thumbnail_betbeze.jpg

UE Bruxelles AFP

large_000_1BY1KF.jpg

medium_000_1BY1KF.jpg

small_000_1BY1KF.jpg

thumbnail_000_1BY1KF.jpg

000_1BY1KF.jpg

France : moins de chômage, plus de chômeurs ! 

Retard sur la vaccination : l’Europe a épuisé son stock d’excuses... et toujours pas su déployer la rapidité nécessaire pour enrayer la pandémie

"Réinventons l’avenir" : les leçons de la pandémie de Covid-19 pour le monde d’après

Géopolitique de la diffusion des vaccins : Chine & Russie 1/ Occident 0

Pas de Salon de l’agriculture, et alors ?

<h3>Atlantico&nbsp;: L'Europe, en particulier la France et l'Allemagne, accuse toujours un s&eacute;rieux retard en termes de taux de population vaccin&eacute;e. Pourtant, le probl&egrave;me de stock semble avoir &eacute;t&eacute; r&eacute;gl&eacute;. Comment l'expliquer&nbsp;?</h3>
<p><strong>Charles Reviens&nbsp;: </strong>Je rappelle d&rsquo;abord que je ne suis ni scientifique ni m&eacute;decin mais observateur des diff&eacute;rentes politiques publiques et de leurs r&eacute;sultats pendant cette s&eacute;quence extraordinaire confrontant les &eacute;cosyst&egrave;mes publics et sanitaires nationaux &agrave; un &eacute;v&eacute;nement mondial in&eacute;dit.</p>
<p>Commen&ccedil;ons d&rsquo;abord par la &laquo;&nbsp;m&eacute;t&eacute;o covid&nbsp;&raquo; et plus notamment cette fois la &laquo;&nbsp;m&eacute;t&eacute;o vaccination&nbsp;&raquo;. Le pourcentage de personnes ayant re&ccedil;u une premi&egrave;re dose de vaccin s&rsquo;&eacute;tablit &agrave; moins de 7&nbsp;% dans l&rsquo;Union europ&eacute;enne, contre 28.57&nbsp;% au Royaume-Uni, 20.41&nbsp;% aux Etats-Unis et 91.55&nbsp;% en Isra&euml;l. On peut d&rsquo;ailleurs noter les pourcentages tr&egrave;s bas de vaccination pour la Chine, la Russie ou le&nbsp;Japon.</p>
<p><img src="https://atlantico.imgix.net/1_da6c055faa.png?auto=compress" alt="" width="600" height="424" /></p>
<p>On constate une certaine corr&eacute;lation entre la situation de la pand&eacute;mie mesur&eacute;e au niveau des nouveaux cas d&eacute;tect&eacute;s ou des d&eacute;c&egrave;s par unit&eacute; de population&nbsp;: la baisse est tr&egrave;s forte sur ces deux indicateurs pour Isra&euml;l, le Grande-Bretagne les Etats-Unis. Le niveau de d&eacute;ploiement des strat&eacute;gies vaccinales n&rsquo;est certes pas n&eacute;cessairement la seule explication de ce redressement puisque l&rsquo;Allemagne connait &eacute;galement une am&eacute;lioration de ses indicateurs. En revanche on constate une d&eacute;gradation importante de la situation relative de la France et dans une moindre mesure de l&rsquo;Italie.</p>
<p><img src="https://atlantico.imgix.net/2_c6416bf236.png?auto=compress" alt="" width="600" height="424" /></p>
<p>Le retard des programmes de vaccination des pays de l&rsquo;Union europ&eacute;enne est donc patent et on peut essayer de comprendre ce retard en regardant les diff&eacute;rents segments d&rsquo;un programme de vaccination&nbsp;: strat&eacute;gie d&rsquo;ensemble, conception des vaccins, achats, autorisations, production, approvisionnement (supply chain). La responsabilit&eacute; de l&rsquo;Union europ&eacute;enne ne peut en revanche &ecirc;tre analys&eacute;e pour l&rsquo;aval (administration des vaccins) qui rel&egrave;ve des autorit&eacute;s sanitaires nationales.</p>
<p>Concernant la strat&eacute;gie, le choix fondamental a &eacute;t&eacute; fait au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 2020 de confier &agrave; l&rsquo;Union europ&eacute;enne, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; la Commission, la n&eacute;gociation avec les laboratoires pharmaceutiques et la gestion de l&rsquo;approvisionnement en vaccins. Cela a &eacute;t&eacute; fait selon l&rsquo;adage &laquo;&nbsp;l&rsquo;union fait la force&nbsp;&raquo; mais c&rsquo;&eacute;tait tout sauf &eacute;vident&nbsp;: on a constitu&eacute; de fait une &laquo;&nbsp;Europe de la sant&eacute;&nbsp;&raquo; qui n&rsquo;est absolument pas pr&eacute;vue dans les textes et on aurait pu tout &agrave; fait consid&eacute;rer qu&rsquo;il &eacute;tait opportun d&rsquo;appliquer le principe de subsidiarit&eacute; qui lui est dans les trait&eacute;s. La crise sanitaire a indiscutablement &eacute;t&eacute; instrument&eacute;e pour aller dans de nouveaux domaines vers &laquo;&nbsp;une union toujours plus &eacute;troite&nbsp;&raquo;.</p>
