Faut-il quitter Marseille ? Les risques avérés de guérilla urbaine et "d’ennemi intérieur"<!-- --> | Atlantico.fr
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Une des banlieues "chaudes" de Marseillle.
Une des banlieues "chaudes" de Marseillle.
©Reuters

Bonnes feuilles

Les Marseillais sont angoissés car depuis quarante ou cinquante ans, ils hurlent dans le désert et ils ont désormais le sentiment que leur ville est en train de partir en « biberine » comme on dit sur le Vieux Port. Insécurité, immigration, chômage, pauvreté, saleté, trafics : les politiques promettent de se saisir de ces problèmes récurrents pour mieux éviter de les résoudre. Extrait de "Faut-il quitter Marseille ?", de José d'Arrigo, publié aux Editions de l'Artilleur (2/2).

José  d'Arrigo

José d'Arrigo

José d'Arrigo a travaillé longtemps au Méridional et comme correspondant du Figaro et du Dauphiné libéré. Il enseigne aujourd'hui le journalisme et a écrit plusieurs ouvrages dont  Marseille Mafias (Toucan, 2013) et la seule biographie de Gaétan Zampa, l'ancien parrain de la pègre marseillaise (La Manufacture).

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Certains responsables policiers ont heureusement pris une longueur d’avance sur les « babaous » qui s’extasient devant les « djeunz » qui « veulent foutre le bazar » contre les « keufs », les « bolos » (bourgeois lobotomisés), les « joibours », les « babtous » (Blancs) et les « ching-chong » (Asiatiques). Philippe Klayman, directeur des compagnies républicaines de sécurité, est de ceux-là. Il a mené à la tête des CRS une réflexion tactique d’adaptations nécessaires sur le plan logistique et fonctionnel pour permettre aux CRS pris à partie par armes à feu de se défendre efficacement : « Les éventuelles émeutes de banlieue, à Marseille en particulier, doivent pouvoir se régler en conjuguant les forces de police et de gendarmerie, dit-il, les compagnies sont équipées dans l’objectif de renforcer leur capacité opérationnelle et leur protection individuelle. »

Philippe Klayman ne se contente pas d’aguerrir les quatre compagnies (sur soixante en France) qui sont déployées sur les cités rebelles et réfractaires de Marseille. Il a également prévu une couverture sanitaire pour le ramassage des blessés en cas d’affrontements violents avec les « encapuchés ». Quant aux centres de formation des CRS, ils sont destinés aujourd’hui à les faire passer du simple maintien de l’ordre à la sécurisation générale d’un territoire. « Nous avons modifié nos modes d’intervention dans les cités et les résultats que nous avons obtenus à Marseille sont satisfaisants, dit-il. Je peux vous affirmer que les CRS sont bien préparés, bien formés et bien équipés et que nous sommes prêts à toutes les éventualités, y compris contre des égorgeurs, des pilleurs et des violeurs qui s’aviseraient de mettre à sac le territoire. »;

« On ne peut pas attendre tranquillement qu’une insurrection ou une émeute survienne à Marseille, il m’a fallu deux millions d’euros en trois ans pour préparer la maison CRS à ces risques majeurs. On a éprouvé et testé des dispositifs de défense et initié un rapprochement avec le service de santé des armées pour la récupération des blessés au combat. Nous avons instauré des dossiers d’objectifs sur Marseille pour nos quatre compagnies en liaison avec les policiers de la sécurité publique. Nous n’avons pas pris, hélas, les précautions nécessaires en temps utile et nous pourrions un jour le regretter. »

Les gendarmes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont, eux aussi, anticipé depuis une dizaine d’années les risques avérés de guérilla urbaine et « d’ennemi intérieur » sur Marseille. À Saint-Astier, près de Périgueux, en Dordogne, les gendarmes reproduisent les scénarios les plus réalistes d’affrontements urbains nocturnes face à des manifestants belliqueux. Là aussi, les officiers apprennent à leurs gendarmes à réagir de façon adaptée en cas de simples provocations (injures, crachats, drapeaux français incendiés, jets de pierres) ou de rafales de kalachnikovs dirigées contre les forces de l’ordre. Les gendarmes doivent apprendre à se maîtriser face aux dangers multiples qui peuvent se présenter et à ne pas avoir une réaction disproportionnée, même si en secret ils ont la peur au ventre, car ce sont des hommes comme les autres.

Extrait de "Faut-il quitter Marseille ?", de José d'Arrigo, publié aux Editions de l'Artilleur, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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