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Impossible, et pourtant : quand les prédictions d'une voyante se réalisent à la lettre
©Reuters

Bonnes feuilles

Vous me diriez : "C’était impossible !". Et vous auriez raison. Sauf que… ces vingt-deux histoires sont toutes arrivées. Extrait de "C'était impossible ! Et pourtant..." de Pierre Bellemare, publié chez Flammarion (2/2).

Pierre Bellemare

Pierre Bellemare

Pierre Bellemare est un écrivain, homme de radio, animateur et producteur de télévision français.
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(...) Autant le dire tout de suite : dans le couple Brodard, ça ne va pas très fort… Seulement Jean-Luc ne s’en aperçoit pas. Il est, et il a toujours été, conducteur de bus aux TPF, les Transports publics fribourgeois. Maintenant qu’il a passé les quarante-cinq ans, le cheveu devenu rare et le ventre bien posé sur les genoux, il ne pense déjà plus qu’à laisser paisiblement s’écouler le temps qui le sépare d’une retraite, modeste, certes, mais assurée. Cette simplicité tranquille n’est pas… mais alors PAS DU TOUT du goût de Sandrine. La « bouillante » Sandrine, devrait-on écrire.

Portrait rapide ; à 16 ans, elle avait eu envie de fuir l’autorité de son père, Albert Apothéloz, douanier helvétique. Guidée par une copine, elle était allée demander conseil à une voyante. Cette femme, après avoir calé son imposante poitrine sur la toile cirée de la table de sa cuisine, avait renversé le marc d’une tasse de café dans une soucoupe et proféré, l’air pénétré :

— Je vois… Je vois… C’était rassurant, déjà… Et que voyait-elle ?

— Je vois… Un homme… Grand… Un homme brun… Très brun…Un regard furtif vers la consultante : le coup de l’homme brun, en général, ça plaît ? Ça plaisait. Elle pouvait enchaîner.

— Je vois des voyages… De grandes distances… Et de l’argent… BEAUCOUP d’argent ! Époustouflant, n’est-ce pas ? Même si vous revendiquez le rationalisme le plus militant, reconnaissez humblement que vous êtes scié, non ? Nous vous mettons au défi d’expliquer comment cette femme pouvait bien deviner que : — Un homme très brun — De grands voyages

— Et BEAUCOUP d’argent… C’était exactement… mais alors exactement ce dont rêvait une apprentie coiffeuse de 16 ans, pressée de quitter ses parents ? Sandrine piaffait d’impatience :

— Quand c’est que je l’rencontre ? La précision étant le meilleur moyen de se tromper, la voyante déclara donc

: — Ça peut se faire très vite… Mais ça peut aussi prendre… un certain temps. Ton destin est écrit, mais c’est à toi de le réaliser…

Le Grand Mystère te gouverne, mais tu es maîtresse de ta vie, ma fille ! Démène-toi un peu ! Sandrine s’était donc démenée pour croiser, dans un minimum de temps, un maximum d’hommes grands, bruns et forts. En général, elle se démenait sur la banquette arrière d’une automobile, sur le parking derrière la patinoire Saint- Léonard, après un match de hockey sur glace. Elle n’eut, très vite, plus rien à apprendre des techniques automobiles. Mais, voici une vingtaine d’années, tout restait à découvrir sur l’usage des contraceptifs. Du moins dans ce canton catholique. Résultat des courses : Sandrine Apothéloz se trouva bientôt dans l’obligation urgente de se dégotter un mari. Parmi les supporters de l’équipe de hockey, Jean-Luc Brodard était le seul qui fût disposé à l’épouser. Probablement parce qu’il était celui qui craignait le plus de ne jamais se faire accepter par une fille. Sandrine lui mit sérieusement le grappin dessus. D’ailleurs, n’était-il pas grand, fort et brun ? Somme toute, il voyageait beaucoup, aussi. Sur le circuit de sa ligne de bus, d’accord, mais au bout de l’année, ça lui faisait assez de kilomètres pour correspondre grosso modo à la description de la voyante… Bon : la différence importante avec la prédiction, c’était l’argent. Jean-Luc Brodard n’était pas riche et n’avait pas l’ambition de le devenir. Sa paie lui suffisait, jusque-là. Mais il était ouvert à voir plus grand. La preuve : lorsque leur fille Audrey est née, six mois après le mariage, Sandrine a monté un budget et démontré que, pour la petite, il faudrait des moyens… moins moyens. Jean-Luc avait répondu :

