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Il parait qu'il ne faut pas bombarder Molenbeek et Saint-Denis ? Certes mais il y a peut-être des armes plus légères…
©Reuters

La paix des lâches ?

On fait la guerre loin, très loin de chez nous. C'est la plus sûre façon de la perdre.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Que de mots, que de mots … Que de mots pour ne rien dire … Le gouvernement dit : "nous sommes en guerre contre le terrorisme, contre l'islamisme". Le gouvernement ajoute, précision obligée et lénifiante "mais nous ne sommes pas en guerre contre l'Islam, religion respectable et pacifique".

On trie, on ausculte, on soupèse.  Bonne mosquée, mauvaise mosquée … Gentil imam, méchant imam …

Cette rhétorique est celle d'une défaite annoncée et acceptée. Celle d'un arrangement craintif avec des interlocuteurs modérés. Celle d'une soumission prophétisée par Houellebecq. François Heisbourg se méfie, à juste titre, des mots. Il est un de nos meilleurs géopoliticiens, et, interviewé par Atlantico, il reproche au gouvernement d'utiliser le mot guerre : "on ne va quand même pas bombarder Molenbeek et Saint-Denis". Il a raison et il a tort. Il a raison : nos avions sont tout juste capables de bombarder (un tout petit peu) Raqqa. Il a tort : on ne peut pas se contenter de ce simple diagnostic. Vous savez ce qui se passe à Molenbeek ? Des manifestations de joie ont eu lieu dans cette localité après les attentats de Bruxelles : c'est le ministre de l'Intérieur qui le dit. Il doit avoir raison. Des gens se réjouissent de voir des dizaines de leurs concitoyens déchiquetés par des bombes. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit de kouffars (mécréants).

Et en France ? Et bien en France il y a des dizaines de Molenbeek, c'est le ministre de la Ville, Patrick Kramer, qui l'a dit ; et il s'est fait grondé pour ça. Il doit savoir non ? Alors bien sûr il ne faut pas bombarder Molenbeek et Saint-Denis (des fois qu'une bombe toucherait la Basilique.) Mais une fois qu'on a dit cela, on n'a rien dit. Les avions, bien sûr, cela fait un peu trop gros sabots. Cependant il faut aller à Molenbeek, dans nos Molenbeek à nous, avec tous les moyens que la justice, la police et la morale la plus élémentaire met à notre disposition.

Il faut harceler, arrêter les trafiquants de drogue qui occupent des pans entiers de notre territoire, sans attendre qu'ils s'exterminent les uns les autres à la kalach. Mais quel rapport avec le terrorisme islamiste ? Celui-ci est évident : ils ont des armes et peuvent s'en servir comme pour Charlie Hebdo, comme pour le Bataclan. Il faut exiger du Conseil français du culte musulman qu'il dénonce, qu'il stigmatise  – un mot nécessaire – celles des mosquées qui sont devenues des lieux où triomphe le show-biz de la haine. Les fatwas, ça existe non ?

Il faut aller dans les écoles, convoquer les parents des élèves, qui, hélas nombreux, ont fait le V de la Victoire après l'assassinat de la rédaction de Charlie Hebdo.

Punir, sanctionner. Il faut aller à Gennevilliers et ailleurs, où des filles se font tabasser car elles portent une jupe. Il faut dénoncer sans relâche les élus locaux (souvent de gauche mais aussi de droite) qui arrosent, caressent, caïds et imams pour avoir la paix.

Sinon, nous aurons perdu. Comme disait Churchill, dénonçant la lâcheté des accords de Munich conclus avec Hitler, "vous avez voulu la paix dans le déshonneur, vous aurez la guerre avec le déshonneur". L'histoire lui a donné raison. Alors hâtons-nous. Et pour faire plaisir à François Heisbourg, on n'appellera pas ça la guerre...

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