<p>Cette <a href="https://ec.europa.eu/info/live-work-travel-eu/coronavirus-response/public-health/coronavirus-vaccines-strategy_fr">strat&eacute;gie commune</a> s&rsquo;est fix&eacute;e pour objectif un taux de vaccination de 70&nbsp;% des adultes &agrave; la fin de l&rsquo;&eacute;t&eacute; (donc fin septembre). Cet objectif n&rsquo;est pas atteignable au rythme actuel de vaccination dans l&rsquo;UE mais rien n&rsquo;interdit &agrave; date qu&rsquo;une brutale acc&eacute;l&eacute;ration du programme permette de s&rsquo;en&nbsp;rapprocher.</p>
<p>Un point d&rsquo;explication majeur du retard europ&eacute;en tient &agrave; ce qu&rsquo;aucun membre de l&rsquo;Union ne dispose &agrave; date d&rsquo;une entreprise ayant d&eacute;velopp&eacute; puis industrialis&eacute; un vaccin op&eacute;rationnel. BioNTech, associ&eacute; &agrave; l&rsquo;am&eacute;ricain Pfizer, est certes une entreprise allemande mais ses partenaires ou investisseurs de premier rang sont mondiaux (Etats-Unis, Chine, Singapour) et le journal Die Welt pouvait ce fait r&eacute;cemment d&eacute;plorer que &laquo;&nbsp;le fruit de la recherche allemande est largement disponible aux &Eacute;tats-Unis mais demeure une denr&eacute;e rare en Allemagne&nbsp;&raquo;. Concernant les entreprises fran&ccedil;aises, le leader historique Sanofi a pris &eacute;norm&eacute;ment de retard dans le d&eacute;veloppement de son propre vaccin et se trouve rel&eacute;gu&eacute; au r&ocirc;le de sous-traitant de Pfizer, tandis que l&rsquo;entreprise nantaise Valneva qui d&eacute;veloppe un vaccin bas&eacute; (technique virus entier inactiv&eacute;) a &agrave; date re&ccedil;u davantage de soutien et de commandes de la Grande-Bretagne que de l&rsquo;UE.</p>
<p>Dans les faits la commission s&rsquo;est avant tout comport&eacute;e comme une centrale d&rsquo;achat ayant pr&eacute;achet&eacute;, le plus souvent apr&egrave;s les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, un total de 2.5 milliards de doses&nbsp;: AstraZeneca (ao&ucirc;t 2020)&nbsp;; Sanofi (septembre), Johnson&amp;Johnson (octobre)&nbsp;; Pfizer-BioNTech (novembre), CureVac (novembre), Moderna (novembre), dont 1,5 milliard de doses pour les 3 vaccins autoris&eacute;s &agrave; date (Pfizer/BioNTech, AstraZeneca et Moderna). Le PDG de Moderna St&eacute;phane Bancel a mentionn&eacute; dans le Monde la lenteur du processus d&eacute;cisionnel europ&eacute;en (six mois de n&eacute;gociations) par rapport aux autres pays acheteurs.</p>
<p>Mais les d&eacute;boires les plus r&eacute;cents concernent le retard des approvisionnement effectifs du fait de difficult&eacute;s de production ou logistiques. Pfizer n&rsquo;avait &eacute;t&eacute; en mesure de livrer &agrave; mi-f&eacute;vrier 2021 que 23 des 33 millions de doses promise (un tiers en moins) tandis qu&rsquo;AstraZeneca ne pourra finalement livrer sur le premier semestre que moins de la moiti&eacute; des doses pr&eacute;vues (130 millions de doses sur 280) du fait d&rsquo;un goulot d&rsquo;&eacute;tranglement industriel (un seul site homologu&eacute; en Belgique). L&rsquo;affaire <a href="https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-eu-astrazeneca-exc/exclusive-astrazeneca-to-miss-second-quarter-eu-vaccine-supply-target-by-half-eu-official-idUSKBN2AN1ZY">AstraZeneca</a> a &eacute;t&eacute; d&rsquo;autant plus tendue que ce laboratoire anglo-su&eacute;dois pr&eacute;servait ses niveaux de livraison au Royaume-Uni qui en outre paye les doses &agrave; un prix plus &eacute;lev&eacute;. D&rsquo;une certaine mani&egrave;re l&rsquo;Union europ&eacute;enne constitue la variable d&rsquo;ajustement des livraisons des laboratoires pharmaceutiques.</p>
<p>Enfin, et c&rsquo;est une raison principalement nationale, le retard actuel tient &agrave; ce que les programmes en Europe continentale ont &eacute;t&eacute; enclench&eacute;s avec environ un mois de retard sur le Royaume-Uni. Certaines analyses r&eacute;centes font l&rsquo;objet d&rsquo;une capacit&eacute; de <a href="https://www.lesechos.fr/monde/europe/covid-les-retards-de-livraison-de-vaccins-en-europe-en-voie-detre-resorbes-1293185">r&eacute;sorption rapide</a> du retard mais n&rsquo;a pas emp&ecirc;ch&eacute; l&rsquo;UE en g&eacute;n&eacute;ral et la commission de recevoir sur ce dossier une vol&eacute;e de bois vert notamment en Allemagne mais &eacute;galement en <a href="https://www.lefigaro.fr/vox/monde/campagne-vaccinale-une-fois-de-plus-l-union-europeenne-est-l-autre-nom-de-notredesarmement-collectif-20210216">France</a>.</p>
<h3>Emmanuel Macron, en d&eacute;nigrant le vaccin AstraZenaca, a-t-il contribu&eacute; &agrave; cette lenteur&nbsp;?</h3>