— T’as grandement raison, ma puce ! Tu n’as qu’à te trouver un boulot et, à deux, on lui fera un bel avenir ! Un garçon tout simple, on vous l’a dit. Et lorsque Audrey, à son tour, seize ans plus tard, quitta le domicile parental pour vivre dans un studio avec son petit copain, Jean-Luc statua, avec la même évidence tranquille :

— Tu sais quoi, ma puce ? On n’a plus besoin d’un quatre pièces, maintenant ! On va prendre plus petit, et ce qu’on économisera sur le loyer, on le mettra de côté pour offrir à la gamine sa boutique d’esthéticienne avec pose d’ongles américains ! Tout ce que Sandrine n’avait jamais pu obtenir pour ellemême ! Et pourtant, elle en avait rêvé, de son « Bar à ongles » ! Elle en avait déployé, des roucoulades et de décevantes soirées en nuisette et pantoufles de cygne, pour décider son pépère de mari à lui trouver les fonds ! Il n’avait pas levé le petit doigt ! Elle avait envie d’ajouter, en son for intérieur :

— Il n’avait rien levé du tout, d’ailleurs… Autant dire qu’elle l’avait un peu saumâtre, la bouillante madame Brodard ! Car « bouillante », elle le restait.

Et soudain, cette Cocotteminute allait trouver l’occasion de réaliser la destinée exceptionnelle qu’elle avait toujours pensé mériter.Les Brodard avaient quitté la ville basse et leur appartement vieillot, mais charmant. Ils occupaient dorénavant un deuxpièces et demie (bien suffisant d’ici la retraite, comme disait Jean-Luc, qui s’y connaissait en confort), dans un ensemble de blocs de béton, sorti du sol en quatre mois sur la périphérie, (tellement mieux au niveau isolation, selon Jean-Luc, qui s’y connaissait en bâtiment). Dans la boîte à lettres du nouveau logis, Sandrine trouva un signe du destin. Une carte de visite ainsi rédigée : « Professeur N’Diayé, grand et puissant médium de l’Afrique, te résoudra tous tes problèmes de travail, d’argent, de guérir toutes les maladies même l’impuissance, de trouver l’amour, de réussite aux examens, même le permis de conduire du premier coup. Réalisation de tous tes souhaits garantie. Visite gratuite. » C’était sûrement un signe du Grand Mystère, car ce personnage providentiel habitait, en toute modestie, dans la même cité, deux blocs plus loin. Un signe, vous dit-on ! Comme c’était gratuit, Sandrine s’y rendit. Moyennant un petit pourboire, un garçonnet d’ébène luisante, la tête disparaissant sous les oreillettes d’un bonnet péruvien, la guida au travers d’un logement qui la dépaysa instantanément. Aucun meuble, mais des entassements de sacs en plastique Ikéa, débordant de tout ce qui pouvait être nécessaire à la survie, et d’autres articles pas indispensables, mais en grand nombre aussi : des radios, des ordinateurs, des manteaux de fourrure… Une bonne trentaine d’Africains de toutes générations allaient, venaient, cuisinaient, dormaient, faisaient du commerce ou écoutaient très fort toutes sortes de musiques. Le professeur N’Diayé, grand et puissant médium de l’Afrique, occupait humblement la chambrette du fond. Et ce, malgré son rang, car, ainsi qu’il le confia à mi-voix, sans trop se faire prier :

