Faut-il s'inquiéter de la perte d'attractivité du tourisme français ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le tourisme ne semble plus être une priorité pour le gouvernement. Pourtant, ce secteur reste l'un des piliers de notre économie...
Le tourisme ne semble plus être une priorité pour le gouvernement. Pourtant, ce secteur reste l'un des piliers de notre économie...
©Reuters

Le plus beau pays du monde

Le Salon Mondial du Tourisme ouvre ses portes à Paris du 21 au 24 mars 2013. D'après un rapport publié jeudi 7 mars par le Forum économique mondial, la France est passée de la 3e à la 7e place en termes d'attractivité touristique par rapport à 2011.

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner

Jean-Michel Hoerner, professeur de géopolitique émérite et président honoraire de l'Université de Perpignan, enseignant-chercheur à l'IDRAC-IEFT, auteur avec Catherine Sicart de Tourisme, une affaire de classe (Balzac Editeur, 2015)

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Atlantico : D'après un rapport publié jeudi 7 mars par le Forum économique mondial, la France est passée de la 3e à la 7e place en termes d'attractivité touristique par rapport à 2011, date du dernier bilan. Comment expliquer cette perte d'attractivité du tourisme français ? Est-ce vraiment inquiétant ?

Jean-Michel Hoerner : Il ne faut pas être trop catastrophé du déclassement de l’attractivité française mentionné par le dernier Forum économique mondial. Les résultats sont discutables et, depuis que le tourisme est devenu une activité économique majeure (je pense à la déclaration du FMI qui stipule que la mondialisation signifie l’accroissement considérable des échanges financiers et de personnes – donc des touristes), beaucoup d’États font des efforts supplémentaires : c’est même le cas des Etats-Unis ! Donc la France perd des places, mais cela reste relatif.

Au demeurant, avec plus de 80 millions d’entrées touristiques mondiales (1ère destination) et toujours la troisième place au niveau des recettes, la France fait toujours partie des premiers pays touristiques. Maintenant, avec la croissance considérable du secteur – six fois plus de touristes internationaux aujourd’hui que dans les années soixante-dix, il est logique que d’autres destinations apparaissent. On citera les BRICS, la Chine, la Turquie, la Thaïlande, les ex-pays de l’Europe de l’Est, etc.

Le tourisme ne semble plus être une priorité pour le gouvernement. Pourtant, ce secteur reste l'un des piliers de notre économie... Sommes-nous en train de laisser filer notre statut de grand pays du tourisme par excès de confiance ?

Le tourisme n’a jamais vraiment  été pris au sérieux et, si je vois juste, vous constaterez que son ministère rassemble toujours un panel d’activités à Bercy. Dans mon travail et ma recherche, tant à l’université qu’au sein de grandes écoles privées, j’ai du mal à faire passer le message suivant : nous sommes entrés dans une nouvelle civilisation que j’identifie au mondialisme, c’est-à-dire la mondialisation du capitalisme (en tant que système) où, comme je le soulignais ci-dessus, le tourisme est l’un de ses éléments structurants.

Après avoir été taxés d'arrogants et d'antipathiques, les Français seraient sales, la mendicité galopante et la pollution étouffante. Avons-nous perdu toute forme d'hospitalité ?

J’en fais peut-être trop mais avec mes étudiants de Master, j’essaye de démontrer que le tourisme international (plus de 1 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2012 selon l’Organisation mondiale du tourisme) est en train de changer les rapports entre les sociétés. Je pense donc que nos politiques en général, ainsi que nos penseurs et nos journalistes, ne mesurent pas cette extraordinaire mutation.

Oui, bien sûr, la France a une attitude très suffisante mais elle n’est pas la seule. Et je vais sans doute vous décevoir : non seulement, il très exagéré de lui attribuer tous les défauts de la terre (même une mauvaise hospitalité), alors que la clientèle internationale assez aisée ne serait pas vraiment concernée. J’ai passé dix-huit ans à Madagascar et je sais qu’on peut faire abstraction de la grande pauvreté qui y règne ; je ne crois pas non plus que l’incivilité des Chinois empêche les dizaines de millions de touristes étrangers d’y séjourner...

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