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Fatale spirale : de la “culture de l’excuse” aux fusillades de Marseille (et d’ailleurs)
©GERARD JULIEN / AFP

Déresponsabilisation

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Pendant quatre décennies en effet, la France a vécu sous l'intense bombardement doctrinal d'une armée de la "culture de l'excuse", dont le notoire général fut Pierre Bourdieu. Lui et toute la cohorte de la "sociologie d'État", ses disciples "critiques", voire "en immersion". Un système scolastique où [rappel] le réel s'appréhende au travers de l'autorité indiscutable - ici, le Bour-Dieu (pardon du calembour). 

Un cran au dessous "ceux qui monopolisent le faire et le dire" (dixit Michel Maffesoli), élites absolutoires assemblant des journalistes en proie au "syndrome de la juste cause", une cohorte d'intellos-fascinés... quelques curés allumés... Des labos sciences-humaines du CNRS... La Maison des Sciences de l'Homme... La crème des éditeurs des beaux quartiers... L'exquisement nommée "Mission de prévention des conduites à risque" du Conseil général de la Seine Saint-Denis... L'indispensable "Bulletin d'information de la politique de la ville"... Libé et Le Monde comme agents d'ambiance... Voilà pour les gros bataillons.

Le héros de la fête ? Le "Jeune-de-cité", ici un peu pris pour le Bon Sauvage de service - mais qu'importe, si mes intentions sont pures ? Postulat unique de l'Armée du Bien : La misère sociale et elle seule, explique et absout tout. 

Échantillon du catéchisme, en jargon dans le texte :

LES JEUNES - La misère qu'ils éprouvent, leur "diabolisation", justifie leur "engagement dans des pratiques sociales déviantes",

LES QUARTIERS POPULAIRES où on les "relègue" sont "paupérisés, stigmatisés, racialisés",

DES BANDITS ? - Non, des "victimes du système social" ; refusant le travail "pour garder la tête haute" et par "exigence de dignité". N'ont-ils que le fric, et toujours plus, en tête ? Cela tient à "une montée en puissance des sollicitations de la sphère marchande". Leur violence ? "Une dynamique transgressive et conflictuelle",

LES GANGS ? Cette "réponse à un risque de mort sociale" donne "un pouvoir à ceux qui ont l'impression de n'en avoir aucun". Leurs trafics, les vols, le proxénétisme ? Des "alternatives au salariat". Leurs règlements de comptes et braquages ? Une "méritocratie de la rue qui apporte rétributions narcissiques, estime de soi, prestige et pouvoir",

LES ÉMEUTES ? "Actions politiques non-conventionnelles" ou "révoltes proto-politiques", leur "nature interpellative" est une "insurrection de jeunes qui n'en peuvent plus du harcèlement policier". Quant aux émeutiers, ils sont "porteurs d'une critique de l'ordre des choses".

L'ÉTAT ? En proie à la "frénésie sécuritaire", quand l'insécurité n'est qu'une "construction factice", il a pour unique but de "criminaliser les classes populaires". Pratiquant la "gestion punitive de la pauvreté", il "prépare la guerre urbaine", en vue "d'écraser les populations des banlieues" (rien que ça).

Quarante ans de bombardement sans antidote de ces insanités, émanant d'universités livrées au gauchisme sur un plateau par les gouvernements "de droite" de la Ve République... Des politiciens timides, vautrés devant les médias... Une haute administration pétrifiée par la "morale de l'intention" ... Des jeunes-des-cités enivrés de victimation ...

Agitez et servez chaud : bienvenue à La Paternelle (et alentours). 

Sur ces élites fascinées par des marges, concluons par le prémonitoire diagnostic de Paul Morand (Tome III, Correspondance avec Jacques Chardonne) "Cette recherche du truand, ce goût du voyou, sonnent le glas, beaucoup plus que tous les chants de l'Internationale. À la fin du XIXe siècle, sous l'impératrice Cixi à Pékin, on trouvait les mêmes goûts crapules, les jeunes princes du sang se donnaient des bals où ils se déguisaient en voyous. Mane Thecel Phares".

• J'ai jadis travaillé dix ans avec Boris Souvarine, proche de Lénine, ex-secrétaire de l'Internationale communiste (Komintern), puis opposant à Staline. Cet homme exigeant et strict m'a beaucoup appris et donné à lire sur le marxisme, socialiste ou léniniste. Les jérémiades ci-dessus, qui n'ont rien de marxiste, sont un pur avatar de ce gauchisme, carbonisé par Lénine comme "maladie infantile du communisme".

• Citations : nous dénonçons des élucubrations, pas des individus. Mais bien sûr, nous possédons toutes les références et sources détaillées de ce qui précède.

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