Analyse
Gérald Darmanin à l'Emission Politique : habile, très habile, moins de vision...
Sur le plateau de l'Emission Politique, le Ministre des Comptes Publics a déployé toute son énergie (elle est grande), pour démontrer le bien fondé de la politique économique d'Emmanuel Macron.
Anita Hausser
Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015).
En quittant le plateau de l'Emission politique, Gérald Darmanin a dû se dire : "Vivement le mois d'octobre". ..Pourquoi octobre? c'est théoriquement à cette échéance que les retraités qui ont vu leur revenu mensuel amputé en raison de la hausse de la CSG, devraient "voir la couleur" de la compensation de cette mesure grâce à la diminution de la taxe d'habitation promise par Emmanuel Macron. Sur le plateau de l'Emission Politique, le Ministre des Comptes Publics a déployé toute son énergie (elle est grande), pour démontrer le bien fondé de la politique économique d'Emmanuel Macron. Lui qui n'a pas fait l'ENA, tient un discours clair, précis, pas techno, mais pas forcément convaincant en cette période où la grogne sociale mlenace. D'après le sondage post émission , 49% des personnes interrogées représentatives de l'ensemble des Français ont trouvé Gérald Darmanin convaincant et 67% pensent que "la politique gouvernementale ne va pas dans le bon sens". Il assure pourtant que la SNCF ne sera pas privatisée, et que le gouvernement ne veut pas supprimer les petites lignes. Gérald Darmanin assume : "il faut savoir être impopulaire lorsque l'on est responsable", a-t-il déclaré à propos de la limitation de la vitesse à 80km/ heure sur les routes, mais la remarque se veut plus générale. Sa défense est moins facile lorsqu'il se retrouve face à un contradicteur coriace comme Olivier Besancenot. Le porte parole du Nouveau Parti Anticapitaliste est mordant quand il évoque la situation dans les EHPAD : "On peut mesurer le degré d'humanité d'une société à la façon dont elle traite ses aînés. Et aujourd'hui monsieur Darmanin, il y a de quoi avoir honte", lance le leader d'extrême gauche au moment où le mouvement de contestation dans les maisons de retraite menace de prendre de l'ampleur, ou encore lorsqu'il martèle: "la réforme fiscale profite aux plus riches, et même aux plus riches parmi les plus riches ", avant de s'en prendre au fameux "verrou de Bercy" qui laisse l'administration fiscale libre de régler les contentieux fiscaux avec les contribuables indélicats, sans les poursuivre devant la Justice. Cela concerne évidemment les gros fraudeurs. Le Ministre concède qu'"à partir d'une certaine somme nous pourrions effectivement travailler avec la Justice pour être plus efficaces"...
Gérald Darmanin a eu la partie beaucoup plus facile avec "l'invité surprise" Jean-Marie Le Pen , qui fait figure de vieux monsieur que l'on n'a même plus envie de bousculer, et que l'on écoute poliment rabâcher son discours contre la déferlante de l'immigration . Et lorsqu'on demande à Gérald Darmanin ce qu'il pense du soutien de Marine Le Pen au candidat LR , son ancienne famille politique à l'élection partielle de Mayotte , il rappelle simplement qu'il l'a quittée parce qu'elle n'a pas appelé à voter contre Marine Le Pen à l'élection présidentielle. Le Ministre des Comptes Publics qui subit des vents contraires, ne perd jamais son calme sur le plateau . Lui qui a fait l'objet d'accusations d'abus sexuels (-une plainte classée sans suite à deux reprises), et une femme l'accuse d'abus de faiblesse, accusation contre laquelle il a lui même porté plainte pour calomnie, se défend d'avoir jamais commis d'abus de faiblesse et déplore que la presse ne consacre qu'une place infime à l'information lorsque quelqu'un est mis hors de cause. Il le dit sans s'indigner. Ce calme apparent , c'est sans doute ce qui le différencie le plus de Nicolas Sarkozy avec qui il s'était affiché plus tot dans la journée à l'occasion de la remise de la Légion d'Honneur au maire de Tourcoing. L'ancien président a couvert de louanges son lointain successeur à Bercy qui fut son directeur de campagne pendant la primaire de la droite: "Gérald a été fidèle, extrêmement fidèle", a-t-il déclaré en le qualifiant de "grand politique". On dit parfois que les deux hommes sont faits du même bois ...On dit aussi que Darmanin est l'anti-Wauquiez. Pour l'heure Gérald Darmanin affiche la modeste ambition de redevenir maire de Tourcoing, (- il l'a été à 30 ans, avant de devenir Ministre), et non maire de Lille, comme certains le prétendent, mais nourrit d'autres ambitions. En se rasant, ou en réfléchissant . Mais ce n'est pas (-encore) le moment d'en parler.
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