<p>Emmanuel Macron a effectivement fait part <a href="https://www.politico.eu/article/coronavirus-vaccine-europe-astrazeneca-macron-quasi-ineffective-older-pe/">fin janvier</a> de ses doutes sur l&rsquo;efficacit&eacute; du vaccin AstraZeneca pour les personnes &acirc;g&eacute;es alors que ce vaccin &eacute;tait sur le point d&rsquo;&ecirc;tre agr&eacute;e par l&rsquo;agence europ&eacute;enne des m&eacute;dicaments. Cet &eacute;v&eacute;nement, qui s&rsquo;inscrit dans une communication parfois sans filtre du pr&eacute;sident fran&ccedil;ais, n&rsquo;a &agrave; mon sens que peu d&rsquo;impact sur les raisons du retard europ&eacute;en expliqu&eacute;es plus haut, mais s&rsquo;inscrit clairement dans le contexte de tr&egrave;s forte tension alors avec le laboratoire anglo-su&eacute;dois qui affichait (et affiche toujours d&rsquo;ailleurs) des retards majeurs de livraisons &agrave; l&rsquo;Union europ&eacute;enne.</p>
<p>Emmanuel Macron a quelques peu r&eacute;trop&eacute;dal&eacute; le 25 f&eacute;vrier dernier en assurant qu&rsquo;il prendrait &laquo;&nbsp;bien &eacute;videmment&nbsp;&raquo; le vaccin &agrave; titre personnel. On note qu&rsquo;Alain Fischer, le Monsieur vaccin du gouvernement avait regrett&eacute; la veille le fait que le vaccin AstraZeneca ait &laquo;&nbsp;mauvaise presse&nbsp;&raquo;, mauvaise presse pour partie sans doute caus&eacute;e par les propos pr&eacute;sidentiels.</p>
<p>On note enfin que la chanceli&egrave;re <a href="https://www.businessinsider.fr/us/angela-merkel-wont-take-astrazeneca-covid-19-vaccine-2021-2">Angela Merkel</a> a indiqu&eacute; qu&rsquo;elle ne se ferait pas administrer le vaccin AstraZeneca pour des raisons li&eacute;es &agrave; son &acirc;ge.</p>
<h3>Sur quels points l'UE devrait-elle particuli&egrave;rement s'am&eacute;liorer&nbsp;? La logistique&nbsp;? La rigidit&eacute; budg&eacute;taire&nbsp;?</h3>
<p>Il y a des le&ccedil;ons de court et de moyen terme &agrave; tirer du retard europ&eacute;en en mati&egrave;re de vaccination covid.</p>
<p>A court terme, il faut d&rsquo;abord admettre que le temps perdu ne se rattrape jamais et que l&rsquo;urgence consiste d&eacute;sormais &agrave; accommoder les restes pour &eacute;viter des difficult&eacute;s socio-&eacute;conomiques plus grandes encore. Une &eacute;tude faite par <a href="https://www.eulerhermes.fr/actualites/cout-retard-campagnes-vaccination-ue.html">Euler Herm&egrave;s</a> et Allianz le 2 f&eacute;vrier dernier indique qu&rsquo;il fallait multiplier par 6 le rythme actuel de vaccination pour atteindre l&rsquo;objectif europ&eacute;en de 70&nbsp;% de population adulte vaccin&eacute;e.</p>
<p>Or selon cette &eacute;tude, le succ&egrave;s de la vaccination est critique pour un retour au fonctionnement normale de l&rsquo;&eacute;conomie et de la soci&eacute;t&eacute;. Le cout &eacute;conomique des restrictions est chiffr&eacute; &agrave; 90 milliards d&rsquo;euros (2&nbsp;% du PIB)&nbsp;: chaque semaine suppl&eacute;mentaire de restrictions sanitaires co&ucirc;te 0,4 de point de pourcentage de croissance de PIB trimestriel &agrave; l&rsquo;UE et par exemple 3 milliards d&rsquo;euros &agrave; la France. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t majeur pour l&rsquo;UE de sortir de l&rsquo;enfer bureaucratique dans laquelle elle semble s&rsquo;&ecirc;tre laiss&eacute;e entrainer et de parvenir r&eacute;ellement &agrave; tenir ses objectifs de vaccination.</p>
<p>A plus long terme, la crise vaccinale n&rsquo;est pas sans poser plusieurs questions existentielles pour le projet europ&eacute;en&nbsp;: faiblesse de la r&eacute;activit&eacute; initiale, d&rsquo;un gouvernement efficace et de combattivit&eacute; face &agrave; une crise, limite d&rsquo;un <a href="https://www.lefigaro.fr/vox/economie/ue-toute-l-action-communautaire-ne-peut-se-reduire-a-la-protection-de-la-concurrence-20210225">projet</a> se limitant souvent au seul respect du droit et notamment du droit de la concurrence, approche syst&eacute;matique de type &laquo;&nbsp;l&rsquo;union fait la force&nbsp;&raquo; sans respect du <a href="https://www.atlantico.fr/article/decryptage/ce-que-le-fiasco-de-la-vaccination-nous-revele-des-failles-structurelles-de-l-union-europeenne-charles-reviens">principe de subsidiarit&eacute;</a>, faible prise en compte des contraintes logistiques et op&eacute;rationnelle qui coute au final tr&egrave;s cher tant sur la plan &eacute;conomique que sur celui de l&rsquo;image renvoy&eacute;e du projet europ&eacute;en, que l&rsquo;on appr&eacute;cie ou que l&rsquo;on combatte ce projet.</p>
<p>&nbsp;</p>

