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"Guyanes" de Jean-Paul Delfino : une saga vivante qui prend place aux lendemains de la Commune de Paris
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Aux lendemains de la Commune de Paris. Une saga, vivante certes, mais un peu trop convenue De : Jean-Paul Delfino Héloïse d'Ormesson Parution le 11 mai 2023 590 pages 23,50 €

Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops

Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops

Jean-Pierre Chamoux est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.
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THÈME

Ce volumineux roman historique se déroule aux lendemains de la Commune de Paris, vers 1872 ; l'action commence à Paris, à Bordeaux et à Marseille ; elle se poursuit à Cayenne, au Maroni et dans la jungle guyanaise. On y croise des aventuriers qui se côtoient sur cette terre française, riche de rêves et d'or mythique. L'histoire est triangulaire : surprise en flagrant délit de révolte, une communarde, embarquée à Toulon, rejoint le bagne guyanais pour y purger sa peine ; échappé des plantations brésiliennes, un esclave noir débarque, lui aussi, dans la colonie française où il espère s'émanciper ;  joueur et flambeur, un jeune bourgeois abandonne subrepticement femme et enfants à Paris pour rejoindre la Guyane où il espère se refaire une virginité, et peut-être une fortune !

POINTS FORTS

Méridionale, la faconde de l'auteur se déploie largement dans ce récit imaginaire qui laisse libre-cours à son penchant de conteur.

Les tableaux sont vivants; plusieurs scènes évoquent assez bien la moiteur et la chaleur des habitations coloniales et de ces terres équatoriales où se noyèrent tant de projets mirifiques : mines d'or inexploitables, plantations invivables, fièvres, langueur et désespérance des bannis...

De nos jours, ce département attire encore quelques originaux qui rêvent d'aventures en forêt profonde : cette saga devrait donc leur plaire!

QUELQUES RÉSERVES

Il ne suffit pas cependant d'évoquer un climat pour donner aux héros de l'histoire une épaisseur réelle : il faut plus que de la facilité d'écriture pour donner vie aux héros d'une histoire. L'auteur se laisse trop prendre aux lieux communs qu'il ne se donne pas la peine d'éviter : décrite comme un passé radieux, la Commune de Paris est trop belle ; l'évocation luciférienne du bagne évoque le récit de Papillon, revu par Hollywood ; les brigands du fleuve Maroni et la peine des orpailleurs suivent les clichés le plus éculés etc.

Delfino conduit son récit comme le firent, avant lui, les auteurs du genre aujourd'hui oublié que l'on appelait :« les romans de gare », ces livres achetés sur le quai afin de tuer le temps d'un long voyage en train: l'auteur maîtrise bien les trucs de ce métier ; mais il lui manque ce grain de génie qui fit de La Comédie humaine, des Misérables ou des Hommes de bonne volonté des chefs d’œuvre – des traces emblématiques d'une époque et d'une société !

ENCORE UN MOT...

Ce vrai roman-feuilleton, s'il avait été plus court, aurait bénéficié du charme et de la couleur inter-tropicales; traînant un peu en longueur, l'histoire manque finalement de sel ; et ses héros sont peu attachants!

UNE PHRASE

[l'un des nombreux lieux communs du livre :« Par ces temps politiques incertains, la compassion n'avait pas droit de cité» ! p.40

[caricature convenue d'un fruit sec :« Elle était fille d'un négociant en grains...son père brassait des millions... Alphonse l'aima au premier regard » ! p.91

[un constat toujours vrai, en trois points :«- le fleuve qui s'enfonce dans les terres, c'est l'Oyapock ...- sur l'autre rive, t'es en France...et t'es un homme libre ! » p.187 (Depuis 2015, le passage est bien plus simple, grâce au pont routier de St. Georges !)

[anachronisme wokiste, situé à Cayenne, il y a un sièce et demi :]  « Elle était femme, elle était forte, elle était guyanaise...les Blancs allaient payer, tous » p.363 (Une haine historique ? Ou contemporaine ?)

L'AUTEUR

Né à Aix-en -Provence en 1964, Jean-Paul Delfino est romancier, scénariste, dialoguiste et auteur de littérature pour la jeunesse. Il a publié une vingtaine de romans d'aventures dont plus de la moitié sont des sagas ou des suites brésiliennes assez appréciées par la grande presse dont : Assassins ! (Prix étoile du Parisien catégorie “meilleur roman” en 2019) ; Les voyages de sable (Prix des Romancières en 2019) ; Guyanes (Prix du livre de Plageen 2023 ; et du tout nouveau Prix Le Mans -Antoine de Saint Exupéry le 2 octobre 2023). 

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