— En vérité, belle dame… Ze suis le fils aîné d’un roi ! Oui, oui : un monarque ! Ce qui fait de moi le prince héritier !Héritier de quoi ? Sandrine mit un temps à digérer cette étonnante et secrète confidence : héritier d’une province riche en pétrole, en bois précieux et en diamants, au coeur du continent noir. Le prince se cachait sous une fausse identité, afin d’échapper aux assassins envoyés par son frère cadet. Quelle vermine, celui-là : un ambitieux pur et dur, habité par les démons de la forêt. Rejeton seulement de la quatrième épouse du roi, il avait forcé son frère aîné à s’exiler vers la Suisse, fait empoisonner leur père, rendu faible au point de lui laisser les rênes du pouvoir ! Madame Brodard tremblait déjà de haine contre ce malfaisant, et aussi sous l’émotion d’avoir été admise, si vite, dans le cercle de confiance d’un personnage de sang royal. D’emblée, Sandrine sentit que cette rencontre était décisive. Bien sûr, c’était LUI, l’homme prédit par la voyante ! Le professeur N’Diayé (ou devait-on dire « Son Altesse » ?) venait indéniablement de loin, il était visiblement brun, grand, et surtout fort… Hmmm… Tellement fort ! Un mage « puissant », ainsi qu’il était écrit sur son prospectus, et comme il sut le prouver dès la première visite à la petite madame Brodard. Pendant plusieurs semaines, elle retourna donc aussi discrètement que possible bénéficier des vigoureuses prestations du professeur. Elle flottait sur un nuage. Elle se sentait légère. Allégée, en vérité, de plusieurs centaines de francs suisses à chaque visite. Comme elle s’étonnait de devoir donner de l’argent, vu qu’elle payait déjà de sa personne, le professeur lui expliqua :

— Ma princesse, la consultation est gratuite, mais la réalisation des souhaits nécessite l’achat de substances magiques, secrètes et très coûteuses, comme ce coeur d’antilope fraîchement tuée, par exemple, venu tout droit de mon pays par avion, comprends-tu ! À ce rythme, les économies du couple fondaient très vite. Bien sûr, Jean-Luc ne vérifiait jamais les comptes, mais viendrait forcément le jour où leur fille voudrait ouvrir sa boutique, il allait s’apercevoir que le capital si patiemment constitué était sérieusement entamé… Sandrine fit part de son inquiétude à son puissant magicien, qui trouva aussitôt la solution :

— Ma tigresse, je ne veux pas te créer le moindre souci dans ta famille ! Si ce n’est qu’une question d’argent, sache que, pour moi, l’argent n’est rien ! Celui que tu m’as refilé risque de te manquer ? No problemo : je vais te le rembourser ! Elle le savait ! Elle le sentait : il était vraiment, foncièrement l’homme de la situation !

— Et tu comptes faire ça… rapidement ?

— Là, maintenant tout de suite !

— Tu gardes une telle somme ici ?

— Oh, hé ! Je suis pas con, quand même ! Ici, avec tous ces gros malhonnêtes qui rôdent, je n’ai pas un sou ! Mais je vais te donner les moyens de posséder plus d’argent que tu n’en as jamais vu ! Je vais pratiquer, pour toi exceptionnellement, une cérémonie de haute magie de la brousse et te révéler les numéros gagnants de la loterie ! Elle était sotte, mais elle s’étonna néanmoins : s’il était capable d’une telle divination, pourquoi le professeur ne l’appliquait-il pas pour son profit personnel ? Il sourit avec indulgence :

