Guerre mondiale : les milieux d’affaires internationaux ne croient pas à un risque d’embrasement général<!-- --> | Atlantico.fr
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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu donnent une conférence de presse conjointe, le 30 janvier 2023 à Jérusalem.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu donnent une conférence de presse conjointe, le 30 janvier 2023 à Jérusalem.
©DEBBIE HILL / POOL / AFP

Atlantico Business

Après l’attaque de l’Iran sur Israël, les milieux d’affaires internationaux continuent de penser que les intérêts économiques offrent le meilleur rempart aux risques de guerre mondiale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’attaque massive de l’Iran contre Israël ce week-end a mobilisé toutes les chancelleries du monde, mais a priori ne devrait pas déclencher une escalade qui embraserait toute la région. L’Amérique veille à ce que l’irréparable ne soit pas commis. C’est du moins l’analyse que faisaient hier des milieux d’affaires internationaux avant l'ouverture des marchés à Tokyo puis en Europe. Ils s'attendent à des mouvements spéculatifs compte tenu de la masse des opérations à découvert. Beaucoup vont dénouer leur position par prudence, mais l'équilibre entre l'offre et la demande permettra de stabiliser le mouvement. Personne n’a intérêt à provoquer un effondrement des cours qui alimenterait la panique.

Sur le marché du pétrole, la tension très forte qui domine le Moyen-Orient va renforcer la tendance à la hausse, sachant que le prix du pétrole est d’abord commandé aujourd'hui par l'arrêt des ventes russes pour cause de destruction des installations de raffinage russe par les attaques ukrainiennes. Mais ces hausses-là sont très contrôlées et maîtrisées par les pays membres de l'OPEP. L'Arabie saoudite notamment garde la main sur les robinets.

Pour le reste, les milieux d’affaires internationaux considèrent qu’après ce week-end, on reste plus dans une guerre de communication que dans un risque aggravé de guerre mondiale.

Les milieux d’affaires notent que les réactions internationales n’ont pas été immédiates, notamment en Europe et en Russie. La plupart des institutions internationales, à l'ONU, au G7, et en Union européenne, les appels au calme et à la prudence se sont multipliés. L’attaque de l’Iran était attendue, les services de renseignement américains avaient prévenu tout le monde, ce qui prouve bien que les services fonctionnent avec toute efficacité et transparence. Ils en avaient déjà fait la preuve en prévenant les Russes de l'attaque terroriste dont Moscou a été le théâtre.

Les milieux d’affaires notent également que cette attaque de l’Iran a provoqué la formation d’une coalition de tous les pays occidentaux dans le sillage des États-Unis qui se retrouvent ensemble pour soutenir Israël, alors qu’au lendemain du 7 octobre, l’émotion était évidemment très forte mais le bloc de soutien était très fragile.

Aujourd’hui, tout le monde fait bloc aux côtés d’Israël, ce qui serait sans doute de nature à dissuader l’État hébreu de riposter. À noter enfin que les réactions de Moscou, de Pékin et de l’Arabie saoudite, de l’Égypte… ont été tardives, prudentes et finalement très embarrassées.

En fait, on sait que personne dans le monde n’a intérêt au déclenchement d’une guerre régionale qui pourrait entraîner une guerre mondiale.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, le monde arabe est très partagé. La majorité des peuples ( y compris en Iran ) ont besoin de relations pacifiques avec l'Occident et même Israël à condition de pouvoir profiter d’un développement économique qui leur permettrait de bénéficier des échanges mondiaux et ainsi de démobiliser les courants terroristes qui minent leur équilibre mais qui se nourrissent de la pauvreté.

C’est un peu la position des grands pays producteurs de pétrole qui ont construit leur richesse et leur puissance sur les ventes de brut et qui préparent désormais l'après-pétrole avec un modèle de développement très capitaliste, très financier et très classique. Cette mutation ne les a pas transformés en démocraties libérales, mais commence à les empêcher de protéger tous ceux qui veulent détruire ces démocraties.

Au Moyen-Orient, il n’y a guère que le Koweït qui a rompu ses relations diplomatiques avec Israël, et Dubaï qui n’a rien dit parce qu'ils abritent les dirigeants du Hamas. Tous les autres pays arabes ont condamné les initiatives de l’Iran et souhaitent une pacification des rapports avec Israël.

Du côté de la Russie, on voit bien que Moscou, qui est déjà empêtrée dans son opération en Ukraine, essaie de se tenir à distance du conflit palestinien, et si la Russie se déclare liée à l’Iran, c’est parce que l’Iran est son principal fournisseur de drones. L’Iran a lancé plus de 300 drones en Israël, c’est beaucoup plus que ce que la Russie a besoin d’acheter pour poursuivre sa guerre avec Israël. La Russie a besoin des pays du Moyen-Orient pour les questions pétrolières, la Russie a besoin de se protéger contre le terrorisme, la Russie a besoin de trouver un moyen de se réinscrire dans le capitalisme international dont elle est officiellement exclue.

Du côté de Pékin, c’est le silence, parce que Pékin regarde d’abord avec inquiétude tout conflit au Moyen-Orient qui perturbe le passage des navires de commerce dans le canal de Suez, parce que les navires en question transportent principalement les produits chinois qui doivent être écoulés dans les magasins occidentaux. Or la Chine a besoin de ce commerce pour retrouver sa croissance. Parallèlement, la Chine est déjà assez préoccupée par l'équilibre dans la mer de Chine, par Taiwan, par la Corée, qu'elle ne souhaite surtout pas un conflit international. C’est tout l'objet de la tournée que va entreprendre Xi Jinping en Europe.

Les discours peuvent être sévères, menaçants, mais les faits sont têtus : la guerre est l'ennemi du commerce mondial. La planète toute entière a besoin de retrouver de la croissance, pour financer les investissements colossaux qui sont nécessaires pour retarder le réchauffement climatique.

Dans l'état actuel de la situation, l’attaque de l’Iran peut avoir rebattu les cartes, dans la mesure où si l'objectif de l’Iran est de supprimer Israël, on voit mal qui pourrait participer à cette sinistre entreprise. En dehors des proxies, c’est-à-dire des courants terroristes sponsorisés et équipés par l’Iran, dont le Hezbollah ou le Hamas.

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