François Hollande, artisan de son propre malheur, Valérie Trierweiler artisan de leur chute conjointe<!-- --> | Atlantico.fr
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Valérie Trierweiler et François Hollande.
Valérie Trierweiler et François Hollande.
©Reuters

Persona non grata

L'ex première dame Valérie Trierweiler publie "Merci pour ce moment", un livre explosif qui raconte son passage à l'Élysée et dont émerge un portrait particulièrement peu flatteur de l'homme qu'elle dit avoir passionnément aimé, faisant au passage sauter toutes les bornes du respect de la vie privée des hommes politiques.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Sidérant ! Atterrant ! Ravageur ! Consternant ! Les proches du pouvoir mais aussi nombre de "commentateurs" invités sur les plateaux pour donner leur avis sur le livre-bombe de Valérie Trierweiler semblaient frappés de stupeur en découvrant les extraits de l'ouvrage. Ils tentent tous de faire bloc pour s'indigner de la démarche impudique et inélégante de l'ex-compagne ; les adversaires politiques ont prudemment préféré rester sur le terrain politique et pris l'auteur à témoin pour souligner les défauts de  François Hollande. Un signe qui montre qu'avec "Merci pour ce Moment", ce "solde de tout compte" sous forme de brulot, Valérie Trierweiler a fait exploser toutes les bornes du sacro-saint respect de la vie privée mais aussi mis en lumière les faiblesses humaines de son ex-compagnon. Et François Hollande, déjà sérieusement étrillé dans quelques ouvrages récents, se trouve plongé dans une "lessiveuse" dont il risque de sortir encore un peu plus essoré, alors qu'il est au plus bas dans les sondages d'opinion.

Pour un homme qui ne voulait pas faire étalage de sa vie privée, c'est complètement raté. Non seulement l'ex-compagne du Chef de l'Etat, dans la peau de la femme blessée et bafouée, déballe tout sur leur liaison, comment celle-ci s'est construite, puis délitée, et comment il a tenté de la reconquérir ( une situation somme toute banale ! ), mais à travers le récit de ses malheurs émerge un portrait particulièrement peu flatteur de l'homme qu'elle dit avoir passionnément aimé. Et ça fait mal ! Le véritable François Hollande, l'homme que les Français ont élu le 6 mai 2012 ne serait pas ce personnage débonnaire et rempli de compassion pour ceux qui souffrent mais un homme indifférent aux autres, sans affect, déshumanisé par la fonction présidentielle, cynique et menteur. N'en jetez plus ! Ces accusations font écho à celles abondamment citées de deux de ses ex-ministres. Cécile Duflot, dans son livre "De l'Intérieur", raconte sa désillusion politique avec le Chef de l'Etat : "À force d'avoir voulu être le président de tous, il n'a su être le président de personne. Cela n'est pas une question de tempérament, c'est la conséquence d'une succession de choix souvent inattendus et, parfois, incohérents entre eux" ; quant à Arnaud Montebourg, cité dans la biographie qui lui est consacrée, il s'exclame : "Il ment tout le temps"! Valérie Trierweiler, elle, file la métaphore : "le mensonge est ancré en lui, comme le lierre se mêle à l'arbre". Mais le mensonge est inhérent au discours politique, rétorquent les plus blasés. Pour François Hollande, cela se complique toutefois lorsque viennent s'ajouter des assertions plus dures : François Hollande n'aime pas les "pauvres", surnommés les "Sans dents". Un trait d'humour noir ? Ravageur en tous cas, à observer les réseaux sociaux faiseurs d'opinions qui détournent la photo de François Hollande. Valérie Trierweiler qui se décrit elle-même en Cosette (surnom que lui donnait son ex), sait pourtant aussi se montrer harpie comme ce jour de juin 2012, où elle a adressé un tweet de soutien à l'adversaire de Ségolène Royal, alors candidate aux législatives à La Rochelle. Elle tente de justifier son geste par sa jalousie amoureuse, une jalousie qui la prive de toute intelligence et tact politique. On est à la limite du roman de gare. Son couple a failli voler en éclats, reconnait-elle ; finalement il ne s'est rien passé ( le non choix de François Hollande ?), mais à partir de ce moment là leurs relations ont vraiment commencé à se détériorer. Une telle bévue montre qu'elle n'a manifestement jamais su trouver la bonne attitude à adopter dans ce lieu de pouvoir et d'intrigues qu'est le Palais de l'Elysée. En son temps, Cécilia Sarkozy a fui et Bernadette Chirac avait su imposer sa férule. Valérie Trierweiler croit-elle vraiment faire pleurer Margot et ramener les moralisateurs de son côté lorsqu'elle raconte à longueur de page qu'elle n'a pas su trouver sa place à l'Elysée, qu'elle et François n'avaient plus assez de moments d'intimité ( comme si la fonction présidentielle ressemblait à celle de responsable de parti politique !), ou lorsqu'elle évoque, avec la plume trempée dans le vinaigre la liaison entre François Hollande et Julie Gayet en écrivant : "Où est le président exemplaire ? Un président ne mène pas deux guerres tout en s'évadant dès qu'il le peut pour rejoindre une actrice dans la rue d'à côté. Un président ne se conduit pas comme ça quand les usines ferment, que le chômage augmente et sa cote de popularité est au plus bas". Pâle allusion à la célèbre anaphore "Moi, Président !"

"Merci pour ce Moment" a été tiré à 200.000 exemplaires ( une quantité inouïe! ) et a bénéficié d'un lancement extraordinaire. Il devrait faire la fortune matérielle de son auteur. Pour la satisfaction morale, elle aura, à défaut de reconnaissance littéraire, celle de la vengeance dont elle a manifestement oublié que c'est un plat qui se mange froid. Et en voulant le dévorer trop chaud, elle risque une méchante indigestion qu'elle devra cette fois soigner toute seule.

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