Fiasco

Retard sur la vaccination : l’Europe a épuisé son stock d’excuses... et toujours pas su déployer la rapidité nécessaire pour enrayer la pandémie charles reviens

Bonnes feuilles

"Réinventons l’avenir" : les leçons de la pandémie de Covid-19 pour le monde d’après grand pacte de solidarité environnement réformes action mesures relance reconstruction renouveau coronavirus Gérard Mermet

<div dir="ltr">
<h3>Atlantico : Lors de la derni&egrave;re r&eacute;union des dirigeants du G7, le 19 f&eacute;vrier 2021, l'organisation a d&eacute;cid&eacute; du versement d'une somme de 7,5 milliards de dollars ainsi que d'une portion de leurs vaccins &agrave; un fond des Nations Unies en faveur des pays les plus pauvres touch&eacute;s par la pand&eacute;mie de Covid-19. Toutefois,cette ambition se voit fortement remise en cause par la r&eacute;alit&eacute; du nombre de doses disponibles et de la situation alarmante des pays occidentaux eux-m&ecirc;mes. Face &agrave; cela, la Chine, la Russie et dans une certaine mesure l'Inde diffusent de mani&egrave;re tr&egrave;s importante leurs vaccins dans le monde et se montrent dans cette diffusion des acteurs mondiaux essentiels. A qui la Chine et la Russie distribuent-ils des vaccins et pourquoi ? Quelle est selon vous leur strat&eacute;gie ?</h3>
<div><strong>Cyrille Bret :</strong> La comp&eacute;tition g&eacute;opolitique fait rage dans le domaine m&eacute;dical, et ce depuis plus d&rsquo;un an. D&egrave;s le d&eacute;but de 2020, les grandes puissances &eacute;conomiques, militaires et diplomatiques se sont engag&eacute;es dans une comp&eacute;tition sanitaire. Concurrenc&eacute;es dans tous les domaines par des puissances moyennes. Le premier &eacute;pisode a concern&eacute; les masques&nbsp;: la R&eacute;publique Populaire de Chine et la F&eacute;d&eacute;ration de Russie ont, d&egrave;s l&rsquo;hiver 2020 export&eacute; &agrave; grands frais des masques vers l&rsquo;Europe (Italie au premier chef), vers l&rsquo;Asie du Sud (Inde), vers l&rsquo;Afrique ou encore vers l&rsquo;Am&eacute;rique latine. Et d&rsquo;autres pays se sont lanc&eacute;s dans cette comp&eacute;tition qui &eacute;tait &agrave; la fois une course de vitesse contre la propagation du virus et une course contre la montre contre la &laquo;&nbsp;diplomatie du masque&nbsp;&raquo; de la Chine et de la Russie. Ainsi, la Cor&eacute;e du Sud, Taiwan ou encore le Japon ont ax&eacute; leurs diplomatie sanitaire sur l&rsquo;exemplarit&eacute; de leurs dispositifs de protection, de tests et de contr&ocirc;le.
<p>Aujourd&rsquo;hui, la comp&eacute;tition concernant les vaccins redouble cette concurrence. Les anciennes puissances communistes ont toujours consid&eacute;r&eacute; le domaine m&eacute;dical et scientifique comme un moyen de d&eacute;montrer l&rsquo;excellence de leurs mod&egrave;les (sovi&eacute;tiques, maoistes, castristes, etc.) et comme un outil pour gagner en influence &agrave; travers le monde. Dans la deuxi&egrave;me partie de 2020, la comp&eacute;tition a port&eacute; sur la rapidit&eacute; de mise au point du vaccin. Le vacci Gam-COVID-Vas a &eacute;t&eacute; mis au point par le laboratoire de microbiologie moscovite Gamaleia et a &eacute;t&eacute; autoris&eacute; par le minist&egrave;re russe de la sant&eacute; d&egrave;s le 11 ao&ucirc;t 2020. De son c&ocirc;t&eacute;, la RPC a d&eacute;velopp&eacute; deux vaccins&nbsp;: le Coronavac de Sinovac et le BBIBP-CorV de Sinopharm qui sont d&eacute;ploy&eacute;s depuis plusieurs mois en Chine et test&eacute;s &agrave; travers le monde au Br&eacute;sil, en Turquie, en Indon&eacute;sie, etc. La rapidit&eacute; du d&eacute;veloppement et des tests cliniques a jou&eacute; en faveur de ces vaccins face aux vaccins des soci&eacute;t&eacute;s occidentales Pizer, Moderna, Sanofi, etc.</p>
<p>Nous sommes entr&eacute;s aujourd&rsquo;hui dans une troisi&egrave;me phase de la g&eacute;opolitique des vaccins&nbsp;: celle de la campagne de vaccination. Et les r&eacute;sultats des vaccins russe et chinois sont impressionnants&nbsp;: en raison de son faible co&ucirc;t, de ses conditions de stockage &agrave; des temp&eacute;rature atteignables et de la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une injection, le vaccin russe baptis&eacute; Spoutknik V a &eacute;t&eacute; command&eacute; partout dans le monde, par des alli&eacute;s traditionnels de la Russie comme les R&eacute;publiques d&rsquo;Asie centrale, le Belarus, l&rsquo;Iran et l&rsquo;Inde mais aussi par des Etats occidentaux comme Isra&euml;l, l&rsquo;Argentine ainsi que la Serbie et la Hongrie. Il n&rsquo;est pas jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;Allemagne et la France qui n&rsquo;envisage de commande ce vaccin une fois qu&rsquo;il sera homologu&eacute; par l&rsquo;agence europ&eacute;enne du m&eacute;dicament. Quant aux vaccins chinois, ils sont d&eacute;ploy&eacute;s partout dans le monde tout particuli&egrave;rement dans les r&eacute;gions o&ugrave; la Chine a fait porter ses efforts durant la d&eacute;cennie 2010&nbsp;: l&rsquo;Afrique (Egypte, Maroc) et l&rsquo;Asie du Sud.</p>
<p>Les quelques millions de doses attribu&eacute;es par le G7 pour immuniser les 6 millions de personnels soignants en Afrique font p&acirc;le figure &eacute;videmment. Mais la strat&eacute;gie de la Chine et de la Russie n&rsquo;est pas seulement m&eacute;dicale, elle est clairement m&eacute;diatique et risque de gonfler les chiffres.</p>
</div>
<div><strong>Florent Parmentier : </strong>la Russie a beaucoup mis&eacute; sur son vaccin Sputnik V, puisque Vladimir Poutine s'est engag&eacute; personnellement, et qu'il a mobilis&eacute; le fond souverain sur cette mission. Clairement, il a fait de cet objectif une priorit&eacute; nationale, a su mobiliser une &eacute;quipe et d&eacute;signer une institution scientifique pour porter le projet. Une le&ccedil;on d'effacit&eacute; au vu des moyens de la science russe, qui sort renforc&eacute;e.&nbsp;</div>
</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Ce mercredi, le Honduras est devenu le 34e pays &agrave; homologuer le vaccin. C'est clairement une strat&eacute;gie de viser les pays en d&eacute;veloppement, l'Egypte ayant r&eacute;cemment donn&eacute; son accord, apr&egrave;s avoir approuv&eacute; le vaccin britannique AstraZeneca et le vaccin chinois Sinopharm. Les march&eacute;s plus lucratifs sont plus r&eacute;ceptifs aux vaccins am&eacute;ricains, dont certains sont une efficacit&eacute; pourtant moindre (66% pour Johnson et Johnson).&nbsp;</div>
<h3>Que nous dit cette politique de diffusion sur le r&ocirc;le de la Chine et de la Russie dans le monde et notamment dans le tiers-monde, face &agrave; l'incapacit&eacute; apparente des pays occidentaux &agrave; d&eacute;passer dans le cadre de la vaccination Covid leurs priorit&eacute;s nationales ?</h3>
<div dir="ltr"><strong>Cyrille Bret :</strong> Elle nous dit que la pand&eacute;mie acc&eacute;l&egrave;re le mouvement de d&eacute;soccidentalisation du monde du moins dans les repr&eacute;sentations. Le &laquo;&nbsp;tiers monde&nbsp;&raquo; n&rsquo;existe plus depuis longtemps. Le bloc occidental est tr&egrave;s fissur&eacute;. Les organismes multilat&eacute;raux sont en piteux &eacute;tat.
<p>Les Etats d&rsquo;Afrique, d&rsquo;Asie et d&rsquo;Am&eacute;rique latine ne veulent plus du face-&agrave;-face avec l&rsquo;Occident et des alliances exclusives avec l&rsquo;Europe ou les Etats-Unis. Ils veulent diversifier leurs sources d&rsquo;approvisionnement m&eacute;dicales de m&ecirc;me qu&rsquo;ils veulent diversifier les fournisseurs en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;ducation universitaire, de mat&eacute;riels de d&eacute;fense, d&rsquo;investisseurs, de financeurs et m&ecirc;me d&rsquo;investissement. La RPC et la Russie non seulement aident certains pays de leurs vaccins mais d&eacute;nigrent &eacute;galement les Etats occidentaux et les institutions internationales, comme l&rsquo;OMS. Ils sont &agrave; l&rsquo;offensive et cette offensive a pu prendre de cours les Occidentaux en raison du retard d&rsquo;un an pris par les Etats-Unis dans leur engagement contre la pand&eacute;mie.</p>
</div>
<div dir="ltr"><strong>Florent Parmentier :&nbsp;</strong>Il y a trois &eacute;l&eacute;ments &agrave; prendre en compte dans cette approche : une approche id&eacute;ologique, o&ugrave; les deux pays veulent se pr&eacute;senter en leaders souverainistes diff&eacute;rents du monde d'apr&egrave;s-1945, avec des valeurs propres au d&eacute;triment des institutions de coop&eacute;ration internationale, avec des degr&eacute;s divers d'implication. Une dimension interne, visible, o&ugrave; les deux pays ont des r&eacute;sultats tr&egrave;s mitig&eacute;s ; la surmortalit&eacute; en Russie a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s nettement sous-estim&eacute;e par les autorit&eacute;s, avec une politique sanitaire et sociale inadapt&eacute;e. Le vrai bilan de la Chine reste &agrave; faire, en d&eacute;pit d'une action r&eacute;solue. Enfin, il faut prendre en compte les contingences g&eacute;opolitiques, qui est pour la Russie de montrer qu'elle n'est pas isol&eacute;e (et se permet m&ecirc;me de repousser les Europ&eacute;ens) et la Chine qu'elle n'est pas l'ennemi sournois que d&eacute;peignent les Am&eacute;ricains.&nbsp;</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Volont&eacute; r&eacute;solue d'affichage, peu de cas des demandes internes et contingences g&eacute;opolitiques propres : c'est la musique que jouent Russie et Chine.&nbsp;</div>
<h3>Est-il possible pour les pays occidentaux de r&eacute;pondre &agrave; cette victoire sino-russe, ou est-elle le signe d'un d&eacute;clin g&eacute;opolitique achev&eacute; de l'ancien bloc de l'Ouest ?</h3>
<div dir="ltr">
<div dir="ltr"><strong>Cyrille Bret :</strong> Dans la comp&eacute;tition g&eacute;opolitique actuelle, les puissances autoritaires ont l&rsquo;avantage de la vitesse. Leurs appareils &eacute;tatiques peuvent lancer rapidement des initiatives et les traduire en outil de prestige international. Plusieurs facteurs les aident&nbsp;: les divergences ou les doutes de l&rsquo;opinion publique sont peu exprim&eacute;es et donc entravent peu l&rsquo;ex&eacute;cution des d&eacute;cisions publiques&nbsp;; les &eacute;ventuelles difficult&eacute;s sont ais&eacute;ment pass&eacute;es sous silence&nbsp;; l&rsquo;allocation des ressources budg&eacute;taires et humaines aux projets prioritaires et prestigieux ne se heurtent pas aux contre-pouvoir. La Chine et la Russie sont rapides dans de nombreuses comp&eacute;titions parce qu&rsquo;elles n&rsquo;affrontent que peu de contre-pouvoirs internes.
<p>Il n&rsquo;en va pas de m&ecirc;me des d&eacute;mocraties et des soci&eacute;t&eacute;s ouvertes. Les retards de Sanofi ont &eacute;t&eacute; expos&eacute;s rapidement sur la place publique et c&rsquo;est heureux. Les difficult&eacute;s de la Commission europ&eacute;enne a faire ex&eacute;cuter le contrat pass&eacute; avec Astra Zeneca ont &eacute;t&eacute; &ndash; fort heureusement &ndash; expos&eacute;es au public par la pr&eacute;sident de la Commission. Autrement dit, l&rsquo;ouverture des soci&eacute;t&eacute;s et la libert&eacute; des m&eacute;dias r&eacute;duisent le rythme d&rsquo;ex&eacute;cution des d&eacute;cisions publiques.</p>
<p>Est-ce une forme de &laquo; mal&eacute;diction d&eacute;mocratique &raquo; qui contraindrait les d&eacute;mocraties &agrave; avoir un train de retard sur les r&eacute;gimes autoritaires ? Je ne le crois pas. Car si la vitesse d&rsquo;ex&eacute;cution est le fait des r&eacute;gimes autoritaires, la r&eacute;silience collective durable est du c&ocirc;t&eacute; des soci&eacute;t&eacute;s d&eacute;mocratiques. En effet, le consensus social n&rsquo;est pas donn&eacute; ou cr&eacute;&eacute; au d&eacute;but mais il est obtenu &agrave; la fin du processus apr&egrave;s des informations, des d&eacute;bats, des controverses. Mais une fois qu&rsquo;il est fix&eacute;, comme par exemple apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle am&eacute;ricaine, il est moins fragile car soutenu par la soci&eacute;t&eacute; civile.</p>
<p>La Chine et la Russie n&rsquo;ont pas encore gagn&eacute; la comp&eacute;tition sanitaire internationale qu&rsquo;ils ont nourrie depuis 2020.</p>
</div>
<div dir="ltr"><strong>Florent Parmentier : </strong>On pourrait retrouver ici l'approche russe mettant l'accent sur le "monde post-occidental" en train de se destiner. Cela ne signifie pas pour autant que le monde sera sino-russe : des manifestations de masse, en Russie ou &agrave; Hong Kong, d&eacute;fraient r&eacute;guli&egrave;rement l'actualit&eacute;. Les demandes internes se feront entendre, et le m&eacute;contentement social obligera le pouvoir &agrave; faire des concessions &agrave; l'int&eacute;rieur et &agrave; demander des comptes. C'est la fameuse id&eacute;e de l'affrontement "entre le frigo et la t&eacute;l&eacute;", entre bien-&ecirc;tre domestique et grandeur collective.&nbsp;</div>
</div>
<div>&nbsp;</div>
<div>Le rebond est possible, notamment en montrant son efficacit&eacute; &agrave; la maison : les d&eacute;mocraties se caract&eacute;risent par la libre-circulation de l'information. A long terme, ce sens des r&eacute;alit&eacute;s est un gage de survie, quand le doute sur les r&eacute;gimes autoritaires apparaissent.&nbsp;Et rappelons &eacute;galement que de nombreux vaccins peuvent appara&icirc;tre dans les prochains mois et redistribuer les cartes. Les jeux ne sont pas faits !</div>

Géopolitique de la diffusion des vaccins : Chine & Russie 1/ Occident 0 florent parmentier cyrille bret

<p>Que l&rsquo;on aime ou non l&rsquo;agriculture, certaines images de son salon appartiennent &agrave; notre histoire collective. Politiquement, Jacques Chirac y a b&acirc;ti sa popularit&eacute;&nbsp;; Nicolas Sarkozy a, d&egrave;s le d&eacute;but de son mandat pr&eacute;sidentiel, ouvert le champ au ph&eacute;nom&egrave;ne &laquo;&nbsp;anti Sarko&nbsp;&raquo; (qui favorisera plus tard l&rsquo;av&egrave;nement de Fran&ccedil;ois Hollande) avec son fameux &laquo;&nbsp;casse toi pauvre con&nbsp;&raquo; adress&eacute; &agrave; un quidam refusant de lui serrer la main&hellip; Id&eacute;ologiquement, le foss&eacute; entre agriculteurs et &eacute;cologistes s&rsquo;est largement creus&eacute; le jour de la visite de Dominique Voynet alors ministre de l&rsquo;Environnement, ayant propos&eacute; peu de temps avant de taxer l&rsquo;usage des pesticides&nbsp;: elle fut litt&eacute;ralement insult&eacute;e ce jour-l&agrave;, ce qui eut surtout pour effet d&rsquo;accumuler les rancoeurs de part et d&rsquo;autre&hellip;</p>
<p>Mais derri&egrave;re ces images choc, il y a aussi une ambiance, celle des &eacute;leveurs qui s&rsquo;appliquent tant &agrave; participer dignement aux concours pour les uns, que simplement &agrave; honorer leur r&ocirc;le de vitrine en ch&eacute;rissant leurs plus dignes repr&eacute;sentants pour les autres&nbsp;; celle des exposants, en grande majorit&eacute; des habitu&eacute;s, qui ont pr&eacute;par&eacute; cette semaine particuli&egrave;re plusieurs mois en amont&nbsp;; celle d&rsquo;un public qui ne se refuse pas le plaisir de grignotages aux multiples terroirs et d&rsquo;&eacute;changes avec les uns ou les autres.</p>
<p>Ce qui est moins visible mais tout aussi r&eacute;el, c&rsquo;est le business qui s&rsquo;op&egrave;re en marge du salon. Des cocktails dans certains stands privatifs donnent ainsi l&rsquo;opportunit&eacute; de rencontres facilit&eacute;es par rapport &agrave; l&rsquo;ordinaire, qui peuvent d&eacute;boucher sur des accords ult&eacute;rieurs. Les pr&eacute;sidents de grandes coop&eacute;ratives deviennent accessibles sans demande de rendez-vous pr&eacute;alable aupr&egrave;s d&rsquo;une secr&eacute;taire, pour ne citer qu&rsquo;un exemple. Les diff&eacute;rents lobbys para-agricoles trouvent &eacute;galement l&rsquo;occasion d&rsquo;apart&eacute;s privil&eacute;gi&eacute;s directement avec leur cible.</p>
<h3><strong>Une catastrophe pour l&rsquo;&eacute;conomie agricole</strong></h3>
<p>Le fait qu&rsquo;il n&rsquo;y ait plus de salons agricoles depuis un an (apr&egrave;s la derni&egrave;re journ&eacute;e du Salon de l&rsquo;agriculture en 2020, le Space de Rennes, le Sommet de l&rsquo;&eacute;levage de Clermont-Ferrand, le Sima de Villepinte ont &eacute;t&eacute; annul&eacute;s ou repouss&eacute;s, pour ne citer que les plus c&eacute;l&egrave;bres) a litt&eacute;ralement rompu la partie &laquo;&nbsp;business&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;op&egrave;re autour des activit&eacute;s agricoles. Un exemple concret&nbsp;: la presse agricole vit, comme tous les m&eacute;dias, de ses ventes et des publicit&eacute;s. Or ces derni&egrave;res, traditionnellement, se n&eacute;gocient lors des salons. Les annonceurs de la presse agricole ont d&rsquo;ailleurs consid&eacute;rablement baiss&eacute; leurs budgets publicitaires depuis un an, d&rsquo;o&ugrave; une v&eacute;ritable crise dans ce secteur. Ce probl&egrave;me est &agrave; multiplier par le nombre invraisemblable de secteurs annexes qui vivent, en d&eacute;finitive, de l&rsquo;activit&eacute; agricole. &Eacute;conomiquement, l&rsquo;absence de Salon de l&rsquo;agriculture (et des autres qui suivent) est une catastrophe&hellip;</p>
<p>Autre aspect, plus soci&eacute;tal. L&rsquo;&eacute;mergence de l&rsquo;agribashing, de critiques r&eacute;p&eacute;t&eacute;es vis-&agrave;-vis des pratiques agricoles et de leurs praticiens, largement diffus&eacute; au niveau des m&eacute;dias, n&rsquo;est plus contrebalanc&eacute; par des interviews d&rsquo;agriculteurs d&eacute;nich&eacute;s facilement par ces m&ecirc;mes m&eacute;dias pendant le Salon. Ce dernier, vitrine de la profession, a toujours offert une vision au grand public. Une autre fa&ccedil;on d&rsquo;appr&eacute;hender le monde paysan qu&rsquo;avec les a priori urbains. Certes, il y a bien, marronniers exigent, quelques reportages ici et l&agrave; dans des exploitations agricoles en ce moment. Mais certes pas le tapage m&eacute;diatique habituel.</p>
<p>Pour les femmes et hommes politiques aussi, l&rsquo;absence de Salon va se faire sentir. Passage d&eacute;licat pour certains, oblig&eacute; pour d&rsquo;autres, et v&eacute;ritables tremplins pour quelques-uns particuli&egrave;rement &agrave; l&rsquo;aise, il fait partie des exercices indispensables pour pr&eacute;parer les campagnes &eacute;lectorales. &laquo;&nbsp;<em>Tu viens ici pour serrer 500 pognes et &eacute;changer deux phrases avec tout le monde, sinon ce n&rsquo;est pas la peine</em>&nbsp;&raquo;, m&rsquo;avait dit un jour l&rsquo;un de ces visiteurs dans un apart&eacute; priv&eacute;. Aucune voix pour les R&eacute;gionales ou D&eacute;partementales de juin 2021, aucun tremplin pour la Pr&eacute;sidentielle de l&rsquo;ann&eacute;e 2022 n&rsquo;est &agrave; esp&eacute;rer cette fois. Mais qui sait si derri&egrave;re les chants basques fumeux de Jean Lassalle il n&rsquo;y a pas le commencement de sa qu&ecirc;te aux 500 signatures&nbsp;? Si les sifflets ou les applaudissements qui poursuivent ou accompagnent les uns ou les autres ne sont finalement pas plus cr&eacute;dibles que bien des sondages&nbsp;?</p>
<h3><strong>Quelle compensation pour le monde agricole&nbsp;?</strong></h3>
<p>Nombreux sont les exposants habituels qui refusent de rester inactifs. En particulier, ceux que l&rsquo;on appelle les OPA, les organisations professionnelles agricoles&nbsp;: banques, coop&eacute;ratives, centres de gestion, organismes divers, syndicats, mutuelles, etc. A ce niveau, l&rsquo;&eacute;nergie d&eacute;pens&eacute;e d&rsquo;ordinaire &agrave; la pr&eacute;paration de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement est d&eacute;sormais d&eacute;di&eacute;e &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;autres &eacute;v&eacute;nements, cens&eacute;s attirer le chaland&hellip; Mais les multiples relances pour obtenir un nombre d&eacute;cent de participants aux webinaires et autres rassemblements en ligne finissent par terminer dans les boites spam des messageries vis&eacute;es. Ce n&rsquo;est d&eacute;cid&eacute;ment pas la m&ecirc;me chose&nbsp;: les inscriptions pr&eacute;alables r&eacute;clam&eacute;es tuent toute la spontan&eacute;it&eacute; de la rencontre fortuite qui fait, aussi, le charme des Salons.</p>
<p>Cette &laquo;&nbsp;solution compensatrice&nbsp;&raquo; rel&egrave;ve en fait de l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re. Du sentiment qu&rsquo;il faut faire le dos rond avant &laquo;&nbsp;le retour &agrave; la normale&nbsp;&raquo;. Seulement, de la m&ecirc;me fa&ccedil;on que finalement personne ne sait si l&rsquo;ensemble de notre soci&eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;reviendra &agrave; la normale&nbsp;&raquo; exactement de la m&ecirc;me fa&ccedil;on qu&rsquo;avant la crise sanitaire, les salons agricoles vont probablement devoir repenser leurs concepts.</p>
<h3><strong>Et demain&nbsp;?</strong></h3>
<p>C&rsquo;est d&eacute;j&agrave; le cas du Sima, salon international du machinisme agricole, qui se tient &agrave; Villepinte tous les deux ans. Cette organisation monumentale, tant par la taille des stands (imaginez celui d&rsquo;un fabricant de moissonneuses-batteuses avec une quinzaine de mod&egrave;les&hellip;), que par l&rsquo;obligation &laquo;&nbsp;business&nbsp;&raquo; de chaque exposant (la participation est co&ucirc;teuse, le prix sur place, faire venir les machines, engager du personnel sp&eacute;cifique&hellip;). Or l&rsquo;organisation du Sima, qui avait d&eacute;cid&eacute; de d&eacute;placer l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement de f&eacute;vrier &agrave; novembre juste avant le d&eacute;but de la crise sanitaire, a d&rsquo;abord repouss&eacute; de 6 mois, puis annuler un salon&hellip; Tant et si bien qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui c&rsquo;est la grande confusion, plus personne ne sait &agrave; coup s&ucirc;r si le prochain Sima est programm&eacute; pour f&eacute;vrier ou novembre, et en quelle ann&eacute;e&hellip; Comme l&rsquo;autre grand salon europ&eacute;en du machinisme agricole, Agritechnica en Allemagne, est lui aussi repouss&eacute;, les constructeurs sont en train de changer leurs habitudes pour exposer et vendre leurs nouveaux mod&egrave;les. C&rsquo;est ainsi que l&rsquo;on voit fleurir de plus en plus de d&eacute;monstrations sur le terrain organis&eacute;es par les marques elles-m&ecirc;mes chez un agriculteur, o&ugrave; tout leur fichier clients est invit&eacute;&hellip; Si jamais cette nouvelle mani&egrave;re de vendre devait se r&eacute;v&eacute;ler concluante, on imagine combien il deviendra difficile pour le Sima d&rsquo;exister &agrave; nouveau, plus tard&hellip;</p>
<p>De fait, on peut se poser la question pour le Salon de l&rsquo;agriculture. D&eacute;j&agrave;, en interne &agrave; la profession agricole, certains ne se sentent pas repr&eacute;sent&eacute;s par cette vitrine tr&egrave;s affriolante, qui occulte trop &agrave; leur go&ucirc;t les v&eacute;ritables probl&egrave;mes, notamment ceux qui du mal-&ecirc;tre paysan qui peut pousser jusqu&rsquo;au suicide. Ensuite, le mod&egrave;le du Salon, traditionnel, quasi ancestral, peut-il red&eacute;marrer tel quel, sans le moindre ajustement, apr&egrave;s une ann&eacute;e (au moins, que sait-on de l&rsquo;avenir&nbsp;?) d&rsquo;absence&nbsp;? La premi&egrave;re partie de la r&eacute;ponse tient dans l&rsquo;&eacute;volution de la crise sanitaire, de la possibilit&eacute;, ou non, de pouvoir &agrave; nouveau proposer des manifestations de foule. Mais jusqu&rsquo;o&ugrave; faut-il attendre&nbsp;? Sans doute serait-il temps d&rsquo;ouvrir une r&eacute;flexion sp&eacute;cifique aux salons agricoles, dans l&rsquo;hypoth&egrave;se o&ugrave; la situation actuelle (que l&rsquo;on estime aujourd&rsquo;hui transitoire) venait &agrave; se p&eacute;renniser&hellip;</p>

L'analyse d'un économiste

France : moins de chômage, plus de chômeurs !

Jean-Paul Betbeze

À Lire Aussi

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques