FN-PCF des années 1970, même combat ? Oui... à ce détail près qu’oublient aussi bien François Hollande que le numéro 1 communiste<!-- --> | Atlantico.fr
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Pierre Laurent a demandé au président de la République des excuses publiques.
Pierre Laurent a demandé au président de la République des excuses publiques.
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Trou de mémoire

Alors qu'il était invité à une émission sur Canal+, François Hollande a fait un parallèle entre le Front national d'aujourd'hui et le Parti communiste des années 70. Une comparaison qui omet les fondements des discours marxiste et frontiste.

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque

Sylvain Boulouque est historien, spécialiste du communisme, de l'anarchisme, du syndicalisme et de l'extrême gauche. Il est l'auteur de Mensonges en gilet jaune : Quand les réseaux sociaux et les bobards d'État font l'histoire (Serge Safran éditeur) ou bien encore de La gauche radicale : liens, lieux et luttes (2012-2017), à la Fondapol (Fondation pour l'innovation politique). 

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Atlantico : En quoi les deux discours sont-ils fondamentalement différents ? 

Sylvain Boulouque : Le discours du PCF sur l’immigration n’a pas changé. Il demandait l’égalité de traitement entre les travailleurs français et étrangers et le contrôle des salaires pour éviter la surexploitation des étrangers. Ensuite, le PCF a à partir des années 1980 a demandé le contrôle des frontières et un arrêt de l’immigration pour ne pas voir le coût de la main d’œuvre baisser.  Il y a donc d'un côté une vision économique de l'immigration, avec un aspect qui concerne la compétition entre les ouvriers, et le Front national qui apporte une vision beaucoup plus politique.

Quels sont néanmoins les points de convergence, auxquels François Hollande n'aurait pas pensé par exemple ?

Il existe des points de divergences et des points de convergences entre ces deux discours. Sur le protectionnisme, l’Europe ou le "produisons français" les discours sont proches sinon comparables. De plus l’identification au peuple et aux classes défavorisées existe dans les deux cas surtout dans le nord de la France où le discours frontiste reprend une grande partie de l’imaginaire communiste.

Autre point de convergence souvent insoupçonné : le rapport à l’URSS et à la Russie. Aujourd’hui le FN fait comme le PCF hier avec l’URSS, elle lui apporte un soutien inconditionnel, faut-il voir dans le soutien financier une perte d’esprit critique ainsi que la fascination pour des pouvoirs forts. En cela, Hollande s’inscrit dans la tradition de l’anticommunisme socialiste.

Autant le PCF avait un électorat homogène issu en grande partie du monde du travail, des classes moyennes et d’une partie du monde agricole centrés sur les bassins ouvriers ou sur des zones rurales spécifiques, autant l’électorat du FN est divers. En effet, il existe des électorats du FN. Dans le Sud vous avez un électorat plutôt retraité composé surtout d’artisans et de commerçants avec une forte en plus composante originaire de l’Algérie coloniale, pour beaucoup la première voire la deuxième génération de ”pied noirs”, restés nostalgiques de l’Algérie française. Alors qu’au Nord, les électeurs sont plutôt issus des milieux populaires, souvent issus de familles votant historiquement pour la gauche dont les grands parents et les parents se sont réfugiés le plus souvent dans l’abstention alors que les enfants votent pour le FN. Ce qui explique que dans le Nord, les discours frontistes fassent appel à l’imaginaire communiste.

Le PCF comme le FN sont des organisations politiques qui cherchent à organiser les forces sociales. Le PCF a toujours depuis sa fondation un discours politique. Ce serait oublié un peu vite que ce sont deux organisations nées de percepts totalitaires et que l’un comme l’autre articulent et alimentent un discours politique sur des construction sociale.  

D'ailleurs, le Front national a-t-il exclu le raisonnement socio-économiques de son discours, que ce soit sur le plan national ou local ? A-t-il jamais intégré cette dimension ? 

Le FN peut avoir un discours fourre tout qui est passé d’un ultra libéralisme économique à un discours souverainiste, et des positions qui varient d’une région à l’autre (très étatiste au nord et très libérale au sud). Il donne cette impression en même temps son discours est construit et répond d’abord à une préoccupation principale la conquête du pouvoir. Ce qui reste le fond commun du discours frontiste est le rejet des immigrés, ce qui n’était pas le discours principal du PCF.

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