliards de personnes qui constituent les deux tiers les plus pauvres de l'humanité". Cette affirmation, elle aussi, était factuellement incorrecte, car dans son calcul, Oxfam a pris en compte non seulement le mode de vie des plus riches, mais aussi les émissions des entreprises dont ils sont actionnaires. Il était peut-être moins juteux de présenter les millions de personnes associées à ces entreprises - actionnaires, personnel et consommateurs ordinaires - comme des "pilleurs et des pollueurs".

Dans tout cela, le "changement climatique" semble n'être qu'un prétexte. Si Oxfam se souciait vraiment de réduire les émissions de CO2 et de maintenir notre niveau de vie, l'ONG s'engagerait pleinement en faveur de l'énergie nucléaire. Après tout, les autres sources d'énergie qui n'impliquent pas de fortes émissions de CO2, comme l'énergie éolienne et solaire, ne sont pas encore suffisamment fiables. Mais ce n'est pas la position d'Oxfam. En 2022, malgré la crise énergétique qui s'annonçait, la directrice générale d'Oxfam France, Cécile Duflot, s'est ouvertement prononcée contre l'énergie nucléaire. Elle privilégie les "solutions radicales", c'est-à-dire les taxes et la réglementation.

Ce type de planification centrale n'est pas seulement un non-sens économique, il ne sert pas non plus l'objectif de réduction des émissions de CO2. C'est ce qui ressort clairement de l'exemple de l'Allemagne qui, en abandonnant progressivement les centrales nucléaires, est devenue plus dépendante des sources d'énergie émettrices de CO2. Un nouveau modèle est nécessaire, un modèle qui encourage les entrepreneurs et l'innovation afin de résoudre les problèmes environnementaux.

Alternatives

Une telle alternative est promue par les membres de la "Climate & Freedom International Coalition", un groupe d'universitaires et de décideurs politiques qui ont élaboré un projet de traité international basé sur le principe de s'appuyer sur les marchés libres pour trouver des solutions neutres en carbone. Les pays signataires d'un tel traité, qui constituerait une alternative de libre marché à l'"Accord de Paris" collectiviste, bénéficieraient d'avantages commerciaux s'ils adoptaient des politiques de libre marché favorables au climat. 

Les signataires acceptent ainsi d'ouvrir leurs marchés au commerce, l'une des propositions étant d'inciter les entrepreneurs et les financiers des États signataires à investir dans des "biens, usines et équipements" - des actifs importants pour les entreprises à long terme - par le biais d'"obligations CoVictory" exonérées d'impôts, de prêts et de fonds d'épargne. L'objectif est ainsi de réduire le coût des emprunts d'au moins 30 %, ce qui encourage les investissements dans des technologies plus récentes et plus propres.

D'autres suggestions incluent l'encouragement de réductions fiscales ciblées (Clean Tax Cuts, CTC), en particulier dans les quatre secteurs qui représentent 80 % des émissions de gaz à effet de serre - les transports, l'énergie et l'électricité, l'industrie et l'immobilier - ainsi que des réductions fiscales visant à la démonopolisation. Cette dernière implique l'élimination des impôts sur les bénéfices pour les investisseurs qui rachètent des sociétés monopolistiques et des entreprises publiques, dans le but d'encourager la libéralisation du marché de l'énergie entre les parties au traité. D'autres recommandations incluent des "réductions d'impôts pour les changeurs de jeu", qui récompenseraient les entreprises qui réalisent des innovations de rupture difficiles, du type de celles qui éliminent une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, en offrant 15 ans d'exonération d'impôts sur ces bénéfices.

En résumé, le cœur de ce modèle alternatif se résume à l'idée de mettre fin à l'intervention gouvernementale à grande échelle dans le secteur de l'énergie, et donc d'abolir toutes les subventions conventionnelles à l'énergie, afin de stimuler l'innovation respectueuse de l'environnement. Oxfam est-il ouvert à une telle alternative ? Ou préfère-t-elle céder à ses instincts de "décroissance" ? Malheureusement, il semble que ce soit le cas.

L'article a été initialement publié sur The European Conservative.

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