Il n’y a pas que la domestication qui change profondément le comportement des animaux. La proximité avec les humains aussi<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chats ont été domestiqués à partir du néolithique.
Les chats ont été domestiqués à partir du néolithique.
©VYACHESLAV OSELEDKO / AFP

Vivre-ensemble

Le simple fait de partager leur environnement avec les humains a radicalement modifié le comportement de certaines espèces.

Eva-Maria Geigl

Eva-Maria Geigl

Eva-Maria Geigl est directrice de recherche au CNRS et co-responsable d’une équipe en paléogénomique à l’institut Jacques Monod à Paris. Avec son équipe, elle étudie par l’approche paléogénomique l’évolution des génomes de populations et d’espèces animales et humaines au Pléistocène et à l’Holocène, c’est-à-dire au cours des derniers deux cent mille ans. 

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Atlantico : Que savons-nous de la manière dont les animaux évoluent à proximité des humains en terme comportement ? La génétique joue-t-elle un rôle ?

Eva-Maria Geigl : L’adaptation de la vie des animaux à proximité des humains est possible grâce à la plasticité génomique. Les conditions de vies jouent à ce propos, mais aussi les changements génétiques affectant notamment l’adaptation à l’alimentation. Les chiens par exemple se sont adaptés à manger des céréales et aussi à boire du lait au cours du temps et cela se manifeste avec une modification du génome.

À ce propos, différents mécanismes sont à l’œuvre : cela peut être une diversité génétique qui était déjà présente préalablement (chez les loups certains individus jouent naturellement avec la balle, mais d’autre non, et cela s’est probablement transmis au chien). Cependant l’étude génétique du comportement est très complexe … En général, on peut dire que certains animaux sont moins farouches ou plus audacieux que d’autres et ce sont ceux-là qui sont susceptibles de se rapprocher des humains.

Est-ce dans l’intérêt de l’animal de se rapprocher de l’humain ?

Si l’on prend l’exemple du chat, son adaptation s’est faite au Néolithique lorsque les humains ont commencé à effectuer leur transition du mode de vie de chasseur-cueilleurs à un mode de vie agriculteur. En effet, les humains ont commencé à faire l’horticulture, puis l’agriculture. Ils ont alors fait des réserves de graines qui ont attiré les rongeurs. Les chats qui étaient les moins farouches ont alors osé s’approcher des habitats pour manger ces rongeurs.

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Le mécanisme de domestication et de modification par la simple proximité avec l’humain fonctionne-t-il pareil ? Le simple fait de grandir à proximité de l’humain crée-t-il une dynamique chez l’animal ?

Vivre à côté de l’humain peut, pour certaines espèces, entamer ce processus. La sélection d’individus pour leur docilité n’a pas seulement abouti à des formes domestiques moins agressives, mais aussi à d’autres caractères phénotypiques non-sélectionnés intentionnellement mais liés dans un réseau biochimique du métabolisme.. Par exemple, la plupart des animaux domestiques ont des taches blanches sur leurs pelages. Ce caractère n’a pas été sélectionné au début, mais est apparu lors de la sélection pour un trait comportemental, la docilité. Les couleurs de la robe sont ainsi apparues spontanément mais ont été sélectionnées ensuite car elles devaient être intéressantes pour les humains préhistoriques, comme cela a été montré pour le cheval. Chez les chats, les modifications du patron du pelage n’ont été sélectionnés que relativement récemment, après le Moyen Âge.

Chez le chien, différents caractères phénotypiques ont été sélectionnés plus tôt car la plasticité comportementale de l’animal a été identifiée par les humains et exploitée pour produire différentes races perfectionnées pour effectuer différentes tâches utiles. La sélection des bovins pour le labour des champs, pour la viande ou pour le lait s’est produite de la même manière.

Il faut bien retenir que chaque espèce a une voie de domestication bien différente et que la domestication des premiers animaux n’a pas été initialement un processus intentionnel mais la conséquence d’un rapprochement entre humains et animaux car l’aboutissement de ce processus ne pouvait être initialement anticipé. La sélection de certains caractères ne s’est effectuée que dans un deuxième temps. Chez le chien cela s’est fait plus tôt car il a été très vite identifié comme un partenaire qui pouvait effectuer des tâches et donc du travail..

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