Moi je !
Ils veulent débattre, il (Macron) ne veut pas…
Un prince ne fraye pas avec les manants.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
C’est Gabriel Attal qui a annoncé la couleur. Le porte-parole du gouvernement ne voit « aucune utilité à ce que le chef de l’Etat participe à un débat pour le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 ».
Nous laissons Gabriel Attal seul juge de cette inutilité. Peut-être bien que ça n’apportera rien ? Et de toute façon, diront ses partisans, Macron on le voit et on l’entend tous les jours. Du haut de son Olympe, il parle à ses sujets.
Mais là où Gabriel Attal pousse le bouchon un peu loin, c’est quand il dit que la participation d’Emmanuel Macron dans un débat ne serait pas conforme aux « exigences démocratiques ». Il avance comme argument, et on se pince car c’est à peine croyable, que Macron n’aurait que « quelques minutes pour répondre à des rivaux qui auraient une heure cinquante pour l’attaquer ».
Gabriel Attal ignore-t-il qu’un tel débat est animé et contrôlé par des journalistes professionnels qui donnent, selon un chronométrage précis, la parole au candidat et la leur enlève quand ils dépassent leur temps. Ne sait-il pas qu’ils sont là pour débattre entre eux, et pas seulement avec Macron, et pour présenter leur programme ?
Macron – Gabriel Attal n’a pu parler sans son aval – a de la démocratie une conception toute monarchique. Pourquoi irait-il ferrailler avec de quelconques Valérie Pécresse, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon ? Le président de la République ferait bien de relire Tocqueville.
Il apprendrait alors que la démocratie, la seule qui vaille, ne se conçoit pas sans joutes oratoires, polies mais fermes avec ses rivaux. Et il ferait bien de se souvenir de la phrase de Valéry Giscard d’Estaing en 1981 : « Je ne suis pas un président-candidat mais un citoyen-candidat ». C’est compris citoyen Macron ?
Quoi qu’il en soit, de grandes incertitudes pèsent sur l’avenir politique du chef de l’Etat. Interrogé sur sa possible candidature par La Voix du Nord, il a répondu : « ma seule obsession, c’est de sortir du pic épidémiologique et de la crise géopolitique actuelle ». Si le Covid continue ses ravages, si la Russie envahit l’Ukraine, il ne sera pas candidat alors ?
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