Sous prétexte de lutter contre "l’Etat-UMP", Hollande renie un de ses engagements avant même son éventuelle élection <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Sous prétexte de lutter contre "l’Etat-UMP", Hollande renie un de ses engagements avant même son éventuelle élection
©

Géometrie variable

L'un des 60 engagements de François Hollande porte sur "l'indépendance de la justice et de tous les magistrats" dont il prévoit que les règles de nomination et de déroulement de carrière seront revues à cet effet. Mais comment concilier cette promesse avec la mise à l'écart programmée des hauts fonctionnaires soupçonnés de proximité avec le "système Sarkozy"

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

Voir la bio »

Il fut un temps où le parti socialiste déplorait la prépondérance du pouvoir exécutif dans la nomination des magistrats du Parquet et l’existence d’instructions du ministère pour orienter leurs réquisitoires.

Lorsqu’il y a quelques semaines François Hollande a fait connaître ses 60 engagements, on a bien senti qu’il était déjà en retrait sur le sujet.

Rappelons en effet les termes de la 53ème de ces promesses : « Je garantirai l’indépendance de la justice et de tous les magistrats : les règles de nomination et de déroulement de carrière seront revues à cet effet ; je réformerai le Conseil supérieur de la magistrature. J’interdirai les interventions du gouvernement dans les dossiers individuels.»

Tout cela est imprécis au plus haut point, hormis l’interdiction de l’intervention sur les dossiers individuels, aujourd’hui très rares de toute façon. Sur le sujet véritablement sensible des nominations, il fallait déjà le croire sur parole lorsqu’il évoquait la révision «à cet effet» des règles de nomination. Nul ne sait ce que cela signifie.

Mais ce qui s’est passé hier dans le début de polémique sur la question des hauts fonctionnaires de l’intérieur et de la justice soupçonnés d’être sarkozystes est beaucoup plus inquiétant.

Que nous a dit, en effet, le brave Hollande, sur le plateau de BFM-TV  ?

"C'est vrai qu'il y a eu un Etat UMP qui s'est installé, c'est vrai que Nicolas Sarkozy – il en a lui-même pris la responsabilité puisqu'il a été ministre de l'intérieur puis président de la République (...) – a mis un vrai système en place au niveau du ministère de l'intérieur ...

Dans la justice aussi il y a eu des nominations de procureurs qui ont été des amis du pouvoir. Eh bien nous aurons, sans qu'il y ait de brutalité, sans qu'il y ait d'excès, à remettre l'Etat républicain à sa place.

Aucun de ceux qui aujourd'hui exercent des responsabilités et qui sont loyaux n'ont à s'inquiéter mais, en revanche, ceux qui sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d'autres."

Hollande a beau dire qu’il voudra éviter les excès (?), sa formule implique nécessairement qu’il utilisera le pouvoir de nomination pour déterminer qui, selon lui, est «loyal» et qui aura à céder la place.

Les nouvelles règles de nomination à effet de garantir l’indépendance des juges du Parquet n’iront donc pas jusqu’à l’empêcher de trier le bon grain de la loyauté et l’ivraie sarkozyste !

De jour en jour, apparaissent chez François Hollande les prémices des dérives mitterrandiennes : ambiguïté des annonces, autoritarisme patelin mais réel, clanisme.

Est-ce cela la lutte contre l’Etat-UMP ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !