François Hollande à Dijon : quand le volontarisme et la méthode Coué ne suffisent plus<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande a essuyé lundi à Dijon un véritable camouflet qui en dit long sur l'état d'exaspération d'une partie des Français.
François Hollande a essuyé lundi à Dijon un véritable camouflet qui en dit long sur l'état d'exaspération d'une partie des Français.
©Reuters

Game over ?

La visite de François Hollande lundi à Dijon avait pour objectif de redorer son image auprès des Français. Un déplacement très médiatisé, au cours duquel le président n'a pu que constater les inquiétudes et les regrets des Français.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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A l’instar du poète qui écrivait "qu’un seul être vous manque et tout est dépeuplé", François Hollande peut, après son voyage à Dijon, se dire qu’il suffit d’une interpellation verbale un peu musclée et d’un "épisode neigeux" pour que le résultat espéré de sa rencontre avec les Français soit complètement gâché. Cette image d’un électeur mécontent interpelant le président de la République par un : "elles sont où tes promesses François ?" - manifestant aussitôt embarqué par le service d’ordre - passant et repassant en boucle à la télévision a, dans un premier temps, cannibalisé le message du Président qui veut constater les réalités du terrain. La neige et le froid ont ensuite relégué au deuxième plan le discours que François Hollande a prononcé en conclusion de ce déplacement. Et c’est bien dommage. Car il y avait à la fois de la lucidité, du volontarisme, de la méthode Coué, et des aveux  dans ce propos.

François Hollande a reconnu publiquement qu’en 2013 le déficit de la France n’atteindra pas 3% du PIB comme espéré, (ce que l’on savait déjà), mais grimpera plutôt à 3,7% (ce que l’on supputait), en dépit des augmentations d’impôts et des économies déjà réalisées, et en attendant d’autres à venir. 3,7%, c’est -à-dire moins d’un point de réduction par rapport à celui de 2012 qui a été de 4,5%. Et puis, il y aura une autre potion amère à avaler, la réforme des retraites, qui nécessitera "des choix courageux à engager". Pas facile lorsqu’on fait face aux "trois blocages de la société française : la lenteur, la lourdeur des procédures et la torpeur", alors que François Hollande rêve d’Etat "fort, simple, rapide, efficace… qui fait confiance et qui inspire confiance". Comment y parvenir : en livrant "la première bataille, qui conditionne tout le reste, c’est donc de faire en sorte que la croissance revienne".

Et pour cela François Hollande n’hésite pas à utiliser un peu de méthode Coué en parlant de la crise… au passé : "C’est vrai que la crise que nous avons traversée a été rude. Je parle au passé composé, presque à l’imparfait. Pourquoi ? Parce que nous devons en sortir, parce qu’il n’y a rien d’inéluctable", a-t-il déclaré. Derrière nous la crise ? Diantre ! Pour cela il faudrait que l’ambiance change, que l’horizon s’éclaircisse, que les chefs d’entreprises aient envie, ou les moyens d’embaucher pour que leurs carnets de commandes se remplissent. Après avoir été échaudés par des hausses d’impôts massives, ils sont maintenant cajolés et le chef de l’Etat n’a pas manqué de le souligner : le crédit d’impôts, le pacte de compétitivité, les contrats de génération, et dans quelque temps, une plus grande souplesse pour licencier, sont des outils à utiliser. Il y aura encore plus : des incitations financières dans le cadre d’un plan de rénovation des bâtiments, des investissements pour le développement du numérique.

D’ici là l’opposition va renchérir et assombrit le tableau : "Après une ouverture complète des vannes pendant huit mois, on assiste à un dérapage complet des finances publiques, ce ne sont pas six milliards qu’il va falloir trouver, mais vingt", affirme le patron des députés UMP, Christian Jacob , alors que l’ancien ministre du Budget Eric Woerth estime que la prévision de 3,7% de déficit est "plutôt optimiste". Quant à Jean-Louis Borloo, qui préside le groupe UDI, il affirme qu’il "se produit un petit Aulnay-sous-Bois dans le secteur du bâtiment tous les mois", et réclame le retour de la TVA à 5% dans ce secteur, voire que ce taux soit abaissé à 2,5% pendant deux ans, pour stimuler la construction de logements neufs ! De quoi alimenter les discours qui seront prononcés à l’occasion du débat sur la motion de censure que l’UMP va déposer à l’Assemblée nationale. Une UMP qui gronde mais qui ne profite pas encore du désamour des électeurs à l’égard de la gauche, et qui est au pied du mur, puisqu’elle se voit contrainte de soutenir des réformes telles que l’allongement de la durée de cotisations pour les retraites, ou encore la flexisécurité, des réformes qu’elle a préconisées et que le gouvernement de gauche met en œuvre à marche forcée.

A Dijon, François Hollande a "fixé le cap : rééquilibrer les comptes publics, redresser la production française et réduire le chômage". Vaste programme ! Il lui faut maintenant convaincre les Français de sa pertinence s’il veut quitter les sommets d’impopularité auxquels les électeurs l’ont hissé moins de dix mois après son élection ! Pour l’heure les comptes publics vont mal, la production est en berne et personne ne croit à l’inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année. "Je demande à être jugé en fonction des résultats", a lancé François Hollande. Pour lui, l’impopularité, c’est peut-être pour longtemps.

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