Google annonce une découverte majeure en matière d’ordinateurs quantiques et voilà à quoi elle pourrait nous servir… et ses limites<!-- --> | Atlantico.fr
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Le pdg de Google, Sundar Pichai, à côté de l'un des ordinateurs quantiques de Google dans le laboratoire de Santa Barbara.
Le pdg de Google, Sundar Pichai, à côté de l'un des ordinateurs quantiques de Google dans le laboratoire de Santa Barbara.
©AFP / HO / Google / DR

Innovation

Des scientifiques de Google ont annoncé une nouvelle percée vers le futur ordinateur quantique, à travers une expérience qui réduit significativement le taux d'erreur, selon une étude parue dans Nature.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Google dit avoir fait une avancée spectaculaire concernant ses ordinateurs quantiques. De quoi cela retourne-t-il ?

Laurent Alexandre : Il y a une concurrence internationale entre Google, Microsoft et IBM pour arriver à la supériorité quantique qui produit de nombreux d’effets d’annonces, qui sont souvent contestées. Google avait prétendu réussir à faire en quelques minutes un calcul qui aurait normalement dû faire prendre des milliers d’années, cela a été contesté par de nombreux spécialistes.

Ensuite, Google est dans une mauvaise passe en raison de son retard sur Microsoft et OpenAI, avec ChatGPT. La présentation de Bard a été un échec et la capitalisation boursière de Google a perdu 100 milliards à la suite de cela. Google a donc besoin de présenter des succès et de compenser son retard. Google n’arrive pas à avoir une stratégie suffisamment agressive sur les LLM ce qui le met en difficulté. De la même manière Meta est en difficulté car le Métavers laisse de nombreuses personnes dubitatives et semble être à contretemps, ce qui a forcé Mark Zuckerberg à demander à ses équipes de sortir un LLM concurrent de ChatGPT. Google a compris que son monopole sur les moteurs de recherche était menacé et essaie de se faire remarquer comme il le peut.

Enfin, ces résultats témoignent d’une amélioration du taux d’erreurs réalisé par l’ordinateur quantique de Google, mais nous sommes encore très loin d’une application industrielle à grande échelle des ordinateurs quantiques. Ils font encore trop d’erreurs et sont très difficiles à utiliser. Mais les recherches de Google constituent une petite étape de progrès. C’est un pas important mais largement insuffisant.

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De quel type d’erreurs parle-t-on ?

Dans les ordinateurs quantiques, il y a une superposition d’état qui fait que les positions des transistors peuvent être à la fois 0 et 1. Dans les processeurs normaux, c’est soit l’un soit l’autre. Cette superposition rend les ordinateurs beaucoup plus rapides, mais cela à un coût : des erreurs. La levée de la superposition quantique peut créer une erreur. Les processeurs quantiques sont théoriquement beaucoup plus puissants que les processeurs normaux mais les erreurs qu’ils commettent les rendent aujourd’hui peu utilisables. Beaucoup travaillent à corriger ses erreurs. Une dizaine de voix technologiques s’y consacrent.

A quoi servirait un ordinateur quantique fonctionnel ?

L’ordinateur quantique pourrait être plus puissant que les ordinateurs traditionnels dans un rapport de 100 à 1 million. Des calculs impossibles pourraient devenir réalisables, à condition de corriger les erreurs. Il n’y a pas de domaines où nous sommes confiants sur la pertinence de l’utilisation des ordinateurs quantiques par rapport aux machines classiques. Les ordinateurs quantiques ont besoin d’un refroidissement pratiquement au niveau du zéro absolu, ce qui rend difficile son utilisation. Il n’y a pas de généralisation possible de l’ordinateur quantique. Et le problème c’est que pendant ce temps, les ordinateurs classiques continuent de faire des progrès. Le nombre de transistors sur les microprocesseurs ne cesse d’augmenter. On estime qu’on pourrait les faire progresser de telle sorte qu’on créerait une explosion des capacités informatiques. La loi de Moore n’est pas caduque, contrairement à ce qu’on prédisait. Aujourd’hui, l’informatique galope sans ordinateur quantique.

Certains parlent aussi de « multitasking » quantique. De quoi s’agit-il ?

Ce qu’on aimerait pouvoir faire avec l’ordinateur quantique, ce sont des traitements parallèles de tâches : que l’ordinateur puisse faire comme le cerveau, gérer de multiples tâches en parallèle. L’ordinateur n’en est pas vraiment capable, mais la recherche s’y essaie.

Ce n’est encore que de la recherche, loin d’être opérationnelle. Développer le quantique, cela demande des milliards et une capacité de storytelling pour attirer les investisseurs.

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