Hollande face aux Français : "Il a fait preuve de hauteur, de volontarisme et de sérénité"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Hollande face aux Français : 
"Il a fait preuve de hauteur, 
de volontarisme et de sérénité"
©

Parole de candidat sur TF1

François Hollande était ce lundi soir l'invité de l’émission politique de TF1 "Parole de candidat". Le candidat socialiste a affirmé que s'il était élu, il créerait un taux d'imposition "à 75% pour les revenus au dessus d'un million d'euros" par an. Karim Zeribi revient sur sa prestation

Karim Zeribi

Karim Zeribi

Karim Zéribi est un homme politique marseillais, conseiller municipal et communautaire (Europe Écologie Les Verts). Il est président du Conseil d'Administration de la Régie des transports de Marseille. Il est également l’un des chroniqueurs réguliers d’une émission quotidienne de débats d’actualités sur RMC (« Les Grandes Gueules »).

Voir la bio »

Atlantico : Comment avez-vous trouvé la prestation de François Hollande ?

Karim Zeribi : François Hollande a, à plusieurs reprises, renvoyé la possibilité d’agir à partir de l’accord franco-allemand sur la coopération budgétaire européenne, ce qui semble assez certain quand on connaît les difficultés qui existent aujourd’hui pour se mettre d’accord en Europe. Il n’a pas toujours donné le sentiment que notre destin passerait par des décisions prises au nom de notre souveraineté nationale on peut comprendre dans le contexte actuel. Je ne lui donnais pas la force ni l’autorité politique nécessaires pour inverser la tendance. Il souhaite une harmonisation à l’échelle européenne dans une problématique sociale-économique. Dire que je l’ai trouvé impuissant est peut-être trop fort mais il a conditionné sa capacité à agir dans le contexte d’un accord européen.

Aussi, il a donné le sentiment d’être volontariste pour réduire les inégalités et être plus juste dans la répartition des richesses notamment avec sa mesure de taxation à hauteur de 75% des revenus de ceux qui touchent plus d’un million par an. Au final quand on sait ce que ça représente sur le plan économique, c’est plus symbolique qu’autre chose.

Selon les réponses qu'il donnait il essayait d’attirer l’électorat de Jean-Luc Mélenchon mais à d’autres moments son esprit de responsabilité l’amenait à être beaucoup plus en quête d’une posture de centre gauche. Il tente d’élargir son spectre sans faire de grand écart intenable. Il a compris qu’il ne fallait pas laisser l’électorat s’échapper vers Jean-Luc Mélenchon, qui arrive en première position dans les sondages au niveau des ouvriers. Et de l’autre côté, il y  a un électorat à séduire qui est à la fois celui de Nicolas Sarkozy, qui peut avoir l’intention de voter Bayrou. Il a varié entre les deux.

Je l’ai trouvé assez serein, apaisé. Pas nerveux du tout, ni gêné à aucune des questions qu’on lui a posé, il prenait le temps de répondre. Il n’a pas esquivé. Plutôt sérieux comme on a l’habitude de le voir. C’est quelqu’un de sérieux, qui travaille et ces dossiers.

La seule chose que je lui reproche, c’est qu’il n’est pas assez offensif sur le mauvais bilan de Nicolas Sarkozy. Globalement, on a l’impression que le parti socialiste ne veut pas rentrer dans la bagarre. Ils prennent une certaine hauteur en évitant de parler aux français et n’abordent pas les valeurs frontales pour être dans la compétition avec Nicolas Sarkozy. Pourtant à un moment donné, une question lui a été posée sur la sécurité. Ça lui a été posé sur un plateau pour aborder les 10 ans de Sarkozy sur la sécurité. Pendant son mandat de ministre de l’Intérieur et celui de président il a eu pendant 10 ans la main sur une question dont il a fait une priorité en permanence. Et finalement on constate une augmentation des agressions sur les personnes et la question est loin d’être réglée. Ce qui se passe en banlieue, les trafics souterrains, tout cela n’a pas été abordé alors que le bilan est catastrophique en matière de sécurité. C’était une opportunité.

Vous pensez que François Hollande a manqué de poigne ?

Non je pense que François Hollande estime que la "bagarre de rue" n’est pas ce qui est apprécié par les français. Il ne veut pas descendre dans l’arène. Il veut prendre de la hauteur, montrer qu’il peut faire des propositions sans rentrer en contact frontal avec Nicolas Sarkozy. Il veut paraitre serein, en position d’élever le débat et moins nerveux que son adversaire, quitte à perdre en énergie. Car le dynamisme c’est la spécificité de Nicolas Sarkozy mais François Hollande ne veut pas avoir l’air d’un charognard.

Finalement les rôles s’inversent puisque c’était l’attitude que voulait adopter Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal en 2007 ?

En 2007, Nicolas Sarkozy devait prouver qu’il était quelqu’un d’apaisé pour paraître apaisant, tout en ne perdant pas en dynamisme et en mouvement. II avait des preuves à fournir aux Français. Tandis que François Hollande n’a aucune preuve à faire. Il veut montrer que c’est sa  personnalité, c’est son caractère, qu’il sera un Président plus tranquille, moins virevoltant sans perdre en action. Il veut montrer que son calme est le signe d’une cohérence de sa politique. Il veut être en rupture avec  Nicolas Sarkozy dont on connait les qualités et les défauts. Il veut incarner une alternative de personnalité, de caractère, de projet politique, c’est un tout.

J’attends les débats des candidats entre eux. On va alors arriver à une situation assez intéressante de la campagne.

Propos recueillis pas Jean-Benoît Raynaud

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !