Impréparation face au variant Delta : une rentrée scolaire 100 % à risque ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un garçon ajuste son masque protecteur avant d'entrer dans son école primaire, à Paris, le 26 avril 2021.
Un garçon ajuste son masque protecteur avant d'entrer dans son école primaire, à Paris, le 26 avril 2021.
©THOMAS SAMSON / AFP

Limiter les contaminations

La rentrée scolaire fait craindre un rebond des contaminations avec la menace du variant Delta. Quelles sont les mesures qui pourraient rassurer les parents et garantir la sécurité des enfants et des enseignants pour le retour dans les salles de classe ?

Elisa Zeno

Elisa Zeno

Elisa Zeno, ingénieur de recherche, est membre du collectif de parents d'élèves « École et Familles Oubliées ».

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Atlantico : Un certain nombre d’alertes liées à l’impact du Covid, en particulier du variant Delta, viennent des Etats-Unis. Ces inquiétudes arrivent-elles jusqu’en France ?

Elisa Zeno : C’est effectivement ce que l’on se demande depuis un certain temps. L’American Academy of Pediatrics a commencé à alerter il y a un moment. Son président avait dit qu’il fallait arrêter avec le mythe selon lequel le Covid était bénin pour les enfants. Les alertes se sont intensifiées ces derniers jours au vu de la situation dans les hôpitaux de différents Etats (Louisiane, Texas, Arkansas, etc.). Des hôpitaux pédiatriques sont apparemment débordés. Cela nous étonne que la Société Française de Pédiatrie soit silencieuse ou lorsqu’elle s’exprime ce soit pour minimiser la situation. D’autant qu’il y a également des alertes en provenance du Royaume-Uni où les hospitalisations des enfants ont augmenté. En France, dans la région Occitanie, le nombre d’enfants entre 0 et 9 ans hospitalisé est supérieur à celui de toutes les précédentes vagues confondues, même si cela reste faible en valeur absolue. 
La Société Française de Pédiatrie nie encore le Covid long pour les enfants là où l’American Academy of Pediatrics a émis de la documentation et des recommandations. Il y a quelques jours le Haut Conseil de Santé Publique a affirmé dans une lettre au Sénat qu’il n’y avait pas de littérature sur le Covid long pédiatrique, c’est faux. Il y a déjà 13 articles publiés ou en pré-publication à ce sujet. 
Jusqu’à présent les messages portent surtout sur la vaccination. La Société Française de Pédiatrie a effectué un revirement sur le sujet puisqu’elle a d’abord considéré que la vaccination des adolescents n’était pas nécessaire. Aujourd’hui c’est presque la seule mesure prise en compte et il n’y a pas grande considération pour les moins de 12 ans.
Le problème est qu’il y a une forte désinformation chez les parents car ils ont entendu pendant un an et demi que les enfants ne risquaient rien. D’abord qu’ils ne se contaminaient pas, puis qu’ils n’étaient pas contagieux et enfin que même si c’était le cas, ce n’était pas trop grave. Il y a un déni général qui empêche de prendre des mesures nécessaires pour protéger les enfants. 

Votre collectif existe depuis plusieurs mois, vous avez toujours été très attentif à la situation des écoles. Qu’est-ce qui a été fait depuis le début de la pandémie ? Alors que la rentrée se rapproche y-a-t-il eu des décisions prises ? 

Il y a eu très peu de choses faites. Quand on regarde les investissements nécessaires à une réduction des effectifs dans les classes, aux mesures d’aération, il n’y a pas grand-chose. Cela fait depuis l’été 2020 qu’on sait que le virus se transmet par voie aérienne et qu’on aurait pu avoir des actions : l’installation de capteurs de CO2, de purificateurs d’air, etc. Mais entre septembre 2020 et septembre 2021, il n’y a pas eu de gros changements. 18 mois de pandémie avec une évolution des connaissances auraient exigé des mesures qui n’ont pas été prises. Aujourd’hui, il y a un protocole scolaire. On a salué, au départ, sa volonté d’avoir des mesures proportionnées selon différents niveaux de circulation virale. C’était une de nos demandes, mais nous souhaitions que cela soit associé à des indicateurs, des valeurs seuil pour savoir quand on passe d’un niveau à l’autre. Sans ces indicateurs-là, cette mesure est vidée de son sens. Il nous semble par ailleurs inacceptable qu’il y ait un niveau sans masque pour le primaire, hormis si la circulation virale est pratiquement nulle sur le territoire, mais, dans ces cas-là, il n’y aurait même plus besoin de protocole. Dans tous les niveaux, à l’exception du dernier, le sport en salle est permis. Tous les investissements décidés dans d’autres pays n’ont pas eu lieu en France. En Italie, l’été 2020 a été consacré à des travaux pour agrandir les locaux et dédoubler les classes. En France, il y a une recommandation d’installation de détecteurs de CO2  sans obligation concernant l’aération. C’est source d’inégalités car quelques communes plus sensibilisées ou plus à l’aise financièrement sont en mesure d’investir. Et ces communes restent minoritaires. 

Aération, capteurs, purificateurs… D’autres mesures devraient-elles être prises ? 

Sans doute le dépistage avec un meilleur testing. On peut dire que cela avait commencé avec les tests salivaires à l’école primaire l’année dernière, mais cela n’a jamais été suffisant car cela ne concernait qu’une petite partie des élèves et il n’y avait aucune pédagogie. On n’a pas expliqué l’importance des tests et pourquoi on les faisaient. Ainsi, l’adhésion n’a pas été au rendez-vous. 
Nous devrions trouver des solutions pour tester tous les enfants par exemple via des tests salivaires par pooling. Pour la rentrée, il faut qu’il y ait un meilleur dépistage car d’autres pays y arrivent. L’Autriche dépiste ses élèves trois fois par semaine par auto-test à partir de l’école primaire et jusqu’au lycée et ceux qui ne souhaitent pas faire le test ont un enseignement en distanciel. L’Allemagne avance aussi à ce sujet. 
La question de l’isolement est aussi importante. Il faut isoler vaccinés et non-vaccinés dès l’identification d’un cas. 
Un nouveau protocole spécifique pour les cantines doit être mis en place avec par exemple une réduction des effectifs.

Vous avez évoqué au plus haut, la question du Covid long chez les enfants. Cette pathologie est-elle répandue  ? 

Il est très difficile de savoir combien d’enfants sont concernés par des Covid long, mais cette situation existe. Le fait que l’on en parle pas montre bien que l’on ne prend pas de mesure à ce propos. La Haute autorité de santé n’a pas reconnu le Covid long pour le pédiatrique. Il n’y a donc pas de parcours de soin, ni de recommandation pour les enfants et les adolescents qui en souffrent. Les familles sont en errance médicale… 
À notre sens, le meilleur moyen d’éviter cela est de prévenir les infections. Ainsi, les parents doivent comprendre aussi les risques qu’ils peuvent encourir. On ne peut pas clamer haut et fort être le pays qui a laissé le plus longtemps ses écoles ouvertes et dans le même temps laisser les enfants s’infecter.  

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