Gabriel Attal sur TF1: entre cynisme et déminage<!-- --> | Atlantico.fr
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Le premier ministre, Gabriel Attal, sur le plateau du 20 heures de TF1, le 27 mars 2024
Le premier ministre, Gabriel Attal, sur le plateau du 20 heures de TF1, le 27 mars 2024
©ALAIN JOCARD / AFP

20 heures de TF1

Double (et difficile) mission pour Gabriel Attal, invité du 20H de TF1.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Double (et difficile) mission pour Gabriel Attal, invité du 20H de TF1 : premièrement affirmer que l’objectif des 3% de déficit en 2027 (alors qu’il est au minimum de 5,5% aujourd’hui), reste inchangé grâce notamment à une réforme de l’indemnisation du chômage (et peut-être avec une taxation des superprofits), mais sans augmentation des impôts pour les classes moyennes. D’autre part afficher sa fermeté en matière de respect de la laïcité, en annonçant une plainte pour dénonciation calomnieuse contre l’élève à l’origine du départ anticipé du proviseur du lycée Maurice Ravel qui lui avait demandé de retirer son voile.

La volonté du gouvernement est affichée depuis toujours : atteindre le « plein emploi », valoriser « le travail », en incitant les demandeurs d’emploi à retourner plus rapidement au travail , grâce au durcissement des conditions d’indemnisation du chômage. Cela permettrait non seulement de parvenir au « plein emploi » souhaité, mais aussi - et surtout -, de contribuer à résorber les déficits publics qui s’élèvent à 5,5% du PIB. Gabriel Attal affiche la couleur : il veut « faire bouger le système ». Et pour cela l’assurance chômage va être réformée : la durée d’indemnisation sera ramenée à douze mois. Elle est de dix-huit mois actuellement. Cette réforme fait l’objet de négociations, mais au vu des premières réactions des leaders syndicaux et des oppositions, il est peu probable (c’est un euphémisme !) qu’elle soit approuvée par  les partenaires sociaux… Dans l’urgence, on passera donc par la loi. Pour faire passer la pilule, Gabriel Attal veut y apporter sa patte personnelle, en assortissant cette réforme d’une amélioration des conditions de travail (possibilité de travailler 35 heures en quatre jours, augmentation des bas salaires non pénalisante pour les personnes « qui sortent du SMIC » et qui y perdraient les avantages attenants). 

Mais personne n’ose croire, - pas même le Premier Ministre - que la réforme de l’indemnisation du chômage permettra à elle seule de faire baisser le déficit public de plusieurs points. Pour l’heure, Gabriel Attal exclut une augmentation des impôts… pour les classes moyennes, « celles qui travaillent et ne demandent rien à personne ». Il n’est pas hostile à une taxation des superprofits, mais rejette à l’instar d’Emmanuel Macron, une taxation des « super-riches ». Le gouvernement a quelques semaines pour ajuster son dispositif. En attendant, il cherche à se donner de l’oxygène, à montrer que la volonté de réforme est là. Mais un véritable assainissement des finances publiques nécessitera d’autres « réformes », plus douloureuses (baisse de certaines prestations médicales, suppression de crédits d’impôts, par exemple ). Les Cassandre comparent aujourd’hui la France à la Grèce où il a fallu baisser le montant des retraites pour réduire les déficits publics). Rien de cela n’arrivera en France, assure-t-on. Comment le gouvernement va-t-il s’en sortir ? A ceux qui réclament une baisse du train de vie de l'Etat, Gabriel Attal répond qu’il n’y a pas eu de dérapage… Le parcours, quel qu’il soit, promet d’être agité, et la bataille des chiffres, féroce. A quelques semaines des Jeux Olympiques, il est plus facile d’annoncer une réforme de l’indemnisation du chômage que la baisse du remboursement du transport des malades en traitement ambulatoire … Le gouvernement va organiser un débat sur la réduction des déficits à l’Assemblée. Mais il se refuse à présenter une loi de finances rectificative, allant à l’encontre de la tradition. Faute d’accord entre l’Elysée, Bercy et Matignon ?   

Sur la question des déficits, Gabriel Attal n’est pas « moteur ». Il l’est en revanche sur la question de la laïcité. C’est sa marque de fabrique et il n’a pas l’intention de céder un pouce sur la détermination qu’il affiche depuis sa nomination au Ministère de l’Education Nationale. Son discours est clair : il dénonce une « forme d’entrisme islamiste qui se manifeste dans nos établissements scolaires ». Il va recevoir le proviseur du lycée Maurice Ravel qui a demandé sa mise à la retraite anticipée car il craignait pour sa sécurité après les menaces reçues sur les réseaux à la suite de l’altercation avec une élève qui refusait de retirer son voile. L’affaire est exemplaire car aujourd’hui trop d’enseignants ferment les yeux face aux atteintes aux principes de la laïcité, à cause des  menaces, de l’absence de soutien de leur hiérarchie, ou tout simplement parce qu’ils considèrent que s’en prendre aux menaces islamistes, c’est adhérer aux thèses de l’extrême droite.

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