— Mais, mon oiseau multicolore, parce qu’il serait injuste qu’un magicien puisse profiter de ses pouvoirs pour priver d’un gain quelqu’un qui le mérite peut-être davantage ! En plus, moi, je n’ai besoin de rien : c’est toi qui dois toucher cette somme ! D’ailleurs, tu vas voir : les numéros vont apparaître sur TA peau ! Ils seront valables seulement pour toi ! Cette explication avait le mérite de l’honnêteté et de la clarté. Solennellement, le grand et puissant médium de l’Afrique alluma des chandelles contenant de la poudre d’or et de diamant (et donc très chères). Il enduisit le creux du bras de Sandrine d’une graisse magique (et très malodorante). Ensuite, il demanda à la future gagnante d’aller quérir un billet de 1 000 francs. Mais pas pour lui, bien sûr : pour attirer l’attention des esprits sur l’argent. D’ailleurs, preuve de son désintéressement : il fit brûler ce billet dans une cassolette magique. Puis il répandit les cendres magiques sur la graisse magique et… ô miracle… six chiffres apparurent ! Six chiffres dessinés par les esprits, en gris sur la peau nacrée de Sandrine ! Ces chiffres concernaient le Swiss Loto de la Loterie romande. Certes, les gains n’y sont pas aussi élevés que ceux de l’Euro Millions… Mais cette semaine-là, la cagnotte atteignait des records : 12,2 millions de francs suisses, soit la bagatelle, quand même, de 11 millions d’euros ! Ça tombait bien : quitte à faire de la magie, autant que ça vaille la peine, comme le souligna Son Altesse Royale, non sans humour. Il ne restait plus à Sandrine qu’à jouer, remporter le pactole, et ensuite… Non, non ! Ce n’est pas du tout la suite que vous imaginez ! Vous avez pensé : « Puisque nous sommes dans un bouquin qui s’intitule C’était impossible. Et pourtant…, ils vont nous raconter un retournement de situation ! Cette naïve bonne femme va jouer et ça va fonctionner ! Elle va gagner et ensuite, ni vu, ni connu… Elle va renflouer le compte d’épargne familial vidé par sa sottise ! » Nous avons quand même mieux que cela, rassurez-vous… En effet, le vil projet de la bouillante et peu délicate Mme Brodard, c’était de réaliser enfin la prédiction faite par la voyante pour ses 16 ans ! Devenir maîtresse de son destin ! SON destin à elle : Jean-Luc et sa gamine n’auraient qu’à maîtriser le leur ! Cette fois, elle ne laisserait pas passer SA chance ! Elle allait jouer SES numéros, rafler SON trésor et s’enfuir vers le soleil, princesse au bras de son prince d’Afrique !Seulement, le futur souverain eut soudain l’air bien ennuyé :

— Écoute, ma lionne chasseresse… Je ne savais pas comment t’en parler, mais… Dans mon pays, les événements se sont quelque peu précipités… Mon mauvais frère a été destitué par mes sujets fidèles. Ils lui ont repris le bâton du commandement. Le pouvoir est vacant. Mon peuple n’a plus de chef et il me réclame instamment…

— Mais attends quelques jours, mon chéri ! Nous sommes vendredi, le tirage a lieu demain… Le temps d’aller toucher le lot en début de semaine prochaine, et je pars avec toi !

— Impossible, ma panthère des savanes ! Je dois être dans mon village natal dimanche, impérativement : c’est la troisième pleine lune de l’année, et c’est la seule date à laquelle, selon notre tradition, je peux prendre possession du bâton de commandement !

— Il est si important, ce bâton ?

— Un peu, que c’est important ! Si mon deuxième frère (celui qui est entre le mauvais et moi) le récupère, il me grille au poteau !

— Alors, tu vas partir ?

— Oui. Et toi, blanche cigogne du ciel empourpré… tu me rejoindras, dès que tu auras touché le gros lot ! — Bon, ben… On fait comme ça, mon gorille fougueux ! Quand c’est que tu prends l’avion ? Vous allez dire : « Alors tout ça pour ça ? Il tombe sur une poire prête à gober ses histoires à dormir debout, il lui mène tout ce cirque… Et pour finir, il lui écrit des numéros sur le bras avec de la graisse et des cendres, un tour vieux comme le monde… Il lui pique encore un billet de 1 000 francs (à peu près 800 euros) en faisant semblant de le brûler, et il s’éclipse ? Miteux ! On attendait mieux d’un tel entourloupeur ! » Patience : ça vient !

— Zustement, ma gazelle élancée… À propos d’avion… J’ai réservé les billets, je dois retirer le mien à l’aéroport et je te laisserai le tien au comptoir…

— Très bien, mon chéri !

— À la dernière minute, il ne restait plus que des premières classes, tu vois…

— Parfait, mon amour !

— Oui, seulement… Je suis un peu juste, en ce moment… J’ai aussi besoin d’un costume décent pour débarquer devant mes dignitaires… Et si j’arrive de Suisse sans une jolie montre en or… Les gens ne comprendraient pas ! Mon ministre des Finances n’a pas encore pu me faire virer des fonds : la succession de mon père est bloquée jusqu’à mon investiture… Donc, tu vas m’avancer les premiers frais maintenant, tu rembourseras ton mari dans trois-quatre jours, sur la loterie ! Il reste combien, sur votre compte ? Le croirez-vous, en plein XXIe siècle ? Sandrine Brodard a vidé le compte en banque du ménage, juste avant l’heure de la fermeture des guichets ! Puis elle est allée au kiosque à journaux pour y jouer SES numéros gagnants. Petite anicroche : alors qu’elle rédige son bulletin, elle entend un joyeux :

