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Condamnation du maire gifleur : 
la France est-elle devenue 
allergique à l'autorité ?
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PAF !

Le tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe dans le Nord a infligé vendredi 1000 euros d'amende avec sursis à Maurice Boisart, maire de Cousolre, pour avoir giflé un adolescent en août 2010. Pour le philosophe Bertrand Vergely, c'est une dérive de la société française, qui n'ose plus éduquer.

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely est philosophe et théologien.

Il est l'auteur de plusieurs livres dont La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010), La tentation de l'Homme-Dieu (Le Passeur Editeur, 2015).

 

 

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Atlantico: Pour vous, que signifie cette décision de justice où le maire de Cousolre a été condamné à 1000 euros d'amende pour avoir giflé un garçon de 15 ans ?

Bertrand Vergely: Cette décision de justice est lamentable. Elle signifie la victoire de l'idéologie dominante actuellement en Europe, qui considère qu'un père qui met une paire de baffes à ses enfants peut être traîné en justice pour des raisons de châtiments corporels. C'est le monde à l'envers. La société n'ose plus éduquer. Le discours idéologique anglo-saxon est en train de prendre le pouvoir, considérant qu'il ne faut absolument pas traumatiser l'enfant. Cela devient une sorte de phobie de la violence. Je pense que l'on est dans ce que Alain Minc avait appelé l'ivresse démocratique, où on n'ose plus critiquer quelqu'un, on n'ose plus rentrer dans le lard. Ce gamin qui a été giflé, il s'avère que c'est un multirécidiviste qui a dégradé le matériel de la commune et qui se permet, en plus, d'insulter le maire. Condamner ce dernier pour une baffe, avec une telle sévérité, alors qu'il n'a fait que réagir en bon père de famille, cela s'appelle de l'idéologie.

A votre avis, la justice avait-elle à intervenir ?

On est dans la judiciarisation de tous les aspects de la société, même les plus banals, et dans l'exagération judiciaire. C'est une dérive, où la justice acquiert un pouvoir sans précédent. Dès que vous critiquez ou insultez quelqu'un, vous êtes susceptible d'être trainé en justice. La justice intervient tous azimuts. Des fois, il y a des gens qui méritent une paire de baffes, et cela leur fait grand bien d'en recevoir une. Cette histoire de maire montre que ce n'est plus possible. La justice, ici, n'avait qu'une chose à faire: dire que cet incident ne la regardait pas. L'enfant n'en est pas mort, et il l'avait bien cherché. Pourtant, son père a été porter plainte, considérant que c'était une atteinte au droits de l'homme. On est dans une sorte de délire droit-de-l'hommiste et populiste qui consacre le règne des médias et des avocats, une dictature bien-pensante et judiciaire. Ces affaires vont se multiplier dans les années à venir.

Depuis l'épisode de la gifle de Bayrou qui l'avait rendu populaire, la société française a-t-elle évolué dans son rapport à l'autorité ?

Lorsque François Bayrou avait flanqué une paire de claques à un gamin qui lui faisait les poches, c'est tout juste si on ne l'a pas traité de fasciste. Le problème de l'autorité consiste à, par moment, taper du poing sur la table, à dire de c'est inadmissible, et aussi, de temps à autres, à donner une paire de baffes. Ce n'est pas de la torture, et dire le contraire constitue du terrorisme intellectuel. D'un autre coté, cela l'avait aussi rendu populaire, car il avait osé ramener un peu de bon sens dans une société qui en fait trop. Les choses s'aggravent, comme le montre la condamnation du maire. C'est l'aboutissement d'une culture qui tend à dire que toute autorité est fasciste. Mais si toute autorité devient suspecte, comment éduquer ?

Propos recueillis par Xavier Venutolo

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