Gouvernement Attal : cirque médiatique et illusions politiques…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Gabriel Attal sur le plateau du journal télévisé de TF1.
Gabriel Attal sur le plateau du journal télévisé de TF1.
©JULIEN DE ROSA / AFP

Remaniement

La composition du gouvernement de Gabriel Attal a été dévoilée ce jeudi. L’arrivée de Rachida Dati, au poste de ministre de la Culture, a provoqué une crise politique à droite.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

Après le plus jeune premier ministre, voici le gouvernement le plus resserré de la 5e République, le plus inattendu également, avec l’arrivée surprise de la disruptive Rachida Dati au ministère de la Culture, et celle de l’ex-LR Catherine Vautrin (-pressentie pour Matignon en 2022, mais littéralement abandonnée en cours de route à l’époque), à la tête d’un vaste Ministère social englobant Travail, Santé et Solidarité. La Ministre de la Jeunesse et des Sports est promue Ministre de l’Education Nationale, tout en conservant ses attributions antérieures. Nomination surprise également, celle de Stéphane Séjourné, député européen et patron de Renaissance, le parti présidentiel, au Quai d’Orsay, pour succéder à Catherine Colonna. Il était pressenti pour diriger la liste de la majorité aux Européennes. Ce sera une personnalité plus connue du grand public qui sera chargée de « limiter la casse » promise par les sondages qui voient le RN en tête de ce scrutin. Les ministres représentant l’aile gauche de la macronie, dont le plus emblématique est Clément Beaune, ont été écartés.

Comme toujours en pareille circonstance, l’élaboration du gouvernement Attal a été laborieuse. Elle n’a été révélée que peu avant 20H, juste le temps de permettre au Premier Ministre d’aller au JT de 20H à TF1 , pour promettre « l’action, de l’action, de l’action, des résultats, des résultats…». Mais encore ? « Et je vais continuer à agir pour avoir un modèle social toujours plus tourné vers l’action, valoriser le travail », a-t-il ajouté, en bon communicant. Une baisse d’impôts pour les classes moyennes, ceux qui « ont le sentiment de donner beaucoup et de recevoir peu » est également à son programme. Faut-il entendre que le gouvernement va peser en faveur d’une augmentation des salaires ? Le nouveau Premier Ministre prononcera son discours de politique générale dès mardi prochain ; l’opposition réclame un vote de confiance… Elisabeth Borne y avait renoncé, faute de majorité.

Les noms des « heureux élus » avaient fuité dans l’après-midi, provoquant la stupéfaction dans les couloirs du monde politique et laissant le champ libre aux porte-paroles et aux commentateurs sur les chaînes d’information. C’est l’arrivée de Rachida Dati, l’ex-Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, maire du septième arrondissement de la capitale, mais surtout leader de l’opposition LR au Conseil de Paris, qui a provoqué « l’effet souffle » d’une bombe politique... « C'est une femme qui ne laisse personne indifférent, une femme d'engagement, d'énergie, qui s'est battue toute sa vie pour obtenir ce qu'elle voulait obtenir », a expliqué Gabriel Attal,( - qui fut le voisin géographique de la maire du 7 arrondissement, lorsqu’il était porte-parole du gouvernement). Personne ne va le démentir…

Eric Ciotti, lui, s’en est étranglé : Rachida Dati a aussitôt été exclue de son parti... En fait, LR devient le vivier de la macronie puisque on dénombre huit ex-LR sur les quatorze membres du gouvernement Attal. Ralliés à Emmanuel Macron dès 2017,  Bruno Le Maire, promu numéro deux du gouvernement à Bercy, Gérald Darmanin, à la troisième place dans l’ordre protocolaire, conservent leurs portefeuilles respectifs. Le Ministre de l’Economie se dit « encore plus enthousiaste qu’au premier jour » et le Ministre de l’Intérieur a « remercié le Premier Ministre d’avoir proposé sa nomination au Président de la République …», ravalant sa mauvaise humeur des derniers jours. Sébastien Lecornu reste aux armées et Eric Dupond-Moretti (plutôt classé à gauche), à la Justice. « Il y aura bientôt plus de cadres LR au gouvernement qu’au sein de la direction des Républicains », a twitté ironiquement le président de la Région Sud Renaud Muselier, lui aussi ex-LR, et favorable à un accord de gouvernement à l’instar de Nicolas Sarkozy. Ce gouvernement penche nettement à droite. Au diapason d’une France droitisée ? Emmanuel Macron qui en est l’architecte applique le précepte « Je suis leur chef, donc je les suis ». Du coté du MoDem, on se montre nettement moins satisfait. L’allié historique François Bayrou ne l’a pas dit, mais le fait savoir ; son parti ne compte plus qu’un ministre de plein exercice. De quoi donner des sueurs froides à la nouvelle ministre des Relations avec le Parlement, Marie Lebec ? Car, faut-il le rappeler ? La composition de l’Assemblée Nationale n’a, elle, guère changé. La « majorité » est toujours relative et le Premier Ministre devra appuyer sur le bouton 49.3 pour faire adopter les textes budgétaires. Alors, l’action dont le Premier Ministre se revendique, elle se vérifiera avec la mise en œuvre de projets concrets, comme par exemple la construction des nouvelles centrales nucléaires, votées mais pas encore lancées. L’énergie relève désormais de Bercy. Un nouveau challenge pour le Ministre de l’Economie, mais surtout pour Emmanuel Macron qui voudrait terminer son quinquennat non renouvelable en beauté…  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !