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Gérard Larcher, l'Homme qui tient tête à Emmanuel Macron et ...à Laurent Wauquiez
©LUDOVIC MARIN / AFP

Larcher the king

A l'occasion de la présentation de ses voeux à la presse , le président du Sénat, Gérard Larcher a évoqué " l'échec de 18 mois de présidence qui devait être ...l'avènement d'un nouveau monde, flamboyant, ambitieux et conquérant", et lancé une mise en garde à Emmanuel Macron à propos du respect des institutions...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Emmanuel Macron aime parait-il citer les répliques cultes des " Tontons Flingueurs" et notamment celle ci : "Mais il connait pas Raoul, ce mec !" (ce "mec" étant le quidam qui entend se mesurer à lui, le locataire de l'Elysée...). Aujourd'hui Raoul, ce pourrait bien être (- avec tout le respect dû à sa personne et sa fonction,) le président LR du Sénat Gérard Larcher, même si le troisième personnage de l'Etat préfère Victor Hugo à Audiard. A la tête de la "deuxième chambre" où l'opposition est majoritaire, il dispose aujourd'hui d'un pouvoir non négligeable, à la fois pour freiner les projets du gouvernement, mais aussi pour  venir à sa rescousse et il l'a montré fin décembre lorsqu'il a fallu adopter en urgence les mesures pour calmer la colère exprimée par les Gilets Jaunes. C'est à partir d'une proposition de Loi déjà votée au Sénat, mais non reprise par l'Assemblée Nationale qu'on avait pu revenir en cinq jours sur l'augmentation du prix des carburants. Emmanuel Macron en savait su gré aux Sénateurs; il avait envoyé un message de remerciements à leur Président  qui se flatte par ailleurs d'avoir conseillé au Chef de l'Etat d'aller voir les Maires à travers le pays. Aussi les membres de la Chambre Haute ont-ils peu goûté une des questions figurant dans la Lettre aux Français d'Emmanuel Macron :" Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Economique, Social et Environnemental doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ? Faut-il les transformer et comment ?" Le Chef de l'Etat n'avait pas pris la peine d'avertir le Président du Sénat de son intention de verser ce sujet au Grand Débat et les sénateurs y ont aussitôt vu dans cette question une (nouvelle) attaque contre le bicamérisme, un des fondements de la Ve République. La question est d'autant plus sensible que la Réforme des Institutions prévoit la réduction du nombre de parlementaires et que d'âpres négociations avaient permis d'acter (-avant que le processus soit interrompu par la crise des gilets jaunes), qu'il y aurait au moins un sénateur par département. Il l'a rappelé à Emmanuel Macron qu'il a rencontré en tête à tête avant le déjeuner réunissant les présidents de l'Assemblée National, du CESE et lui -même lundi dernier. Cette explication en tête à tête, c'était même la condition pour qu'il se rende à l'Elysée. Et Gérard Larcher a prévenu Emmanuel Macron qu'il révèlerait la teneur de ses propos,-en l'occurrence qu'il se montrera très vigilant sur le respect de la "Loi fondamentale", notamment pour l'organisation éventuelle d'un Référendum. En clair toute révision constitutionnelle, avant d'être soumise à l'approbation des électeurs devra être précédé par "l'adoption du texte dans les mêmes termes par l'Assemblée Nationale et le Sénat" en application de l'article 89 de la Constitution...". Et pour être encore plus clair, pas de référendum  sans débat parlementaire préalable"."S'appuyer sur l'article 11 serait un putsch" avance même un sénateur, particulièrement attentif. "Ma conception de la République, c'est qu'on ne reconstruit pas une République en bernant les uns par rapport aux autres. Moi, je lui propose au contraire d'essayer de travailler ensemble" tonne le président du Sénat qui est en position de force dans le contexte actuel , car la grande majorité des sénateurs font bloc derrière lui; et ces élus locaux jadis méprisés vers qui Emmanuel Macron se tourne aujourd'hui pour tenter de "sortir de la logique de la contestation par la seule rue", le soutiennent également. Ce qui lui permet de rappeler que  " la légitimité démocratique, c'est l'élection et non le nombre de followers ". La revanche du " vieux Monde".

Fort de cette légitimité renforcée, Gérard Larcher fait également faire entendre sa voix au sein des Républicains :" Mon parti ne va pas bien", déplore-t-il . "Il ne faudrait pas laisser de vide entre la République en Marche et les le Rassemblement National", ajoute-t-il inquiet. Il n'est un mystère pour personne qu'il ne partage pas les positions droitières affichées par Laurent Wauquiez ( " je n'imagine pas d'autre alliance qu'avec le centre" glisse-t-il) , et qu'il ne manifeste guère d'enthousiasme pour le choix de la tête de liste aux européennes choisie par le Président du Parti ." Ma conception d'une tête de liste , c'est  quelqu'un qui puisse rassembler", ce qui n'est pas (encore)le cas de François Xavier Bellamy, le jeune prof de philo sur qui parie Laurent Wauquiez. Gérard Larcher n'en fera pas un casus belli  mais il veillera au " profond renouvellement de la liste "qui doit "incarner l'équilibre du parti",(-sous entendu pas  de sur-représentation de " la Manif pour Tous . La commission d'investiture commence ses travaux la semaine prochaine ...Gérard Larcher affirme qu'il ne " déchirera pas sa carte des Républicains", si ses conseils ne sont pas suivis à la lettre. Il est au dessus de cela; lentement mais sûrement il endosse le costume de recours de la droite .

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