— Coucou, ma puce ! À la terrasse du bistrot voisin, Jean-Luc, en chemise à carreaux, sirote une bière avec ses copains. Sandrine, discrètement, empoche le bulletin aux chiffres magiques, qu’elle vient de faire valider. Elle en remplit un second, sur lequel elle coche, à la hâte, n’importe quels chiffres. Puis, tout sourire, elle ondule vers la terrasse, glisse de deux doigts mutins le bulletin dans la pochette de la chemise à carreaux de son mari, ravi :

— Tiens, mon chéri… J’ai joué pour toi ! 12 millions passés, que tu vas ramasser ! Tu pourras enfin offrir une fourrure à ta petite femme qui t’aime ! Dès que Sandrine tourne les talons, les plaisanteries des copains commencent à fuser :

— Ah ça, c’est sûr que tu vas le gagner, le gros lot !

— À mon avis, tu l’as déjà tiré !

— Surtout si ta femme a eu les numéros par son sorcier ! Jean-Luc a beau ne pas avoir inventé l’eau chaude, les allusions sont assez lourdingues pour qu’il les comprenne.

— Comment ça « SON » sorcier ? De quel sorcier vous causez, d’abord ? Évidemment, le malheureux garçon est bien le seul du quartier à ne pas être au courant des fréquentations de son épouse. Il apprend donc du même coup :

1) Qu’il est cocu ;

2) Que sa femme est une andouille qui s’est fait rouler dans la farine, comme une bonne douzaine d’autres « énervées de la fesse » selon l’élégante expression des piliers de bistrot rigolards

. Chamboulé par de telles accusations, il se fâche avec ces langues de vipère et rentre chez lui. Pourtant, premier réflexe : il vérifie les bordereaux bancaires. Force lui est de constater que les vipères ont dit vrai : l’infidèle l’a dépouillé des économies de toute une honnête carrière de conducteur de bus ! Vous devinez la suite ? Oui, bien entendu : si le grand et puissant médium de l’Afrique n’était qu’un minable arnaqueur exotique, la voyante… La voyante à la forte poitrine et au marc de café des 16 ans de Sandrine Apothéloz… C’était une vraie prophétesse ! Dans cette histoire si mal partie, toutes ses prévisions… Nous disons bien : TOUTES ses prévisions se sont finalement révélées exactes !

Après sa rupture, tambour battant, avec Sandrine, Jean-Luc Brodard jeta quelques vêtements dans un sac militaire et se fit héberger par un vieux copain, ex-supporter de l’équipe de hockey. C’est ce copain qui, presque six mois plus tard, trouva que le sac de Jean-Luc, oublié sous le lit, puait le vieux linge. Il décida de lui laver ses chemises froissées. Parmi lesquelles une certaine chemise à carreaux.Celle que portait Jean-Luc le jour où il avait appris son infortune. Dans la pochette de ladite chemise était chiffonné un vieux billet du Swiss Loto. Or, un joueur dispose de SIX MOIS à dater du lendemain du tirage pour réclamer son gain. Et Jean-Luc le réclama, son gain, une journée avant le délai fatal. Ça valait la peine, remarquez : les six numéros griffonnés à la hâte par Sandrine avaient décroché… 12,2 millions de francs suisses ! Jean-Luc Brodard a acheté un salon de coiffure à sa fille, en plein centre-ville. Et, pas rancunier, il en a, dans la foulée, acheté un autre pour Sandrine. Mais en France, celui-là. En plein coeur de la Creuse… Faut tout de même pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ! Ah, dernier détail : avant de s’envoler pour un tour du monde, Jean-Luc s’est fait un petit cadeau personnel, qui l’a rajeuni de quinze ans : un implant capillaire de luxe, d’un superbe noir de corbeau. Beaucoup d’argent, des voyages et un homme brun, très brun… Vous ne croyez toujours pas à la voyance ?

"C'était impossible ! Et pourtant..." de Pierre Bellemare, publié chez Flammarion, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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